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Revisiter l'œuvre de M. de Certeau

Actes du colloque de Lausanne (14 mars 2014)

Arpentant les territoires de connaissance les plus divers, l'œuvre de Michel de Certeau s'est montrée rétive à toute interprétation totalisante. Prompt à entrecroiser les disciplines pour en déconstruire les présupposés idéologiques et institutionnels, Certeau s'est attaché à faire dialoguer les savoirs, partant du postulat que la culture devait être soumise à un regard décentré. De ce point de vue, la notion d'altérité lui a indiscutablement servi de laboratoire épistémologique, ainsi qu'en témoignent les analyses consacrées à la mystique (La Fable mystique, La Faiblesse de croire), au missionnaire Jean de Léry dans L'Écriture de l'histoire ou encore au Robinson Crusoë de Defoe dans Histoire et psychanalyse. Car il s'agit dans tous les cas d'interroger le rapport à la norme (religieuse, sociale, politique, morale) à l'aune des « hétérodoxies » qui la modélisent en retour. À cet égard, l'un des apports majeurs réside dans la remarquable conscience des « lieux » de production des discours. Qui parle ? Et d'où ? Opérant un basculement proche du linguistic turn, Certeau a alors privilégié les « manières de dire » au détriment d'une vision essentialiste des faits de culture.

Réunissant historiens et littéraires, cette journée d'étude voudrait donc revenir, sans restriction de champ, sur la remarquable ouverture disciplinaire des écrits de Certeau pour en interroger les méthodes, les « pratiques », les présupposés.

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Textes réunis par Christian Indermuhle et Adrien Paschoud