ROUSSEAU STUDIES, n° 7, 2019 : "Rousseau et la préciosité"
Genève, Slatkine, 2019
ISBN 978 2 05 102851 6
426 p.
55€ / CHF 60
La présence de la préciosité chez Rousseau et l’influence des précieuses n’ont guère intéressé les spécialistes du philosophe jusqu’à présent. Celui-ci avait pourtant signalé l’importance de ses premières lectures et la place qu’y tenaient les romans précieux. Des sources littéraires communes lient incontestablement Rousseau à ce courant. L’Astrée d’Honoré d’Urfé, Cassandre et Cléopâtre de La Calprenède, et Artamène ou le grand Cyrus de Madeleine de Scudéry ont contribué à sa formation intellectuelle. Mieux, ils en sont l’origine. Rousseau leur doit une raison d’une trempe spéciale et des « notions bizarres et romanesques » de la vie humaine « dont l’expérience et la réflexion » n’ont pu le guérir. La préciosité, associée à cet événement politique du XVIIe siècle, la Fronde, et constitutive de l’imaginaire du jeune Jean-Jacques, est en mesure de nous instruire du passage de la vie de Rousseau – qu’il nous a livrée dans son autobiographie, au système moral ou politique qui en est la métamorphose accomplie. Inversement, les transformations subies par l’imaginaire frondeur et précieux de Rousseau, à l’intérieur de son système, nous imposent de revenir aux textes sources afin d’en apprécier tous les écarts. Engager une recherche intertextuelle sur l’œuvre de Rousseau et le roman précieux, sans prendre acte de la recontextualisation récente de ce dernier, paraît tout aussi périlleux que de s’y restreindre sans égard aux transformations opérées sur lui par l’imaginaire et la politique rousseauistes. Si, comme l’écrit Ernst Cassirer, ce qu’il advient de ces rayons irradiant l’esprit – les idées philosophiques – « dépend du miroir qu’ils rencontrent et qui les réfléchit », rien ne nous interdit de faire également retour, à la source incandescente, « au foyer simple qui rassemble tous les rayons ».
Sommaire
Présentation
Rousseau et la Préciosité.
Françoise Gevrey, « Je voudrais que Mme de Lafayette revînt au monde et qu’on lui montrât un roman suisse ».
Huguette Krief, L’idée de repos : une réminiscence de L’Astrée dans Julie ou la Nouvelle Héloïse.
Marco Menin, En chemin vers le Pays de Tendre : Rousseau, Mademoiselle de Scudéry et la topographie de l’émotion.
Geneviève Goubier, Jean-Jacques et madame la comtesse d’Houdetot : Le Céladon d’Eaubonne ?
Catherine Labro, Rousseau lecteur d’un « vieux roman » : Cléopâtre de Gautier de Coste de La Calprenède, maître d’illusion.
Christophe Van Staen, Pourquoi Rousseau n’a jamais écrit de poème anacréontique.
Béatrice Didier, Préciosité et création chez Rousseau musicien et librettiste.
Marie-Emmanuelle Plagnol-Dieval, La parole féminine dans les comédies amoureuses de Rousseau : une préciosité perdue ?
Shojiro Kuwase, Les mensonges de Julie et l’écriture du désir féminin chez Rousseau : variations précieuses ?
Michèle Crogiez-Labarthe, Rousseau et Marivaux : une commune préciosité ?
Frédéric Marty, Jean-Jacques Rousseau, Louise Dupin et les galeries des femmes fortes.
Studies
Tanguy L’Aminot, Emilio furioso. Rousseau et l’Arioste.
Filippo Sani, Rousseau et les politiques de l’amour pastoral.
Marilina Gianico, Le conflit entre penchant et vertu dans le roman sentimental du XVIIIe siècle. Victoire ou défaite des passions chez Prévost et Rousseau.
Catherine Labro, Présence de l’inceste dans Les Confessions entre père et Lettres.
Reinhard Bach, « Armer les hommes pour l’avenir » : Rousseau et le conflit de l’éthique des Lumières.
Makoto Masuda, L’évolution de la théorie musico-linguistique de Jean-Jacques Rousseau.
Louise Rodrigue, Wollstonecraft, lectrice de Rousseau : réception de l’Émile au XVIIIe siècle.
Guglielmo Forni Rosa, Stanislas Leszczynski et Jean-Jacques Rousseau.
Tanguy L’Aminot, La découverte de l’injustice : Nestor Makhno et Rousseau.
Xiaoling Wang, Critiques de Rousseau pendant et après l’ère Mao en Chine (1949-1998)
Réédition
Paul Vigné d’Octon, La « Louise Michel » du Sahara : Isabelle Eberhardt (1922).
Bibliographie