Colloques en ligne

Paola Cattani

Engagement pour l’Europe et littérature pure

1En février 1921, Valéry consacre à La Fontaine un article1 qui le blanchit de l’accusation classique « d’absence et de distraction perpétuelle » en célébrant l’« exercice tout gratuit » des vers l’Adonis, et en particulier les « artifices » et le « sacrifice » qui leur sont associés. Au même moment, Valéry adresse en revanche une critique sévère aux Fables, qu’il qualifie de « contes assommants » en raison surtout de la facilité de leurs vers. Contre ce jugement négatif, Henri Ghéon prend la plume et publie dans l’Action française un article, repris ensuite dans ses Partis pris2 : tout en s’attachant comme Valéry à défendre La Fontaine, il met en avant la valeur profondément morale et presque politique des Fables, valeur qui à son avis serait à elle seule en mesure de soustraire l’art de La Fontaine à l’oisiveté3. Ghéon fait grief à Valéry d’une lecture anachronique de l’œuvre du XVIIe siècle, car fondée sur une esthétique mallarméenne. Le dialogue à distance entre ces auteurs, de plus en plus éloignés après la conversion de Ghéon4, incarne en réalité le différend entre deux façons antithétiques de concevoir le rapport de la littérature à la politique et à l’actualité. Si Ghéon, en particulier après la guerre, revendique pour la littérature une mission morale, Valéry incarne totalement le champion de la littérature non-engagée. Et pourtant, l’article sur La Fontaine paraît deux ans après l’essai sur la Crise de l’Esprit qui, publié au début de 1919 par l’Athenaeum de Londres et ensuite par la NRF, inaugure l’engagement, car d’engagement il s’agit, de Valéry en faveur de l’Europe, et consacre le poète de la Jeune Parque témoin et prophète de la crise du monde moderne. Nous nous proposons d’examiner les termes et les présupposés de cet engagement, et le rapport qu’il entretient avec la théorie poétique et littéraire qui est celle de Valéry.  

2Pour esquisser un cadre de l’activisme européiste dont Valéry fait preuve tout au long des années vingt et trente, il faudrait d’un côté énumérer ses allocutions publiques et ses écrits sur l’actualité, et de l’autre, les multiples initiatives en faveur de l’Europe auxquelles il participe (il est membre de la Commission de Coopération Intellectuelle de la Société des Nations, mais aussi de plusieurs Comités européistes, entre autres la Fédération des Unions Intellectuelles du prince Von Rohan, et la Pan-Europe de Coudenhove-Kalergi). Nous avons essayé d’arrêter une chronologie de cet engagement afin de saisir dans leur intégralité les étapes successives et les instants cruciaux de l’engagement valéryen, ainsi que l’ordre chronologique des articles à sujet politique publiés après 1921 (voir l’appendice) : il en résulte une liste d’une soixantaine de faits remarquables, où, à côté des événements majeurs et célèbres tels que les interventions et les rapports faits à la Commission de Coopération Intellectuelle de la SDN, les Entretiens présidés à l’Institut de Coopération Intellectuelle de la SDN, les conférences de 1926 à Berlin et à Vienne, le projet d’ouvrage rassemblant les écrits sur l’Europe, trouvent leur place un grand nombre d’autres initiatives moins célèbres mais tout aussi importantes, comme la participation aux Décades de Pontigny, les conférences à la Sorbonne, les allocutions dans des cercles tels que la Nouvelle École de la paix de Louise Weiss. En ce qui concerne les essais sur l’actualité, il est frappant de constater qu’après 1924, cet auteur qui se dit voué à la poésie pure, renverse le rapport quantitatif entre le nombre de ses essais littéraires et celui de ses écrits à sujet politique, au profit de ces derniers : au cours de l’année 1925 qui a vu son élection à l’Académie française, il ne publie que deux préfaces littéraires contre cinq interventions et écrits politiques, selon une tendance qui se confirmera au cours des années suivantes, où les textes sur l’actualité (au nombre de cinq en 1926, sept en 1927, et six en 1928) dépasseront les articles littéraires, qui seront très brefs et de circonstance (le recueil des Écrits de circonstance publié en 1926 en témoigne), ou refléteront les intérêts politiques du moment, comme le montrent les deux articles majeurs sur Bossuet et sur les Lettres persanes.

