Questions de société
Répression policière contre des étudiants à Besançon (février 2017)

Répression policière contre des étudiants à Besançon (février 2017)

Publié le par Vincent Ferré (Source : communiqués et médias)

1. communiqué d'organisations syndicales de l'université de Besançon, 14/2

2. Article du Monde 17/2 : plaintes pour séquestration du CA

3. Vidéo des arrestations, mise en ligne sur le site de la radio locale BIP

4. Communiqué de Solidaires Étudiant-e-s

5. Communiqué de l’Union syndicale Solidaires du 16 février 2016

6. Motion de l'intersyndicale de Marne la Vallée (UPEM)

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1. Communiqué d'organisations syndicales de l'université de Besançon, 14/2

"  Manifestation pacifique violemment réprimée à la demande du président de l’université –  Libération des étudiant.e.s ! Jacques Bahi démission !

Ce mardi 14 février, peu de preuves d’amour de la part de l’équipe présidentielle !

*Le syndicat AMEB Solidaires Etudiant.e.s appelait à une occupation pacifique du Conseil d’administration de l’Université* pour surseoir à la décision d’appliquer la selection en master et demander la tenue d’une
réunion publique.
Qu’on les partage ou non, ces revendications sont légitimes et ce n’est pas à la présidence d’en décider autrement.

*Vers 14h30, un groupe d’une vingtaine d’étudiant.e.s*s’est faufilé dans le bâtiment de la Maison de l’Université rue Goudimel (conquis de haute lutte, rappelons-le, par les étudiant.e.s et personnels de la fac des lettres en 1990) et *a réussi à pénétrer dans la salle du conseil, auparavant verrouillée par l’un des DGS adjoints.*

*Il n’y a eu aucune violence, tout s’est déroulé dans le calme*, les étudiant.e.s avaient apporté des brioches. Précisons que *le président n’était pas encore arrivé*, ni la plupart des membres de ses listes.
*Personne n’a été séquestré*, le vice-président étudiant du CA s’est d’ailleurs éclipsé très rapidement. *Jusqu’à l’intervention de la police, l’atmosphère était bon enfant*, les étudiant.e.s avaient confectionné des masques en papier à l’effigie du président.
*Rien d’extrémiste ni de radical dans ce mode d’action qui a été adopté par des générations et des générations d’étudiant.e.s.*
Au lieu de négocier et d’engager le dialogue, *la présidence a choisi la force en faisant appel à l’intervention des forces de police*. Bel exemple de dialogue social ! Cette intervention a été totalement disproportionnée : *les étudiant.e.s, une douzaine vingtaine, ont été violemment empoigné.e.s, frappé.e.s, écrasé.e.s, plaqué.e.s au sol puis menotté.e.s les mains dans le dos par une vingtaine de policier.e.s en tenue anti-émeute*. Le mobilier de la salle du conseil a été bousculé et projeté contre les murs, toutes les dégradations sont le fait des forces de l’ordre.
Des élu.e.s se sont senti.e.s mal après l’intervention violente de la police ; toutes les violences psychologiques sont le fait des forces de l’ordre appelées à la demande express de la présidence.

*Les étudiant.e.s, y compris un membre élu du CA, ont tou.te.s été embarqué.e.s au commissariat, gardé.e.s à vue et, à l’heure où nous rédigeons ce communiqué, ne sont toujours pas libéré.e.s. *
(...)

L’intersyndicale* des personnels FERC.Sup CGT, FSU, SUD Education, FO, soutenue par l’AMEB
Solidaires Etudiant.e.s et l’UNEF, *
exige la démission de Jacques Bahi et de son équipe et demande la libération immédiate de tous et toutes les étudiant.e.s*."

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2. Article du Monde.fr /AFP : "Université de Franche-Comté : enquête pour « séquestration » du conseil d’administration"

Huit plaintes ont été déposées à la suite de l’intrusion d’étudiants opposés à la sélection en master dans un conseil d’administration de l’université de Besançon.
 Le Monde.fr avec AFP | 17.02.2017 à 19h00 • Mis à jour le 17.02.2017 à 20h03 |

"Huit plaintes ont été déposées pour « séquestration » par des administrateurs, d’après le parquet de Besançon (Doubs), qui a dit au Monde, vendredi 17 février, que l’enquête se poursuivait."
"Vers 14 h 30, un groupe d’étudiants, dont certains avaient « le visage masqué avec une photo du président de l’université », est « entré de force » dans la salle, a déclaré à l’AFP la procureure de la République Edwige Roux-Morizot. Selon la magistrate, ils ont « séquestré » pendant à peu près deux heures la dizaine de membres du conseil d’administration en bloquant la sortie avec des chaises.

