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Séminaire international des jeunes dix-huitiémistes - La face cachée des Lumières : libres penseurs, hérétiques, espions

Séminaire international des jeunes dix-huitiémistes - La face cachée des Lumières : libres penseurs, hérétiques, espions

Publié le par Florian Pennanech (Source : Nelson Guilbert)

La Société internationale d'étude du dix-huitième siècle (SIEDS) sollicite des contributions de chercheurs se rattachant à tous les domaines de la recherche dix-huitiémiste dans le cadre d'un Séminaire international d'une semaine.

D'abord connu sous le nom de Séminaire Est-Ouest, cet événement réunit chaque année des jeunes chercheurs provenant de plusieurs pays. En 2013, cette rencontre aura lieu à Gotha et sera co-organisée par la Société nationale allemande d'étude du dix-huitième siècle.

Le Séminaire se déroulera du lundi 26.8. au vendredi 30.8. 2013 à Gotha. Ces rencontres sont placées sous la direction scientifique de Martin Mulsow (Universität Erfurt).

 

Cette année, la problématique générale du Séminaire est la suivante :

La face cachée des Lumières : libres penseurs, hérétiques, espions

Qu’ont en commun au XVIIIe siècle libres penseurs, alchimistes, hérétiques, criminels, faussaires, espions, magiciens et membres de sociétés secrètes ? Leurs activités se déroulent bien souvent dans un espace clandestin que l’anglais nomme « Underground » et l’allemand « Untergrund ». Dans ce lieu qui n’en est pas vraiment un, les pratiques, les échanges et les identités sont systématiquement voilés, cela bien souvent afin d’éviter la persécution. Ce champ de recherche a jusqu’ici été représenté par diverses disciplines qui n’ont que trop rarement l’occasion de prendre connaissance l’une de l’autre : la littérature clandestine, qui intéresse surtout les historiens de la philosophie et des Lumières radicales, l’étude de la criminalité, qui constitue un important champ de recherche en histoire sociale et en anthropologie historique depuis les années 1970, l’étude des sectes, qui intéresse les théologiens et les historiens, l’étude de la censure, qui est un domaine important en histoire du livre, l’histoire politique, sans oublier l’histoire de la magie, de l’alchimie, l’histoire de l’économie, ainsi que plusieurs autres champs de recherche.

À très peu de reprises la recherche dix-huitiémiste a entrepris d’envisager l’étude de cet espace clandestin en considérant non seulement toute sa foisonnante diversité, mais aussi les points de rencontre entre les diverses disciplines qui la représentent. En 1996, Peter Burke avait certes esquissé une « Carte de l’espace clandestin », mais ce concept peut toutefois être développé davantage. Il paraît fructueux, à ce titre, d’entreprendre une réflexion commune sur les espaces de la clandestinité au XVIIIe siècle. Le séminaire offrira l’opportunité aux jeunes chercheurs de présenter leurs travaux sur cette question afin de pouvoir discuter des éventuels points de rencontre entre leur propre recherche et celles de leurs collègues menées dans d’autres disciplines.

La question de la clandestinité au XVIIIe siècle diffère sensiblement de celle au XVIe ou au XVIIe siècle. Les travaux de Robert Darnton montrent en quoi la baisse des prix du livre et l’accroissement du lectorat, conjugués à la diffusion de la philosophie des Lumières, a permis au livre de connaître une expansion telle qu’elle ignore les frontières politiques. Jonathan Israel et John Pocock, quant à eux, ont mis en évidence la façon avec laquelle les contenus des espaces clandestins représentent un portrait fidèle du chatoiement même de la culture des Lumières. Quelles caractéristiques représentatives de cette variété et de ces particularités nationales sont susceptibles d’être pertinentes pour l’étude de l’espace clandestin et quels sont dès lors les types de censure et de dissimulation qui s’y manifestent ?

1. Pratiques de la clandestinité : secret, anonymat, pseudonymat, chiffre et allusion.

L’espace clandestin développe ses propres pratiques de divulgation et de dissémination des idées. Ces pratiques vont de l’écriture « entre les lignes », soit l’art de l’allusion, en passant par la publication anonyme ou sous pseudonyme, jusqu’à l’utilisation d’encre invisible ou de langage chiffré. Sur quelles stratégies reposent l’utilisation de l’anonymat et du pseudonyme ? Ces cas de figures peuvent-ils être interprétés et renvoient-ils à une forme d’intertextualité ? Quelles sont les conséquences de la relative opacité de l’espace clandestin pour ses acteurs ? Quelles réactions ces derniers suscitent-ils ? S’agit-il de rumeurs, de secret d’initié ou de dictionnaires des ouvrages anonymes et pseudonymes? Est-il possible de relever au XVIIIe siècle de nouvelles formes de pratique du secret, de nouvelles techniques de chiffrage, par exemple, ou de nouvelles formes de communication ?