3Et pourtant, si l’on songe à tenir cet activisme valéryen pour un engagement, on se heurte à deux objections considérables, qui viennent respectivement de la part de Valéry lui-même, et de la part de ceux qui dénoncent son apolitisme. D’abord, c’est toute la production de Valéry qui est parsemée d’attaques contre la littérature engagée et plus en général contre toute action de propagande : non seulement l’article sur La Fontaine que l’on vient d’évoquer, mais aussi une multitude d’autres textes mettent en cause la littérature qui vise à convaincre ou du moins à transmettre des contenus, qu’ils soient strictement politiques ou plus largement didactiques. Par exemple, Valéry exclut Pascal du nombre des hommes de lettres, car ses Pensées cachent quelque part une « entreprise de propagande », un « horrible mélange de méthode et de stratagèmes », typiques de ceux qui veulent convaincre, et étrangers à l’artiste5 ; dans le discours de réception à l’Académie française en particulier, Valéry revient sur ces thèmes au sujet de son prédécesseur Anatole France6 : au lendemain de 1925-1926, où son engagement connaît une véritable accélération, il met en cause la « clarté » d’Anatole France, typique d’une poésie qui peut « plaire à la plupart » et « enrichir sans effort », mais à laquelle la faculté véritablement prophétique serait refusée. Ce parti valéryen en faveur d’une littérature qui refuse le rapport avec l’actualité, fait d’autre part l’objet de plusieurs différends entre Valéry et les écrivains qui, même à partir de perspectives idéologiques différentes, défendent le rôle social et politique de la littérature. La critique que Ghéon adresse à Valéry à partir d’un point de vue catholique et proche de la droite, n’est guère isolée, et elle revient, avec des connotations politiques certes opposées et des implications différentes, sous la plume de Jules Romains, d’André Maurois et de Jean Guéhenno pour ne citer qu’eux : le premier ranime une polémique avec Valéry au cours des Entretiens de la SDN (de Madrid et de Paris), et depuis sa présidence du PEN Club (où il lui succède), en plaidant en faveur d’un engagement directement politique des écrivains et de leurs œuvres7 ; Maurois, dans une lettre publique qu’il adresse à Valéry et qui paraît dans le troisième volume de la Correspondance de la SDN due à l’initiative de Focillon et de Valéry, met en cause la foi valéryenne en la « puissance de l’esprit » et son refus de l’histoire et de la politique active8 ; enfin, Guéhenno dans son célèbre réquisitoire adressé aux membres de la Commission de Coopération Intellectuelle de la SDN, reproche à Valéry et à d’autres de se gorger de discours qui ne sont d’aucun secours dans les problèmes contingents, ce qui suscite la réponse connue de Valéry, qui se range aux côtés des « architectes » et non pas des « pompiers »9. Si ces critiques ont trait principalement à l’apolitisme qui caractérise les initiatives européistes de Valéry, l’attaque la plus importante, livrée à Valéry par Julien Benda, vise directement la conception qu’il a de la littérature, de son rôle et de ses fonctions. En rassemblant dans la France byzantine en 1945 des réflexions qu’il avait déjà formulées auparavant10, Benda met en cause, comme le sous-titre même de l’ouvrage le précise, la « littérature pure », dans ses premières manifestations (l’alexandrinisme) tout comme dans sa théorisation récente par la main de Valéry. Elle constitue à ses yeux une « contre-attaque » opposée à la littérature classique à intention morale, dont il se réclame ; le formalisme, allant à l’encontre de tout engagement, se réduirait pour lui à un sensualisme anti-intellectualiste et à un nihilisme systématique.

4Face à ces critiques, comment donc évaluer la partie de la production valéryenne qui témoigne de manière incontestable d’un engagement ? Vue son ampleur, on ne peut certes pas la tenir pour un aspect mineur ou marginal de son œuvre. Les propos explicites de Valéry ne sauraient nous éclaircir davantage, du fait qu’il ne s’exprime que très peu quant à la signification et aux présupposés de son propre engagement. Il en arrive à présenter par exemple La Jeune Parque comme un poème fait « sub signo martis » et « en fonction de la guerre »11 : mais faut-il réellement accorder du crédit à cette reconstruction a posteriori ? Ses propos portent le plus souvent sur le refus de tout ce qui est politique, sur son mépris de la diplomatie et de la politique, jusqu’à renverser la primauté de la Société des Nations au profit de la Société des Esprits, la première supposant, à ses yeux, la seconde. Faudrait-il donc songer, pour comprendre l’engagement valéryen, à un désaccord entre les propos, qui refusent toute intervention directe dans l’actualité, et les actions, qui témoignent malgré tout d’un dialogue poursuivi et recherché avec les organismes et les personnalités politiques protagonistes de cette actualité ? Ou peut-être faudrait-il opérer une distinction entre l’engagement de l’homme de lettres, qui serait chargé effectivement d’une mission civilisatrice, et celui de la poésie, laquelle devrait au contraire rester vierge, isolée de la réalité et de ses problèmes ?

5Pour trouver une réponse à ces questions, il convient à notre avis de revenir sur cette notion de « littérature pure » à laquelle s’en prend Benda, et qui est mise en pleine lumière par l’abbé Bremond au cours de ces mêmes années où, comme on l’a vu, s’intensifie l’effort de Valéry en faveur de l’unité de l’Europe. On essayera ici de récolter quelques-unes des observations formulées par Valéry en marge de la querelle sur la poésie pure qu’il provoque presque malgré lui. La critique a pu souligner l’écart creusé entre le « pur » valéryen et celui mis en avant par l’abbé Bremond, ainsi que les enjeux éminemment politiques d’un débat lancé par Bremond quelques semaines avant l’élection de Valéry à l’Académie française12. Sans vouloir retracer ici les mésinterprétations auxquelles la notion valéryenne est exposée au cours du débat lancé vers la moitié des années Vingt, ni prendre en compte les chemins empruntés par une querelle critique qui va porter essentiellement sur une opposition étrangère à la réflexion de Valéry sur la littérature pure, à savoir celle entre le rationnel et l’irrationnel13, nous nous proposons plutôt de saisir certaines implications et certains caractères de la notion valéryenne de « pureté », dont on découvrira qu’ils ne sont pas sans rapport avec la question de l’engagement. On procédera à cet égard en examinant les synonymes et les contraires successivement employés par Valéry pour désigner cette « pureté » de la littérature, afin d’essayer de dégager les significations de cette délicate et problématique notion.

