Que signifie l’adjectif « poétique » lorsqu’il s’applique aux domaines du cinéma, de la danse, de la photographie, de l’architecture ou même de la publicité ? Les références empruntées à d’autres arts pour qualifier la poésie ont fait l’objet de nombreuses études, mais la réciproque est loin d’être vraie. De tels usages s’expliquent-ils uniquement par l’extension du terme poiesis à l’ensemble de la création ou par la large acception que les romantiques ont conférée à la poésie ? Cet héritage historique suffit-il à rendre compte de l’extraordinaire essor du qualificatif « poétique » hors du domaine littéraire ? Depuis qu’à la lumière du mythe rimbaldien, la poésie se fait « au besoin sans poèmes » selon la formule de Breton, le terme, en abordant d’autres territoires, semble avoir gagné en complexité. Une réflexion sur les usages du terme « poétique » hors du champ littéraire reste à faire. C’est à combler cette lacune que s’emploie le nouveau numéro de Fabula LHT « Un je-ne-sais-quoi de "poétique" : l’idée de poésie hors du champ littéraire » (n°18), coordonné par Nadja Cohen et Anne Reverseau. Il est prolongé par le dossier critique « Poésie partout » (n°46) publié dans Acta Fabula, qui montre le poétique à l'oeuvre dans des domaines et des pratiques qui brouillent les repères attendus.