Colloques en ligne

Les "voix" de Michel Houellebecq

Actes du Colloque de Lausanne (3-4 mars 2016).

 

Le ton des romans de Houellebecq, qui oscille entre l’ironie, la provocation, la sincérité et le registre de l’essai, et que l’auteur invite d’ailleurs parfois à lire « au premier degré », entraîne des lectures divergentes, qui clivent le public. En outre, la posture de Houellebecq – qui reprend parfois à son compte certains propos tenus par ses personnages – contribue à brouiller les pistes, tout en rendant poreuses les frontières qui séparent le texte des opinions de l’auteur. La présence médiatique apparaît quant à elle intermittente, oscillant entre l’omniprésence et le retrait stratégique.

La voix de l’auteur se décline ainsi sur une vaste gamme médiatique, qui couvre, outre le roman, l’essai et la poésie, ses performances d’homme public, de réalisateur, de photographe, de curateur, de parolier, de chanteur ou d’acteur. Cette multitude de canaux, loin de réduire la complexité des voix de l’auteur, en diversifie au contraire les modulations, les hybridations et la diversité des registres.

Ces « voix », si difficiles à cerner, apparaissent en même temps idéalement contemporaines, car elles rejoignent une esthétique réengagée dans notre « litige avec le monde » (pour utiliser une expression de Julien Gracq) et elles font également écho à une critique littéraire qui redécouvre le statut discursif des énoncés fictionnels, leurs dimensions éthique, sociale, politique et leurs liens indissociables avec la posture publique de l’écrivain.

 

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Textes réunis par Raphaël Baroni et Samuel Estier