6Dans le texte qui est en quelque sorte aux origines de la querelle, l’avant-propos à la Connaissance de la déesse de Fabre de 1920, la pureté, comme beaucoup l’ont souligné, est d’abord une idée « limite », qui ne coïncide pas avec une qualité de la poésie, mais qui incarne plutôt « l’idée de la perfection » : « rien de si pur ne peut coexister avec les conditions de la vie »14. Cette notion n’est donc positive que par rapport à son idéalité, et elle prend plutôt forme de façon privative par une suite d’oppositions. Parmi ses contraires, Valéry contemple notamment « l’ordre didactique ou historique », les « attraits sentimentaux vulgaires », et les « grossiers effets de l’éloquence »15. Comme il essayera même de le souligner dans l’article écrit en 1927 pour préciser son propre point de vue16, la notion de poésie pure descend principalement de son opposition à l’égard de la poésie didactique ou philosophique et oratoire : la première page de l’avant-propos à la Connaissance de la déesse contient en fait une critique à l’adresse de grands poètes tels que Lucrèce, Virgile, Dante et même Victor Hugo : « Le De natura rerum, les Géorgiques, l’Énéide, La Divine Comédie, La Légende des Siècles… empruntent une partie de leur substance et de leur intérêt à des notions que la prose la plus indifférente aurait pu recevoir. […] On voit enfin, vers le milieu du XIXe siècle, se prononcer dans notre littérature une volonté remarquable d’isoler définitivement la Poésie, de toute autre essence qu’elle-même »17.

7Jusqu’ici, la notion de pureté correspond à un souci de préservation, qui est également au cœur du refus valéryen de l’engagement. Quelques pages plus loin, cependant, une nouvelle acception de pureté apparaît, procédant d’une autre piste de réflexion. Valéry choisit le terme d’« absolue » en tant que synonyme de « pure » : la poésie pure est affirmée comme étant une « vérité, sans équivoque »18. Du coup, la poésie se retrouve à dépasser en quelque sorte la philosophie : puisque celle-ci demeure enfermée dans des querelles linguistiques qui constituent désormais sa substance intrinsèque (pour la philosophie contemporaine il ne s’agit plus « d’émettre des considérations même admirables sur la nature et son auteur, sur la vie, sur la mort, sur la durée, sur la justice », mais d’examiner des problèmes « dont la solution dépend de la manière de les écrire »), la poésie ne peut plus l’admettre dans ses vers, alors qu’elle peut en même temps la dépasser et la remplacer. Elle serait en effet en mesure de proposer une « vérité » : non pas en « fix[ant] ou cré[ant] une notion, – c’est-à-dire un pouvoir et un instrument de pouvoir », mais en produisant « un état » et un monde nouveaux. Cette réévaluation de la signification globale de la poésie et de son rapport avec la philosophie trouvait déjà une place importante dans l’Introduction à la méthode de Léonard de Vinci : le peintre florentin y était présenté comme un philosophe véritable, du fait de ses desseins et de son œuvre artistique, à l’instar des métaphysiciens cantonnés aux querelles verbales. La poésie devient une « discipline » d’existence, et Valéry précise : « C’était là un très véritable progrès » ; ainsi la poésie est-elle pure en tant qu’absolu. Et c’est dans cette marge subtile et paradoxale creusée entre la pureté comme anti-didactisme et antiphilosophie, et la pureté comme caractère absolu et vérité, que l’engagement valéryen s’installe : il n’existe qu’entre ces deux pôles, la littérature anti-référentielle d’un côté et la littérature qui constitue la réalité et transcende tout autre monde existant de l’autre.

8Pour poursuivre dans le recensement des synonymes et des contraires de pureté, un autre texte, moins célèbre, résulte très utile : c’est celui que Valéry publie en anglais à la demande de Michael Cowley dans le New York Herald Tribune en avril 1928, intitulé « The Future of Literature. Will It Be a Sport ? »19. En songeant à l’intrusion d’éléments didactiques, sociologiques ou scientifiques dans la littérature, Valéry revient sur la notion de pureté en plaidant en faveur d’un « emploi pur » de la littérature. Et il le fait en particulier en introduisant une comparaison : celle entre cette poésie sans autre finalité qu’elle-même, et le sport en tant qu’exercice gratuit des muscles qui développe par jeu ce qui auparavant était dû au travail obligatoire. « Parfois je me prends à songer qu’une littérature singulièrement sportive aura place dans l’avenir » : partagé, non sans une certaine ambiguïté, entre le désir et la crainte face à cette unique possibilité d’existence pour la littérature telle qu’il l’entend, Valéry utilise ici « sportif » en tant que synonyme ultérieur de « pur ». Cela réaffirmerait-il tout simplement l’opposition existant entre l’utile et l’inutile ? En réalité, « sportif » ne coïncide pas exactement avec « non-utile » : mentionné avec une pointe d’amertume, ce terme rajoute une gratuité redoutable à l’inutile revendiqué par Valéry face aux « romanciers [qui] se sont piqués, tantôt de sociologie, tantôt de psychologie ; tantôt ils ont voulu utiliser les résultats des recherches scientifiques ; tantôt ils ont visé à une influence d’ordre religieux ». C’est dans cette marge encore une fois fort étroite que l’engagement valéryen s’introduit.

9Mais quels sont les présupposés qui se trouvent à la base de ces réflexions, et qui appuient à la fois la notion de pureté et les distinctions qui la caractérisent ?

