Compte rendu publié dans Acta Fabula (octobre 2022, vol. 23, n° 8) : "L’accueil en questions" par Carole Wahnoun.
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Séminaire établi par Pascale-Anne Brault et Peggy Kamuf
Qu’appelle-t-on un étranger ? Comment l’accueille-t-on ? Comment le refoule-t-on ? Quelle différence entre un autre et un étranger ? Qu’est-ce qu'une invitation, une visite, une visitation ? Comment la notion de l’étranger s’inscrit-elle dans la langue ? Quelle est son histoire européenne, et d’abord grecque ou latine ? Comment se distribue-t-elle dans les espaces de la parenté, de l’ethnie, de la Cité, de l’État, de la nation ? Comment analyser aujourd’hui, notamment en France et en Europe, la pertinence et les enjeux de l’opposition ami/ennemi ? Compte tenu de mutations technologiques (par exemple dans la structure et la vitesse de la communication), qu’en est-il des frontières, de la citoyenneté, des droits dits du sol ou du sang, des populations déplacées ou déportées, de l’immigration, de l’exil ou de l’asile, de l’intégration ou de l’assimilation (républicaine ou démocratique), de la xénophobie ou du racisme ?
Ces questions sont travaillées par Jacques Derrida à travers des lectures croisées de grands textes classiques (de la Bible, de Sophocle ou de Platon – et surtout du fameux article de Kant sur le droit cosmopolitique à l’hospitalité universelle dans Vers la paix perpétuelle) et modernes (de Heidegger, de Benveniste sur l’ipséité ou sur le rapport hospes/hostis, d’Arendt sur le déclin de l’État-nation, de Roberte ce soir de Klossowski), mais aussi à propos de débats en cours au sujet de l’immigration ou du droit d’asile en France et en Europe. La réflexion préliminaire de Derrida dans cette première année de son séminaire « Hospitalité » est structurée par la distinction rigoureuse, quoique sans opposition, entre deux logiques hétérogènes qui risquent toujours de se pervertir l’une l’autre : celle d’une hospitalité stricte et conventionnelle (toujours finie, conditionnelle et subordonnée à la maîtrise du chez soi ou de l’ipséité) et l’idée d’une hospitalité inconditionnellement ouverte à l’arrivant.
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On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage…
Voir aussi sur en-attendant-nadeau.fr :
"La table des lois de l’hospitalité", par Richard Figuier (en ligne le 5 janvier 2022).
"Faut-il insister pour dire que la publication du séminaire sur l’hospitalité donné par Jacques Derrida de 1995 à 1997, et dont les éditions du Seuil nous livrent le premier volume, est une bénédiction, une de celles qui tombent à point nommé ? Nul ne peut dire si la performance derridienne, aujourd’hui accessible à tous et pas seulement aux auditeurs du milieu des années 1990, contribuera à désengluer la pensée de l’hospitalité des ornières dans lesquelles elle est enfermée depuis la fin de la colonisation et à purifier l’atmosphère politique de son application, ô combien délétère aujourd’hui. Mais une chose est sûre : ces pages constituent désormais une formidable exploration (au sens expéditionnaire du terme) des questions liées à la possibilité de l’invention d’une « politique » de l’hospitalité."