Édition de : Philippe Artières
« Lors de notre départ j’avais douze ans à peine ; mais, par suite de l’éducation sérieuse que j’avais reçue et après bien des malheurs de famille dont j’avais ressenti le contrecoup, j’étais plus formée et plus intelligente qu’on ne l’est ordinairement à cet âge. Nous fîmes nos préparatifs de voyage, et, peu de temps après, nous nous balancions sur le pont du joli navire la Maria Fidela, qui déployait ses voiles pour la première fois depuis sa construction, pour commencer un des plus longs et des plus pénibles voyages. C’était vers la fin de 1869. Oh ! combien ce jour est présent à ma mémoire ! »
Ce texte inédit est le récit anonyme d'une jeune aristocrate espagnole, née en 1858, qui quitte Cadix pour Saïgon où son père est nommé Consul. Et voilà la petite fille devenir femme, découvrir la Cochinchine, s'émerveiller devant cet autre monde, ses coutumes et ses paysages. Mais soudain son ciel s'assombrit, les colonisés se révoltent, elle perd un enfant, puis son époux, un officier français. Le navire qui ramène Florinda en Europe fait naufrage et voilà notre héroïne confrontée aux plus grands périls.
Ce récit autobiographique nous plonge dans l'Indochine française et ses multiples paradoxes ; d'abord semblable à un naïf guide de voyage, il devient l'écriture d'un destin de femme du XIXe siècle.