Hugo Pratt, trait pour trait
Thierry Thomas
Grasset, 2020
Pages : 256
EAN : 9782246863595 — EAN numérique: 978224686360
Pour celles et ceux qui ressentent vivement l’arrogance de la culture officielle, la lecture de Corto Maltese est jubilatoire.
Car découvrir cette bande dessinée, c’est pénétrer dans un monde où rien ne s’exclut, où tout coexiste : l’enfance et la vieillesse, l’action et le détachement, l’amour et l’envie de s’y dérober, l’utopie et le pragmatisme, les comportements chevaleresques et l’avidité (Corto et Raspoutine…), la bouffonnerie et la mélancolie, les militaires et les magiciennes, les civilisations du passé et celles du présent, les voyages dans l’espace et les voyages dans le temps. L’art d’Hugo Pratt se moque de la distinction entre réflexion et divertissement, entre culture noble et populaire, ces distinctions qui fondent notre éducation. À chacune de ses planches, ces catégories, sinistres cloisonnements, volent en éclats.
Cet essai romanesque est la célébration de cet univers sans frontières. Il évoque Hugo Pratt, que l’auteur a connu, à travers l’exploration de son art : il cherche à retrouver un disparu à travers la beauté de son trait.
Enfin, il est une interrogation sur l’amour de la bande dessinée, sur ce qui le fonde.
Voir le livre sur le site de l'éditeur…
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Le souffle éternel d’Hugo Pratt", par Olivier Roche (en ligne le 3 juin 2020).
Bousculant le calendrier pour soutenir les libraires après deux mois de confinement, les académiciens Goncourt ont dévoilé le 11 mai les lauréates et lauréats des « Goncourt de printemps » 2020. Thierry Thomas a reçu le « prix Goncourt de la biographie Edmonde Charles-Roux ». Et pourtant, Hugo Pratt, trait pour trait n’est pas une biographie. Le travail de Thierry Thomas, qui a connu le dessinateur, ressemble plutôt à un vagabondage au charme indéfinissable, une flânerie entre rêveries et pensées, une divagation parmi des fragments bibliographiques, où l’on découvre par petites touches disséminées, souvent teintées d’humour, un Hugo Pratt intime et mystérieux, forcément mystérieux, à l’énergie et à la vitalité « effrayantes ».