10Si l’on revient à l’avant-propos à Connaissance de la déesse, Valéry, lorsqu’il s’exprime sur « la poésie à l’état pur », précise qu’il s’agit là d’un « idéal déduit »20 : il entend souligner par là moins la dimension idéale de cette notion que le fait d’être déduite, liée à une histoire littéraire qui la fonde et la détermine. Elle est simplement tirée « de toute l’expérience des littératures antérieures », étant « la fleur suprême, et merveilleusement retardée, de toute la profondeur de la culture »21 : elle représente bien entendu notamment le couronnement de la tradition symboliste.

11Sans toucher ici aux polémiques qui éclatent entre Valéry et De Souza au lendemain de cette préface, il est utile d’attirer l’attention sur quelques aspects de l’appréciation valéryenne du symbolisme. Valéry, qui du reste met en cause l’existence même du mouvement symboliste, tient à reformuler la définition de ce « nom-énigme », comme il le dit, en le soustrayant aux usages habituels, et notamment ceux qui renvoient au symbole, à une certaine obscurité, mais aussi à un emploi particulier du langage. À ses yeux, ce sont davantage les choix en matière de critique littéraire et d’horizons intellectuels qui représentent le trait d’union entre des auteurs très différents entre eux mais qui tous méritent le titre de symbolistes : d’abord l’opposition à la littérature telle qu’elle était conçue par Sarcey, Fouquier, Brunetière, Lemaitre, Anatole France ; et ensuite, « la résolution commune de renoncement au suffrage du nombre », c’est-à-dire la recherche d’une liberté absolue par rapport aux contraintes sociales et littéraires. Le travail formel et technique ne découle que de ces deux choix, en devenant ainsi une conséquence plus qu’un atout de base. Le courant symboliste s’appuierait donc sur cette discipline, négative d’une part et positive de l’autre : dans l’essai sur l’« Existence du symbolisme » Valéry affirme que ce dernier se fonde sur une éthique plus que sur une esthétique : « Le désir de cette élévation, de cette “ascèse”, se prononçant dans le domaine de l’art, devenant une condition de la vie du véritable artiste et de la production des œuvres, tel est le fait tout neuf et la caractéristique profonde qui s’observe dans tous les participants authentiques de ce Symbolisme encore sans nom. Je viens de vous montrer que l’unité que l’on peut appeler Symbolisme ne réside pas dans une concordance esthétique : le Symbolisme n’est pas une École. Il admet, au contraire, une quantité d’Écoles, et des plus divergentes, et je vous ai dit : L’Esthétique les divisait ; l’Éthique les unissait »22.

12L’enjeu crucial du symbolisme, selon Valéry, transcenderait l’esthétique, et consisterait surtout à donner à la littérature une place privilégiée et absolue, à en faire une condition existentielle, une modalité et un guide pour l’existence. C’est dans ce sens aussi que Valéry a l’occasion de préciser quelle est sa dette la plus importante envers Mallarmé, et la raison principale de son admiration : « Le problème de toute la vie de Mallarmé, l’objet de sa méditation perpétuelle, de ses recherches les plus subtiles était, comme on le sait, de rendre à la Poésie le même empire que la grande musique moderne lui avait enlevé »23. « Reprendre à la Musique son bien » coïncide davantage pour Valéry avec un « problème de puissance » de la littérature, que Mallarmé contribue plus que tout autre à rétablir dans le rôle qui lui appartient.  

13En conclusion de l’article sur l’« Existence du symbolisme », Valéry réfléchit à l’actualité de cette poésie : « le “Symbolisme” est désormais le symbole nominal de l’état de l’esprit et des choses de l’esprit le plus opposé à celui qui règne, et même qui gouverne, aujourd’hui »24. Parmi ses mérites, Valéry signale surtout la « volonté de culture séparée », la « préservation des goûts et des recherches, à l’écart de la publicité, du mouvement des échanges statistiques, de l’agitation qui brouille de plus en plus tous les éléments de la vie », et encore, « le loisir, la facilité de subsister, la liberté de songer et de méditer », ce qui est « aussi rare que l’or » dans ce monde de vitesse, de futilité et d’anxiété. Non seulement donc la poésie symboliste coïncide, comme on l’a vu, avec un choix éthique, mais même la résolution de la perpétuer dans un monde qui lui est hostile acquit une signification culturelle et politique capitale. On peut ainsi parler d’engagement valéryen : il s’agit d’un engagement qui découle du symbolisme conçu dans les termes que l’on a exposés, et sur la base du présupposé fondamental de la primauté de la littérature. Si celle-ci justifiait auparavant la tour d’ivoire, elle constitue à présent, de façon presque paradoxale, l’appui principal de l’engagement.

14Deux réflexions développées par Valéry étayent ce discours et contribuent à fixer les termes de son appréciation du symbolisme.

15Premièrement, Valéry reconnaît à la poésie une dimension communicative, dans la mesure où elle s’adresse au lecteur, élément indispensable à l’existence de l’œuvre d’art : la poésie a précisément pour but de transmettre les émotions poétiques qu’elle ne se contente pas de dégager par instants lumineux. Le « Propos sur la poésie » de 1927 insiste particulièrement sur cette primauté du communier : « Le désir du poète, si le poète vise au plus haut de son art, ne peut être que d’introduire quelque âme étrangère à la divine durée de sa vie harmonique […] L’objet même de l’art et le principe de ses artifices, il est précisément de communiquer l’impression d’un état idéal »25. La poésie de Valéry entend se situer aux antipodes d’une littérature renfermée dans une tour d’ivoire, et elle revendique une dimension publique, bien qu’elle s’adresse aux « happy few » en mesure de la comprendre : il faudrait revenir ici sur la lecture proposée par Albert Thibaudet dans son ouvrage sur Valéry, et reprise par lui au moment de la querelle sur la littérature pure. Thibaudet repère de fait chez Valéry, et auparavant chez Mallarmé, une tradition symboliste qui a besoin de l’autre, et qui est ouverte au lecteur et s’adresse à lui, ce qui représente un trait fondamental de la fonction poétique et de son acte communicatif26.