Face à leur refus de sortir de la pièce, « la police a donné l’assaut », a-t-elle rapporté. Dix-neuf personnes ont alors été placées en garde à vue pour « séquestration », et « rébellion » pour deux d’entre elles. Toutes ont été relâchées après vingt-quatre heures, sauf deux étudiants dont la garde à vue a été prolongée jusqu’au 16 février.

Lors d’une conférence de presse, le président de l’université, Jacques Bahi, a dénoncé des « violences psychologiques et physiques » et a annoncé que, outre les plaintes, il lancerait des procédures disciplinaires."
Les étudiants contestent toute « séquestration »

Une version que contestent des syndicats étudiants, qui ont organisé plusieurs rassemblements de protestation depuis. Solidaires étudiant-e-s tout d’abord dénonce des « plaintes abusives » et demande l’abandon des poursuites. « Il n’y a eu aucune violence, tout s’est déroulé dans le calme, les étudiants avaient apporté des brioches, assurent-ils dans un communiqué, signé par d’autres organisations syndicales (CGT, FSU, SUD, FO, UNEF). Personne n’a été séquestré. Jusqu’à l’intervention de la police l’atmosphère était bon enfant. »

« Il n’y avait aucune raison de faire appel aux forces de l’ordre, c’est une réaction totalement disproportionnée et cela a été très violent, accuse également Lara Bakech, responsable de la commission universitaire à l’UNEF, dont l’un des élus assistait à la réunion du 14 février."
 

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3. Vidéo des arrestations, mise en ligne sur le site de la radio locale BIP
(garde à vue de 24h pour 17 personnes, de 45h pour 2 autres)

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4. Communiqué de Solidaires Étudiant-e-s

Militer n’est pas un crime !

Ce mardi 14 Février, le syndicat AMEB Solidaires étudiant-e-s appelait à une occupation pacifique du Conseil d’Administration de l’Université pour protester contre leur décision d’appliquer la réforme de la sélection en master. Cette réforme marque une avancée dans la logique élitiste et méritocrate qui tend à se développer dans les universités. Elle va renforcer la reproduction sociale et les logiques discriminatoires déjà à l’œuvre. Ainsi, vers 14h30 mardi, des étudiant-e-s (une vingtaine) ont réussi à entrer dans la salle du conseil pour essayer de bloquer le vote et lire un texte contre la mise en place des critères de sélection. Il n’y a eu aucune violence, tout s’est déroulé dans le calme. Jusqu’à l’intervention de la police, l’atmosphère était bon enfant, les étudiant-e-s avaient confectionné des masques en papier à l’effigie du président de l’Université.

Au lieu de négocier et d’engager le dialogue, la présidence a choisi la force en faisant appel à l’intervention des forces de police, rompant ainsi la franchise universitaire qui interdit aux forces de l'ordre de pénétrer dans un campus universitaire. Les personnes mobilisées ont été violemment empoignées, frappées, écrasées, plaquées au sol puis menottées les mains dans le dos par une vingtaine de policiers en tenue anti-émeute. Toutes les dégradations sont le fait des forces de l’ordre.

19 étudiant-e-s ont été emmené-e-s par les forces de l'ordre au commissariat, pour être tou-te-s placé-e-s en garde à vue, pour « séquestration » alors que seule l'entrée principale du conseil d'administration était bloquée et que d'autres issues avaient été laissées libres.

17 personnes ont été libérées sans poursuites, mais la garde à vue a été prolongée de 24h pour deux de nos camarades. Ils sont concernés par 8 charges d'accusation (violence volontaire, rébellion, séquestration, dégradation, outrage, intrusion, refus de prélèvement d'ADN et d'empreintes).

Notre syndicat AMEB à Besançon et l'intersyndicale du Doubs se sont exprimés et ont affirmé :

- qu'il n'y a pas eu de violences ni de dégradations de la part des étudiant-e-s

- que des entrées ont été laissées libres en permanence

- que certains « témoins », comme le président de l'Université, n'était pas présent-e-s lors de leur arrivée dans la salle du conseil d'administration

Cette répression, ainsi que cette accumulation de charges contre nos camarades sont inadmissibles et totalement disproportionnées. Nous exigeons :

- L'abandon de toutes les poursuites envers nos camarades ;

- La démission du président de l'Université de Besançon, Jacques BAHI ;

- L'abrogation de la réforme de la sélection en Master, contre laquelle nos camarades manifestaient.

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5. Communiqué de l’Union syndicale Solidaires du 16 février 2016

Le dialogue à l’université de Besançon ? Intervention policière et garde à vue !

Ce mardi 14 Février, le syndicat AMEB Solidaires étudiant-e-s appelait à une occupation pacifique du Conseil d’Administration de l’Université pour protester contre leur décision d’appliquer la réforme de la sélection en master. Cette réforme marque une avancée dans la logique élitiste et méritocrate qui tend à se développer dans les universités. Elle va renforcer la reproduction sociale et les logiques discriminatoires déjà à l’œuvre.