2. Les contenus de l’espace clandestin : critique de la religion, blasphème, subversion politique et spiritualité hétérodoxe.

Les raisons menant à recourir aux secrets et à ses avatars sont nombreuses : il peut autant s’agir de la simple crainte de représailles après la publication d’un libelle diffamatoire que de la possibilité de se voir mis aux fers par le bras séculier pour avoir porté atteinte au pouvoir politique ou religieux. Y a-t-il deux types d’écrits clandestins ? L’un qui, par la hardiesse de son contenu, ne peut circuler autrement que clandestinement et s’enracine dans une conception élitiste de la clandestinité, et un autre davantage fondé sur le prosélytisme. Le séminaire procurera également l’occasion de réfléchir aux questions suivantes : Quand et comment les « Lumières radicales » s’associent-elles à la pornographie ? À quel moment la critique politique devient-elle de la diffamation ? Où se trouvent les points de rencontre, encore souvent insoupçonnés, entre la diplomatie, l’espionnage et les échanges savants ? À quel moment les libres penseurs sont-ils susceptibles de devenir des criminels ?

3. Persécution et socialisation : censure, police et sociétés secrètes.

Comment interpréter l’espace clandestin d’un point de vue sociologique ? Jusqu’à quel point la censure, les interdits et les persécutions contribuent à structurer ce même espace ? Est-ce que certains groupes étaient ni plus ni moins attirés dans la clandestinité ? Comment la censure et les autorités définissent ce qui est permis et ce qui ne l’est pas ? Comment les victimes de l’appareil censorial communiquent-elles ? Par certains rituels, signes distinctifs ou bien grâce à un langage secret ? De quelle manière ces groupes se forment-ils ? Dans quel champ d’activité (religion, politique, criminalité, commerce) les groupes clandestins se forment-ils  et quels endroits étaient alors utilisés lors de ces réunions ?

Lectures recommandées :

Peter Burke : A Map of the Underground. Clandestine Communication in Early Modern Europe, in : Günter Gawlick und Friedrich Niewöhner (Hg.) : Jean Bodins Colloquium Heptaplomeres, Wiesbaden 1986, pp. 186-200.

Sylvie Aprile und Emmanuelle Retaillaud-Bajac (Hg.) : Clandestinités urbaines. Les citadins et les territoires du secret (XVIe-XXe), Rennes 2008.

Robert Darnton : The Literary Underground of the Old Regime, Cambridge, Mass. 1985.

 

Soumettre une proposition

Les propositions doivent procéder d'un projet de recherche original (une thèse de doctorat par exemple) qui concerne l'un ou l'autre des axes de la problématique en cause. Comme il s'agit non pas d'un colloque, mais bien d'un séminaire, chaque participant disposera d'environ une heure pour présenter les textes et les questions qui feront ensuite l'objet d'une discussion en commun. Les deux langues officielles du Séminaire sont l’anglais et le français. Les propositions de chercheurs qui sont au début de leur carrière universitaire (doctorat ou équivalent soutenu depuis moins de six ans) seront considérées en priorité sur les autres. Les membres du Comité organisateur ne retiendront qu’un maximum de 15 propositions.

Chaque proposition doit comporter les pièces suivantes :

- un bref curriculum vitæ où figure la date d'obtention du doctorat (Phd ou l'équivalent)

- une liste des principales publications et des communications prononcées au cours des dernières années

- une courte description de l'intervention (environ 2 pages à interligne simple)

- une lettre de recommandation

 

Hébergement et transport

Les frais d'hébergement de même que les frais liés au transport aérien sont assumés [en partie OU en totalité] par les organisateurs du Séminaire, qui se chargent de faire les réservations au nom de chacun. Les repas du matin et du midi seront servis sur place; le coût des repas du soir est à la charge des participants.

 

Publication des Actes

Comme à chaque année, les Actes de ce Séminaire sont destinées à paraître chez Honoré Champion Éditeur (Paris), dans la collection « Lumières internationales ».

 

Échéance

Nous vous invitons à soumettre par la poste un dossier qui doit parvenir à [l’organisateur OU à chacun des co-organisateurs] au plus tard le 31 mars 2013, le cachet de la poste faisant foi de la date d'envoi. Prière de communiquer le tout à

Prof. Dr. Martin Mulsow

ISECS-Early Career Seminar

Forschungszentrum Gotha der Universität Erfurt
Schloss Friedenstein, Pagenhaus
99867 Gotha