16Deuxièmement, lorsque Valéry expose sa conception de la « pureté » dans l’article paru dans le New York Herald Tribune, il accompagne l’évocation du symbolisme en tant qu’exemple de littérature pure d’une référence, moins fréquente et moins évidente, aux prophètes de la Bible et à la poésie sacrée : il mentionne les « grands chasseurs d’images d’autrefois tels que l’étaient les poètes bibliques ou bien les subtils oiseleurs de la Perse »27. Si les transformations du langage qui sont en cours réduisent les possibilités de « l’abus du langage » propre à la littérature, le modèle dont il faut s’inspirer est, avant même le symbolisme, celui des anciens prophètes qui s’attachaient à « explorer la forêt de symboles » et à proposer dans ce sens un usage ornemental du langage ; référence qui revient d’ailleurs sous la plume de Valéry à propos même de Mallarmé, défini comme modèle du poète « semi-roi, semi-prêtre »28. Valéry n’entend pas par là réhabiliter le sacré dans la littérature, mais plutôt présenter un modèle de littérature sacrée parce qu’absolue. Il dévoile ainsi une raison cruciale de son dévouement au symbolisme, ainsi que la signification qu’il attribue à la survivance de cette expérience poétique.

17Si l’on revient maintenant aux questions posées au début de cette communication, il est à présent possible d’essayer de formuler des réponses. D’abord, il serait incorrect d’introduire, pour interpréter l’engagement valéryen, une distinction entre l’engagement de la littérature et celui de l’homme de lettres. Certes il s’agit là d’un engagement qui tient à l’auteur et à sa personnalité publique, et non à la poésie du point de vue de ses contenus ; mais cet engagement de l’écrivain découle d’une conception de la poésie, il est inséparable d’une façon de penser la littérature, faisant partie de sa primauté. Ainsi Valéry peut-il citer Mallarmé et la « métaphysique de la poésie » qu’à son avis il a fondée, dans le discours au Pen Club de 1925, où cette conception de la littérature est évoquée en tant que fondement et raison ultime de la réunion en cours entre hommes de lettres de différentes nationalités, qui n’aurait autrement aucun sens : si la tâche des écrivains est celle de travailler la langue dans sa spécificité nationale et historique, le choix de se rassembler au-delà de l’appartenance linguistique et nationale ne s’appuie à son sens que sur le présupposé, révélé par Mallarmé, de la « littérature avant toute chose »29.

18L’ambiguïté qui existe entre les initiatives européistes de Valéry et ses propos qui refusent toute intervention directe dans l’actualité, doit donc être jugée à partir de la conception de l’engagement qui est la sienne. Si le symbolisme est à ses yeux un choix éthique plutôt qu’esthétique, l’engagement est un choix esthétique plutôt que politique : son combat est livré en faveur, voire pour la défense, d’un monde gouverné par les idéaux moraux et esthétiques qui sont à la base des modèles littéraires d’un certain XIXe siècle. L’engagement de Valéry est d’une espèce tout à fait différente de celui dont font preuve les auteurs dits « engagés », et il requiert une nouvelle définition : non seulement parce que, se consacrant principalement à la question européenne, il échappe à la politique au sens strict du terme, mais aussi et surtout parce que, en procédant à partir de présupposés esthétiques et littéraires, il emprunte des voies qui ne peuvent être jugées dans une perspective ou avec des catégories politiques. En premier lieu, la réflexion de Valéry sur l’Europe, qui prend forme dans la toute dernière partie du XIXe siècle, se développe autour d’un thème fourni par le débat littéraire en cours, et médité au cours des mêmes années également par des auteurs tels que André Suarès, Ernst Robert Curtius, Thomas Mann : celui du « règne de l’esprit », version originale de la « Société des esprits » valéryenne des années trente, et notion éminemment symboliste. Mais aussi les positions controversées de Valéry au moment de l’Affaire Dreyfus, tout comme celles, beaucoup plus nettes, contre les fascismes à partir de la moitié des années trente, relèvent d’une attitude analogue, qui transcende toujours intimement la polarisation politique du débat : examiner les enjeux et la signification de l’européisme des années vingt permet de comprendre la complexité des propos sur l’actualité des périodes beaucoup plus idéologisées du point de vue du débat politique, comme celles qui précèdent et celles qui suivent. Du reste, la critique que Valéry adresse à l’histoire montre également à quel point son engagement emprunte une voie intimement mêlée à sa conception de la littérature : en tenant pour absurde et impossible le fait de tirer du passé des leçons pour l’avenir, Valéry tente d’explorer une voie nouvelle pour contribuer quand même au choix du présent, et il propose une démarche fondée sur le raisonnement par hypothèses, sur l’implexe qui est au cœur de sa réflexion, comme j’ai essayé de le montrer ailleurs en analysant le débat que Valéry entretient au sujet de l’histoire avec Romains et Maurois entre autres.

19L’analyse que nous proposons ici n’entend nullement retrouver chez Valéry une cohérence, mais plutôt contribuer à saisir les chemins empruntés par sa réflexion, dont l’hétérogénéité et la complexité ont étés parfois mises sur le compte d’une évolution temporelle (en introduisant par exemple une césure dans la pensée valéryenne d’avant et d’après la Grande Guerre), quand elles n’ont pas valu à cet auteur d’être taxé d’écrivain de gauche ou de droite alternativement.

