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Paul Valéry et l'idée de littérature

Photo : Gisèle Freund.

Sous la direction de William Marx

Paul Valéry a joué un rôle crucial dans l’histoire de la critique littéraire au XXe siècle. Peu d’écrivains ont eu une conscience aussi claire de leur propre travail de création littéraire. Peu ont su trouver de mots plus justes pour décrire le processus de l’écriture. Aucun n’a entretenu une relation aussi ambiguë avec la littérature, tirant d’elle une légitimité pour contester aussitôt cette dernière, prenant la mesure précise des conditions d’exercice du métier d’écrivain et de poète, traçant avec une rigueur obstinée les limites de toute littérature possible. Valéry fut un poète de l’après — pour autant qu’il n’ait pas seulement voulu apparaître comme tel — : de l’après-silence, de l’après-poésie. De l’après-symbolisme, surtout : nul ne sut comme lui faire le bilan d’une ère qui s’achevait, nul ne sut montrer aussi bien la logique d’une histoire en fin de parcours.

Avec Valéry s’invente aussi la théorie littéraire : la critique des œuvres particulières cède la place au discours sur le général. Du haut de sa chaire de poétique au Collège de France, il ouvre des voies dans lesquelles bien des penseurs, bien des mouvements critiques se sont engouffrés, à tort ou à raison : Adorno, Derrida, mais aussi la critique formaliste,la nouvelle critique, la théorie de la réception, la critique génétique, etc. L’école s’est à son tour emparée de son œuvre et en a fait un répertoire de citations pour les dissertations.

Peu d’auteurs ayant auss iexplicitement conceptualisé l’idée de littérature, il importe de réfléchir à l’apport particulier de Valéry à l’histoire de cette idée. Comment conçoit-il la littérature ? Sous quelles formes s’exprime cette idée ? Varie-t-elle avec le temps ? Est-elle liée à un système des genres ? La poétique exprimée dans les textes publics est-elle identique à celle qu’on trouve dans les textes privés ? Quelles sont les sources de cette réflexion ? Quels en ont été l’héritage etl’influence ? Est-elle toujours d’actualité ?

Autant de questions quetraitent les articles ici réunis, issus d’un colloque tenu le 4 juin 2010 à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense (Paris X) dans le cadre du Centre de recherches en littérature et poétique comparées et de l’école doctorale Lettres, Langues, Spectacles de l’université Paris Ouest, ainsi que du programme « Histoire des idées delittérature » de l’Agence nationale de la recherche et ducentre de recherche Littératures françaises du XXe siècle de l’université Paris-Sorbonne (Paris IV), avec le soutien del’Institut universitaire de France et de l’Institut des textes et manuscrits modernes (École normale supérieure – Centre national de larecherche scientifique).

Le comité scientifique du colloque était composé de Michel Jarrety et William Marx.

Sigles utilisés :

C : Paul Valéry, Cahiers (fac-similé),Paris, CNRS, 1957-1962, 29 vol.

CI : Paul Valéry, Cahiers1894-1914 (édition intégrale), éd. sous la direction de Nicole Celeyrette-Pietri, RobertPickering et Judith Robinson-Valéry, Paris, Gallimard, depuis 1987, 11 vol. parus.

CP : Paul Valéry, Cahiers (anthologie), éd. Judith Robinson-Valéry, Paris, Gallimard, « Bibliothèquede la Pléiade », 1973-1974, 2 vol.

N.a.fr. : nouvelles acquisitions françaises du département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.

Œ : Paul Valéry, Œuvres,éd. Jean Hytier, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1ère éd : 1957-1960, 2 vol.

Textes réunis par William Marx