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Séminaire "Transitions" (dir. Hélène Merlin-Kajman)

Publié le par Arnaud Welfringer (Source : Hélène Merlin-Kajman/Transitions)

Séminaire "Transitions"

Sous la direction d'Hélène Merlin-Kajman

Cercle 17-21 (EA 174) et Transitions, 2e semestre 2010-2011

Sorbonne, Salle de l'ED, Escalier C, 2e étage gauche, gauche

Aussi sophistiquées qu'elles se présentent, les études littéraires se trouvent face à une aporie : les sociétés occidentales ont cessé de centrer l'éducation autour de la culture lettrée. L'objet de la recherche risque donc de devenir purement muséal. La littérature : ce singulier lui-même a été interrogé, problématisé, contesté, au point qu'on peut difficilement définir, aujourd'hui, l'unité d'un corpus qui serait l'objet propre de ces études dites littéraires.

Pourtant, « la littérature » continue à avoir un type d'existence qui échappe à l'investigation critique : fournissant aux disciplines non « littéraires » (psychanalyse, sociologie, histoire, philosophie, anthropologie, etc.) un réservoir d'exemples et de références, écrite, lue, enseignée, elle constitue toujours une pratique relationnelle, transitionnelle.

Articulé à la diffusion d'un questionnaire qui n'est pas une enquête mais un signe, le séminaire cherche à cerner la spécificité du geste littéraire, à le poursuivre, à le relancer. Il ne s'agit ni de sociologie des pratiques, ni d'esthétique de la réception, ni de chambre d'échos à des discours autorisés. Il s'agit de faire, de la recherche elle-même, un lieu instituant un lien littéraire : d'adresse, d'interrogation, de partage et de transmission.

Programme du séminaire, lundi, 19h,

Sorbonne, Salle de l'ED, Escalier C, 2e étage gauche, gauche

03 janvier : Rencontre avec Olivier Schwartz, professeur de sociologie à l'université Paris 5

10 janv : séminaire Transitions

17 janv : séminaire Transitions : la question de la valeur

31 janv : Rencontre avec Jean Kaempfer, professeur de littérature française à l'Université de Lausanne

14 fév : séminaire Transitions

14 mars : séminaire Transitions

21 mars : Rencontre avec Alain Prochiantz, Professeur en neurobiologie au Collège de France

28 mars : séminaire Transitions

4 avril : Rencontre avec Aurélien Barrau, astro-physicien, Professeur à l'UJF, membre de l'IUF

2 Mai : séminaire Transitions

9 Mai : Rencontre avec Sandra Travers de Faultrier, avocate, Maître de conférence à Science-Po Paris

16 mai : Rencontre avec Marie-France Renoux-Zagamé, professeure d'histoire du droit à l'Université Panthéon-Sorbonne (Paris I) : « République des lettres » et « monde du palais » (XVIe-XVIIe)

6, 14 ou 20 juin : Rencontre avec Santiago Amigorena, écrivain, scénariste, cinéaste (cf notamment, pour le séminaire, son roman 1978, POL, 2007).


Outre le programme du séminaire, nous organiserons aussi trois manifestations :

29 janvier (matin) : autour du questionnaire, avec l'UFR LLFL

27-29juin : « From exemplarity to probability » (en présence de IanHacking). Ces journées d'étude fermées au public entre historiensde la littérature et de la culture, historiens des sciences et chercheurs ensciences dites « dures », interrogeront l'une par l'autre la crise del'exemplarité (XVI-XVIIe siècles) et l'actuelle crise du modèle probabiliste,né à la suite de la précédente. La tableronde, publique, du 28 juin se donnera en français.

10 Septembre : autour du livre de Zygmunt Bauman, La décadence des intellectuels. Des législateurs aux interprètes (1987), Paris, Jacqueline Chambon, 2007, avec Anne Berger, Jérôme David, Denis Kambouchner, Daniel Mouchard, Christian Puech...

Partout, on entend aujourd'hui évoquer la crise des humanités. Elle se traduit notamment par la brutalité des coupes budgétaires qui, ici et là, tendent à restreindre la place des sciences sociales et des études littéraires dans les universités : la politique de l'éducation et de la recherche, aujourd'hui, ne passe plus par le financement d'une formation humaniste, et ceci, à un niveau mondial.

Dénoncer cette situation, les menaces qu'elle fait peser sur la formation de la sphère publique critique sans laquelle aucune opinion publique ne peut librement s'exprimer, semble relever de la responsabilité la plus immédiate et la plus intangible des universitaires et des chercheurs. Toutefois, on peut se demander si cette crise ne leur permet pas aussi de ré-endosser à peu de frais la fonction législatrice des intellectuels, dénoncée en leur temps par toutes sortes de penseurs de gauche et plus récemment par Zygmunt Bauman dans Legislators and Interpreters, traduit en français en 2007 sous le tire La décadence des intellectuels. Des législateurs aux interprètes.

Paru en 1987, le livre mérite aujourd'hui toute notre attention, précisément parce qu'il récapitule et réitère les raisons pour lesquelles, avant que les gouvernements acquis au néo-libéralisme ne s'en mêlent, l'avant-garde intellectuelle a cherché à déserter ce rôle « législateur » et à contester de l'intérieur la fonction scolaire et universitaire. Plus de vingt ans après, et sans préjuger les résultats des débats, il paraît souhaitable, pour inventer l'université de demain, de s'affronter à ses analyses et au miroir critique involontaire que ce décalage temporel tend à notre présent.