20Ce n’est qu’en retrouvant les racines esthétiques d’un engagement intimement lié à une idée de la littérature que l’on peut comprendre comment le parti pris de Valéry de « ne dire que ce qui est inutile », et sa croisade contre l’utile dans la littérature peuvent coexister avec un activisme qui confie à la littérature une mission civilisatrice dans la mesure où la civilisation est avec elle ou ne sera pas. Dans cette perspective, il devient même possible de comprendre la signification véritable de la présentation de La Jeune Parque en tant que poème issu de la guerre. La lettre que Valéry adresse à Duhamel à ce propos constitue de fait moins une revendication de la nature engagée du poème de 1919, qu’une réponse à la conférence faite par Duhamel sur « Guerre et littérature » : Valéry tient à exprimer à son confrère qu’il partage totalement son point de vue célébrant le mystère, et le prix, d’une culture en mesure de dépasser les événements historiques tragiques, et tout particulièrement la guerre: « Il n’est personne instruite – écrivait Duhamel, – pour qui, par exemple, l’année 1636 ne soit d’abord l’année du Cid. Or, pendant l’été de cette année 1636, la France fut envahie par les armées autrichiennes et espagnoles. Milles cruautés semèrent l’effroi dans les provinces […] Eh bien, malgré tout cela, l’année 1636 demeure l’année du Cid, pour tout homme qui a fait des classes »30. Perspective sans doute fatalement velléitaire, mais, aux yeux de Valéry, la seule possible pour l’homme de lettres qui désire offrir son aide au monde.

  • Valéry envoie à André Lebey des notes sur la SDN, juillet 1918, aujourd’hui dans Paul Valéry-André Lebey, Au miroir de l’histoire (Choix de lettres 1895-1938), édition établie, annotée et présentée par Micheline Hontebeyrie, Paris, Gallimard, 2004, pp. 340-344.

  • « La crise de l’esprit », article publié pour la première fois dans The Athenaeum – A journal of English and Foreign Literature, Science, Fine Arts, Music and Drama, London, n. 4641, april 11, 1919, et n. 4644, may 2, 1919 ; ensuite publié dans la NRF, n. 71, 1er aout 1919. Aujourd’hui dans Œ, I (édition de 1957), pp. 988-1000.

  • « L’Européen », conférence prononcée le 9 janvier 1922 à Zurich et publiée dans la Revue universelle, 15 juillet 1924, sous le titre « Caractères de l’esprit européen ». Aujourd'hui dans Œ, I, pp. 1000-1014.

  • « Discours au Pen Club », discours prononcé au troisième congrès du Pen Club international, Paris, 21 mai 1925. Aujourd’hui dans Œ, I, pp. 1359-1361.

  • « Puissance de choix de l’Europe », article publié dans « Les Appels de l’Orient », Les Cahiers du mois, numéro spécial, n. 9-10, février-mars 1925. Aujourd’hui dans Œ, II, pp. 1557-1558.

  • « Propos sur l’intelligence », article publié dans la Revue de France, 5ème année, n. 12, 15 juin 1925. Aujourd’hui dans Œ, I, pp. 1040-1058.

  • Valéry participe à la Décade de Pontigny consacrée à « Nous autres Européens », août 1925. Une transcription de la discussion de cette Décade, faite par Liliane Chomette, a été publiée par Pascal Mercier dans Paul Valéry Orient et Occident, colloque international, Tokyo, Université Hitotsubashi, 24-27 septembre 1996, textes réunis et présentés par Kunio Tsunekawa, Paris, Lettres Modernes, 1998, pp. 224-243.

  • Valéry participe à la réunion de l’Union intellectuelle du prince von Rohan à Paris, 20 novembre 1925.

  • Valéry participe aux séances parisiennes de la sous-commission des Arts et Lettres de la SDN, 12 janvier 1926.

  • Valéry participe aux débats du Comité français de Coopération.

  •  « Il faut créer une Bourse des valeurs littéraires », article publié dans L’Europe nouvelle, 9ème année, n. 413, 16 janvier 1926 (jour de l’inauguration de l’Institut de coopération intellectuelle).

  • Valéry participe aux séances de la sous-commission des Arts et Lettres de la SDN à Genève, 22 juillet 1926.

  • Valéry assiste à Genève à l’entrée solennelle des Allemands à la SDN, 10 septembre 1926.

  • Valéry est invité à la Semaine européenne au château de Crissier par André Germain, 8 octobre 1926.

  • Valéry participe au congrès de la Fédération des Unions intellectuelles du prince von Rohan, Vienne, 17-20 octobre 1926, congrès consacré au « Rôle des clercs dans la reconstruction de l’Europe ». Quelques notes concernant son intervention sont conservées dans le Fonds Valéry, BNF, N.a.fr. 19062, ff. 5-21.

  • Conférence donnée à Berlin, 3 novembre 1926, et organisée par l’ambassadeur Pierre de Magerie. Une dactylographie partielle du discours est conservée dans le Fonds Valéry, BNF, N.a.fr. 19062, ff. 22-39. Pour les revues de presse, cf. l’article publié par René Lauret, « Paul Valéry à Berlin », Les Nouvelles littéraires, 5ème année, n. 213, 13 novembre 1926.

  • Valéry est reçu par Briand le 29 décembre 1926.

