André Gide, Les Nourritures terrestres suivi de Les Nouvelles Nourritures (éd. de Pierre Masson, GF-Flammarion)
Dans Les Nourritures terrestres (1897), le jeune Gide remplace la mystique religieuse par une ferveur de l’expérience sensorielle des choses. Loin des métaphores du symbolisme et de la platitude du réalisme, il donne une forme inédite à son ouvrage, entre prose et poésie, à la croisée du traité etdu récit. Contre le puritanisme chrétien et le repli nationaliste, Gide lance à toutes les formes de la vie un cri d’amour individualiste, exaltant une attente sensuelle du bonheur.
Si ce premier texte condense cinq années d’expériences nomades, Les Nouvelles Nourritures (1935) retrace, après vingt ans d’évolution intellectuelle, l’aboutissement d’une réflexion altruiste. C’est un nouvel évangile que Gide propose au monde de l’après-guerre, où l’enthousiasme lyrique cohabite avec un engagement rationaliste et social, centré sur cette difficile question : comment faire pour que la joie conquise jadis en solitaire puisse un jour être partagée par tous ?