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Appels à contributions
Revue Africultures : Penser l'Afrique

Revue Africultures : Penser l'Afrique

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Africultures)

Appel à contributions

Revue Africultures, Ed. L'Harmattan, France

Afrique : objet de pensée, objet à penser

Un dossier de la revue Africultures coordonné par Tanella Boni

Comment penser l'Afrique aujourd'hui ? Et s'il s'agissait là d'un concept vide ? « L'Afrique n'existe pas ! » a-t-on entendu dire, à un débat entre écrivains, à Bamako, en 2002.  Sommes-nous en présence d'une idée magique qui continue de faire couler beaucoup d'encre mettant en branle mille passions ? Allons donc plus loin que les discours de circonstances et donnons la parole à propos de cet objet de pensée dont l'idée est omniprésente dans les mots, les images, les rythmes, les spectacles, les langues, les expressions et les créations culturelles du continent africain mais aussi des diasporas. Mais l'Afrique ne s'arrête pas là. On pourrait se demander à quoi elle ressemble dans les imaginaires, mais aussi dans les théories élaborées. La négritude a fait son temps, le panafricanisme aussi. Que reste-t-il de ces théories aujourd'hui ? Dans les années 70 et 80, le débat sur l'existence de la philosophie africaine a occupé le devant de la scène opposant des philosophes africains : Alassane Ndaw, Marcien Towa, Paulin Hountondji, Niamkey Koffi, E. Njoh Mouelle, Fabien Eboussi-Boulaga Kwasi Wiredu pour ne citer que ceux-là. Que peut la philosophie africaine aujourd'hui ? Et surtout quelles voies emprunte-t-elle pour penser l'Afrique et le monde, l'Afrique en période de mondialisation ? Les créations en rapport avec l'Afrique ne sont-elles pas aussi des manières de dire, de construire, d'imaginer, d'inventer ce continent pas « noir » mais riche de toutes les couleurs ?

Appellations et évocations

Des imaginaires tenaces prennent en otage le mot lui-même, évitant souvent de nommer un continent, multipliant ses appellations parlantes. Le « noir » de l'expression « continent noir », n'est pas seulement celui de la couleur de la peau. Il évoque des zones d'ombre, de la violence et des malheurs incompréhensibles, un manque de clarté, de rationalité, parce que l'on suppose qu'il n'y a qu'une seule forme de rationalité. De l'appellation à l'évocation, l'Afrique semble être cet objet fluctuant, plus ou moins irréel, plus ou moins historique. Dans de nombreux discours, l'Afrique « noire » est devenue Afrique « subsaharienne », comme si la notion d'ordre géographique venait apporter une valeur ajoutée à l'objet qui reste à penser même s'il est mille fois imaginé et raconté. L'évocation de l'Afrique est omniprésente, des motifs ethniques dessinés sur des vêtements et accessoires de mode aux tarifs tout aussi ethniques que propose, en France, une grande compagnie aérienne aux Africains se rendant dans leur pays ou dans un pays voisin du leur. Mais le mot « ethnie » renvoie-t-il seulement à l'Afrique ? Ainsi, les appellations et les évocations sont nombreuses, plus ou moins ingénieuses, bonnes ou mauvaises publicités pour un mot, « Afrique », désignant un continent réel, pluriel, où vivent des millions d'individus aux langues et cultures multiples dont la complexité n'est plus à démontrer mais reste à penser.

Pensées de l'Afrique/ penser l'Afrique

Si le passé de l'Afrique, d'un point de vue historique mais aussi archéologique, est un terrain de recherches fertiles (Ki-Zerbo, Mbokolo, Cheikh Anta Diop, Obenga et bien d'autres), depuis le 19ème siècle, d'autres sciences humaines se sont emparées de l'objet « Afrique » en vue de l'explorer dans tous les sens. En outre, l'histoire et la géographie du continent ne peuvent s'écrire en faisant fi de ces deux dates qui ont toute leur importance aujourd'hui : 1884-85 pour le « partage » et le tracé des frontières étatiques à la Conférence de Berlin et 1989 pour la chute du mur de Berlin qui aurait fait souffler, aussi, un vent de démocratisation, à partir de 1990, sur l'Afrique. Mais les dates « historiques » peuvent se multiplier, en commençant par 1960 qui reste l'une de ces dates ouvrant les anciennes colonies (notamment françaises) à d'autres formes de violences, d'autres types de rapports entre l'Afrique et les anciennes métropoles, entre l'Afrique et le monde.

Que reste-t-il de L'Afrique fantôme   -carnet de route (1931-33) de Dakar à Djibouti de Michel Leiris ? Et de L'Afrique ambiguë (1957) de Georges Balandier ? Si l'Afrique n'est plus un objet massif d'un seul tenant mais une multiplicité de « parts » à l'instar d'une mosaïque de frontières (géographiques, étatiques, linguistiques…), elle n'est pas exempte de « métissages ». Les frontières visibles disent-elles ce qui reste inextricable ? Ainsi, la vie réelle des Africains est toujours marquée par des rapports historiques, géographiques, linguistiques, politiques, économiques et culturels d'une complexité étonnante donnant à l'objet « Afrique » une contemporanéité et une place incontournable dans le temps et dans le monde, ici et maintenant.

Cependant, l'Afrique d'aujourd'hui semble être toujours « post », mais qu'est-elle, au juste ?

L'Afrique des créateurs

La créativité au quotidien a son mot à dire, ici-même, dans la mesure où cette pensée dont nous parlons n'est guère figée dans des théories toutes faites et dans des livres publiés. Exprimée de manière singulière, elle est aussi pensée littéraire et artistique : en poésie, en train de se dire sur scène, dans un film, un spectacle, une bande dessinée, sous bien d'autres formes à prendre en compte. Voilà pourquoi l'analyse critique peut se donner une place de choix de même que la parole des créateurs. Chaque créatrice et chaque créateur se représente son Afrique vue, vécue, imaginée, pensée.

Ce dossier entend faire le point concernant les pensées contemporaines de l'Afrique. Qu'est-ce qui émerge aujourd'hui après la négritude, le panafricanisme, le débat sur l'existence de la philosophie africaine  et bien d'autres débats ? Qu'en est-il du postcolonial  en littérature et dans les arts ? Et que veut dire , dans le domaine de la création, le mot « Afrique », mot désignant un objet tout à la fois mythique, rêvé, fantasmé mais un continent bien réel pour ses habitants ? L'Afrique-est-elle seulement un continent ? Comment s'exprime cette pensée multiforme notamment du point de vue de la créativité ?

Les titres et résumés (5-6 lignes) sont reçus au plus tard le 15 octobre 2009.

Date limite de réception des contributions : 15 janvier 2010

Contact : visions21@tanellaboni.net