  • Valéry participe à une réunion, chez Schlumberger, du Comité franco-allemand d’information et de documentation (fondé par Émile Mayrisch et Pierre Vienot), 6 janvier 1927.

  • « Notes sur la grandeur et la décadence de l’Europe », article publié dans la Revue des vivants, n. 2, mars 1927. Aujourd’hui dans Œ, II, pp. 929-935.

  • À partir de mai 1927, Valéry est membre de la section française de l’Union paneuropéenne de Coudenhove-Kalergi (présidée par Briand). Il ne participera cependant ni à la réunion du 2 mai 1927 à Paris, ni à celle de Berlin en 1930.

  • « Y a-t-il une crise de l’intelligence ? », conférence prononcée à Londres, 13 octobre 1927, à l’Institut français, en présence de l’ambassadeur Joseph de Fleuriau et de Sir Edmund Grosse.

  • Valéry participe à la réunion de l’Institut international de coopération intellectuelle, 29 novembre 1927, sur l’enseignement international de l’Histoire.

  • Valéry intervient à la Sorbonne, pour le Comité français de coopération européenne fondé par Borel en 1927 (et dont Valéry préside la section des problèmes intellectuels), 23 février 1928. Dactylographie partielle conservée dans le Fonds Valéry, BNF, N.a.fr. 19127, f. 5. Pour les revues de presse cf. Le Monde nouveau, 15 mars 1928 (cf. le Valéryanum de la Bibliothèque Doucet, VRY Pr 284 in 8°).

  • « The Future of Literature: Will it be a sport? » (trad. de « L’avenir de la littérature ») et « The question of Europe », articles publiés dans le New York Herald Tribune par Malcom Cowley, respectivement le 22 et le 29 avril 1928. Aujourd’hui republiés par Jane Blevins dans Cahiers parisiens, Chicago University, n. 3, 2007, pp. 506-511 et pp. 512-518. Une dactylographie avec la « Question de l’Europe » est conservée à la Bibliothèque Doucet, VRY Sup 127, 10 ff.

  • Projet de préface pour l’édition (jamais réalisée) chez Champion des écrits sur l’Europe, 1927-1928. Cf. le dossier conservé dans le Fonds Valéry, BNF, « Europe, projet d’un ouvrage », N.a.fr. 19063, contenant diverses rédactions de l’avant-propos.

  • Valéry participe à la réunion de la sous-commission des Arts et Lettres de la SDN, 16 juillet 1928. La Bibliothèque Doucet conserve un exemplaire du procès verbal de cette réunion, VRY Ms 635.

  • Entretien donné au journal Comœdia, 13 août 1928 (sur les travaux de la sous-commission des Arts et Lettres).

  • Publication du Yalou dans une édition en fac-similé hors commerce, par les soins de Julien P. Monod, Association des Maîtres imprimeurs (E. Pouvreau), décembre 1928. Le Yalou, écrit en 1895, sera publié seulement en 1938. Aujourd’hui dans Œ, II, pp. 1016-1022.

  • Valéry participe aux réunions de la sous-commission des Arts et Lettres à Genève, 8-10 juillet 1929 (interventions sur les musées et sur les beautés naturelles).

  • « Propos sur le progrès », article publié dans Lumière et Radio, 10 décembre 1929. Aujourd’hui dans Œ, II, pp. 1022-1027.

  • Rapport fait à la Commission de coopération intellectuelle, 21 juillet 1930. La Bibliothèque Doucet en conserve un exemplaire, VRY Ms 635. L’Europe nouvelle, 13ème année, n. 658, 20 septembre 1930, en publie des extraits sous le titre « Société des Nations et Société des esprits ». Aujourd’hui dans Paul Valéry, Vues, préface de Cl. Launay, Paris, La Table ronde, 1948, pp. 73-75. Le Temps du 13 octobre 1930 en publie également des extraits.

  • Valéry est nommé vice-président de la Commission nationale française de coopération intellectuelle, 21 avril 1931.

  • Conférence donnée à Copenhague sur les rapports entre la politique et la culture, 15 mai 1931.

  • Allocution à l’Institut, 11 juin 1931, pour la « Bienvenue française », association fondée par Mme Boas de Jouvenel, et qui travaille à favoriser les échanges intellectuels.

  • Regards sur le monde actuel, recueil publié pour la première fois à la Librairie Stock en juin 1931.

  • Valéry participe aux réunions de la Commission de coopération intellectuelle à Genève, 6-9 juillet 1931 (interventions sur le prix aux jeunes artistes, création de la « Correspondance » et des « Entretiens »). L’Europe nouvelle, 14ème année, n. 711, 26 septembre 1931, publie des extraits de son intervention sous le titre « L’Europe et le rôle de l’esprit ».

  • Rapport de Valéry et de Focillon fait à la Commission de coopération intellectuelle, publié comme supplément au Bulletin de la coopération intellectuelle, n. 7-8, 1931. La Bibliothèque Doucet en conserve un exemplaire, VRY Pr 162 in 8°.

  • « Regards sur le monde actuel et la coopération des élites », allocution donnée à la Nouvelle École de la Paix de Louise Weiss, 4 février 1932. L’Europe nouvelle, 15ème année, n. 731, 13 février 1932, en publie des extraits, sous le titre « Aphorismes sur le sort de l’esprit ».

  • Conversation avec Gide sur l’engagement, 21 février 1932. Cf. André Gide, Journal (1926-1950), édition établie, présentée et annotée par Martine Sagaert, Paris, Gallimard, 1997, t. II, pp. 351-352.

