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Théâtre et science (livre collectif)

Théâtre et science (livre collectif)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Florence Fix)

Théâtre et science

 

Ce projet d’ouvrage collectif entend proposer de s’intéresser, non exclusivement au théâtre de science, dédié à la vulgarisation scientifique et à la diffusion du savoir ou de la culture scientifique, mais aux enjeux posés par le théâtre et la science, dans l’articulation nette d’un regard porté de la scène sur les scientifiques (personnages historiques ou fictionnels), leurs travaux (lieux de travail, laboratoires, objets, méthodes), construisant une pensée de la création, de l’invention et de l’hypothèse.

Il nous intéressera tout particulièrement d’envisager la façon dont le matériau scientifique entraine – ou non – des contraintes génériques : en d’autres termes, le théâtre s’emparant de la science serait-il voué à être, par exemple, du registre de la comédie ? Des Physiciens de Dürrenmatt aux médecins manipulateurs d’armes bactériologiques dans La Bosse de Pauline Sales, le passage à la scène semble être un détour par un comique grinçant et une déploration satirique voire inquiétante des méfaits de la science, de ses dérives meurtrières et de ses savants fous ou navrés. Théâtre scientifique ? Théâtre sur la science ? Théâtre d’espace critique de la science ? Des hybridations récentes entre théâtre et science-fiction nous invitent à repenser les frontières et les stéréotypes liés à la représentation de la science, de ses objets, de ses discours et de ses personnages. Semblent s’y articuler aussi des collisions entre roman policier et science-fiction, la quête scientifique et la libido sciendi se déployant aujourd’hui en un avatar plus orienté vers l’hypothèse sur le futur (devenir de la biodiversité, développement de nouvelles maladies et de leurs traitements) que sur la pièce historique relatant une querelle scientifique ou faisant le portrait d’un savant ou chercheur.

Peut-être ce mouvement permet-il aussi à la scène de s’émanciper de son propre patrimoine, captif d’une représentation du témoin (que l’on pense au Pasteur de Guitry, aux médecins ibséniens sans remonter jusqu’aux philosophes des Nuées ou aux médecins moliéresques, dérivés de la réticence envers l’autorité) adoptant la posture du savant navré, décevant ou lui-même désillusionné pour passer à une représentation de l’enquêteur, du vérificateur voire à un travail en commun (François Bon sur le plateau de Saclay )… A cela s’ajoute un environnement culturel de plus en plus traversé par un discours sur la science (plutôt qu’un discours scientifique ?) : le renouveau du théâtre de science, le succès des documentaires télévisés scientifiques, des émissions radiophoniques et des magazines, papier ou en ligne, de vulgarisation et d’échange sur les sciences, font de la science une scène de débat, de polémique, d’exposition permanente. La science-spectacle, la science en tant que scène méritent d’être interrogées. Peut-on, au théâtre comme ailleurs, parler d’une « tyrannie de la science » ?

Enfin, qu’il y ait des figures scientifiques plus récurrentes que d’autres au théâtre (Pasteur, Galilée, Darwin, Oppenheimer, notamment) semble avéré, mais y a-t-il des champs scientifiques particuliers ? Biologie, environnement et médecine aujourd’hui, physique nucléaire cinquante ans auparavant, le théâtre voué à la science suit-il les débats de société liés à celle-ci ? S’en fait-il une autre tribune ? Ou faut-il voir encore des « modes » dans le rapport à la science telle qu’elle est désignée au théâtre ? Y a-t-il en outre des champs scientifiques dont le théâtre ne s’empare pas ?

On tentera donc de proposer une réflexion d’ensemble sur la science au théâtre : dans ses dispositifs scéniques, dans ses genres (comique, documentaire etc.), dans ses usages du discours ou dans les collisions que leurs rencontres impliquent (ainsi de l’usage du terme « quantique » pour qualifier les enjeux du théâtre espagnol postmoderne), dans ses motifs récurrents et dans ses hybridations avec d’autres genres, sous-genres ou modalités narratives (science-fiction, uchronie politico-historique, roman policier…). La période d’étude retenue est le xxe siècle.

Modalités de soumission

Les propositions d’articles (1/2 page, avec un titre provisoire) sont à envoyer sous forme de document word pour le 1er mai 2015 ; après acceptation, les articles seront à envoyer de la même façon pour le 1er janvier 2016.

florence.fix@univ-lorraine.fr