  • Lettre de réponse à Guéhenno, 5 mars 1932. Aujourd’hui dans Paul Valéry, Lettres à quelques-uns, Paris, Gallimard, 1952, pp. 200-202.

  • « Les aspects du monde moderne et l’avenir de l’esprit », conférence donnée à Vienne, 20 mai 1932, publiée dans Osterreichischer Kulturbund, I, n. 8, 20 mai 1932.

  • « La politique de l’esprit et les classes moyennes », allocution donnée à la Fondation Foch, 10 juin 1932.

  • Discours prononcé à la Vème assemblée générale du Comité fédéral de coopération européenne présidé par É. Borel, 6 juillet 1932. La Bibliothèque Doucet en conserve les notes préparatoires, VRY Ms 641/5.

  • Propos en réponse à l’enquête de la revue italienne Educazione fascista, juillet 1932, pp. 538-540.

  • « La politique de l’esprit », conférence prononcée à l’Université des Annales, 16 novembre 1932, et publiée dans Conferencia, 27ème année, n. V, 15 février 1933. Aujourd’hui dans Œ, I, pp. 1014-1039.

  • Discours prononcé au PEN Club, 24 novembre 1932. Cf. à la Bibliothèque Doucet, VRY Ms 641/7.

  • Conférence sur les Regards sur le monde actuel, donnée à Bruxelles, 28 novembre 1932.

  • « Lettre sur la Société des esprits », lettre à Salvador de Madariaga, publiée dans Pour une société des esprits, lettres de Henri Focillon, Salvador de Madariaga, Gilbert Murray, Miguel Ozorio de Almeyda, Alfonso Reyes, introduction de Paul Valéry et Henri Focillon, Paris, Institut international de coopération intellectuelle, 1933. Aujourd’hui dans Œ, I, pp. 1138-1146.

  • Valéry préside la conférence de Benda à la Sorbonne « Créons des mythes et des héros européens », 13 février 1933.

  • Valéry participe à l’entretien « L’avenir de la culture », Madrid, 3-7 mai 1933, organisé par la Commission de coopération intellectuelle de la SDN. Cf. L’Avenir de la culture, Entretiens de Madrid, 3-7 mai 1933, Paris, Institut international de coopération intellectuelle, 1933.

  • Valéry préside le colloque « L’Avenir de l’Esprit européen », Paris, 16-18 octobre 1933, organisé par l’Institut international de coopération intellectuelle. La Bibliothèque Doucet conserve les épreuves de son discours, VRY Ms 643/4. Cf. L’Avenir de l’Esprit européen, Entretiens de Paris, 16-18 octobre 1933, Paris, Institut international de coopération intellectuelle, 1934.

  • « Politique de l’esprit », allocution donnée à l’Académie de Versailles, 20 octobre 1933.

  • Valéry préside et introduit « Le procès de la civilisation moderne », controverse entre M. Fortunat Strowsky, Membre de l’Institut et professeur à la Faculté des Lettres, et M. C.-J. Gignoux, Ancien ministre, 14 février 1934. Publié par Science et civilisation, 1ère année, n. 5-6, août 1934.

  • « Indication d’une politique de l’esprit », causerie donnée à Radio-Paris, publiée dans les Cahiers de Radio-Paris, 15 août 1934. Aujourd’hui dans Vues, op. cit., pp. 95-111.

  • « Le bilan de l’intelligence », conférence donnée à l’Université des Annales, 16 janvier 1935, publiée dans Conferencia, 29ème année, n. XXII, 1er novembre 1935. Aujourd’hui dans Œ, I, pp. 1058-1083.

  • « An Interview with Paul Valéry », par Dorothy Dudley, publiée dans The Nation, 18 novembre 1935. Aujourd’hui republiée par Jane Blevins dans Cahiers parisiens, Chicago University, n. 3, 2007, pp. 546-551.

  • « Notre destin et les lettres », conférence faite à l’Université des Annales, 17 février 1937, et publiée dans Conferencia, 31ème année, n. XIX, 15 septembre 1937. Aujourd’hui dans Œ, II, pp. 1059-1077.

  • Valéry préside l’entretien « Le destin prochain des Lettres », Paris, 20-24 juillet 1937, organisé par l’Institut international de coopération intellectuelle. Cf. Le destin prochain des Lettres, Entretiens de Paris, 20-24 juillet 1937, Paris, Institut international de coopération intellectuelle, 1938.

  • « Orientem versus », article publié dans Verve, n.3, octobre-décembre 1938. Aujourd’hui dans Œ, II, pp. 1040-1046.

  • « L’Amérique, projection de l’esprit européen », article publié dans la revue mexicaine Sintesis, n. 81, mai 1938. Aujourd’hui dans Œ, II, pp. 987-990.

  • Valéry rend compte des travaux de son Comité des Arts et Lettres devant la Commission Internationale de la SDN à Genève, 11 juillet 1938.

  • « Le destin de l’esprit européen », allocution donnée à Colmar, 23 mars 1939. Cf. à la Bibliothèque Doucet, VRY Ms 651/3.

21« La liberté de l’esprit », conférence faite à l’Université des Annales, 24 mars 1939, publiée dans Conferencia, 33ème année, n. XXII, 1er novembre 1939, et n. XXIII, 15 novembre 1939. Aujourd’hui dans Œ, II, pp. 1077-1099. Brouillon conservé à la Bibliothèque Doucet, Ms 651/4.