Il n’y a eu aucune violence, tout s’est déroulé dans le calme. Jusqu’à l’intervention de la police, l’atmosphère était bon enfant, les étudiant-e-s avaient confectionné des masques en papier à l’effigie du président de l’Université.

Au li eu de négocier et d’engager le dialogue, la présidence a choisi la force en faisant appel à l’intervention des forces de police, rompant ainsi la franchise universitaire qui interdit aux forces de l’ordre de pénétrer dans un campus universitaire. Les personnes mobilisées ont été violemment empoignées, frappées, écrasées, plaquées au sol puis menottées les mains dans le dos par une vingtaine de policiers en tenue anti-émeute. Toutes les dégradations sont le fait des forces de l’ordre.

19 étudiant-e-s ont été emmené-e-s par les forces de l’ordre au commissariat, pour être toute-s placé-e-s en garde à vue, pour « séquestration » alors que seule l’entrée principale du conseil d’administration était bloquée et que d’autres issues avaient été laissées libres.

A ce jour, 17 personnes ont été libérées sans poursuites, mais la garde à vue a été prolongée de 24h pour deux de nos camarades. Ils sont concernés par 8 charges d’accusation (violence volontaire, rébellion, séquestration, dégradation, outrage, intrusion, refus de prélèvement d’ADN et d’empreintes).

Cette répression, ainsi que cette accumulation de charges contre nos camarades sont inadmissibles et totalement disproportionnées. Bel exemple de la conception du dialogue à l’Université de Besançon ! Les revendications des étudiant-es sont pourtant légitimes et méritent mieux que le recours à la police pour les faire taire.

L’Union syndicale Solidaires dénonce l’attitude de la présidence de l’Université de Besançon et exige :

  • La libération immédiate de nos camarades, et l’abandon de toutes les poursuites
  • La démission du président de l’Université de Besançon, Jacques BAHI
  • L’abrogation de la réforme de la sélection en Master, contre laquelle nos camarades manifestaient
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L’intersyndicale de l’UPEM (FERC Sup CGT, SNESUP FSU, SNASUB FSU, SUD Education et UNEF) exprime toute sa solidarité à l’intersyndicale de l’Université Franche-Comté à Besançon (FERC Sup CGT, SNESUP FSU, SNASUB FSU, SNPREES FO, SUD Education, AMEB Solidaires Etudiant-e-s de l’UFC) et aux 19 étudiant-e-s « de la saint valentin ».

Venons-en aux  faits : 19 étudiant-e-s ont été bailloné-e-s, menoté-e-s, arrêté-e-s et mis-e-s en garde à vue pour certain-e-s parce que ces militant-e-s ont eu l’outrecuidance de perturber le Conseil d’Administration du 15 février 2017 de l’Université Franche-Comté et d’afficher à haute voix leurs revendications. La fragilité des fa its  a contraint la police à libérer certain-e-s le lendemain après-midi, à l’exception de deux d’entre eux dont la garde a vue a duré 41 heures. Des charges lourdes, inimaginables et insensées pèsent contre ces étudiants. On y retrouve pêle-mêle les charges de « séquestration », « rébellion » et « violences volontaires ». Une version immédiatement contestée par les étudiant-e-s. Les peines encourues vont jusqu’à 5 ans d'emprisonnement.

L’intersyndicale de l’UPEM dénonce une campagne mensongère et calomnieuse de la Présidence de l’UFC à l’encontre d’étudiants militants et pacifiques. Comble du scandale, le président de l’UFC était absent aux moments des faits et a demandé l’intervention de la police, de manière aveugle et sans réflexion ou concertation préalable, avant même son arrivée, en retard donc, à ce CA.

Un communiqué de la CPU (Conférence des Présidents d' Universités) honteux apporte son soutien au président de l’UFC, sans avoir vérifié préalablement ses allégations. Par pur réflexe corporatiste, la CPU est ainsi conduite à approuver la limitation de la liberté d’expression des étudiant-e-s par la violence. Ce zèle inhabituel pour la CPU interroge et révulse.

Avec ce communiqué, la CPU appuie sans réserve les pratiques très contestables d'une présidence qui impose aux membres de l'université des réformes lourdes de conséquences pour le maintien de l'Université comme lieu ouvert de formation et d'émancipation. Dans un contexte où des syndicalistes peuvent se voir qualifier de « terroristes » par l'organisation nationale du patronat et réprimés par des procureurs de la République malgré le retrait de la plainte qui leur était adressée, ce type d'agissement nous paraît inquiétant et inadmissible. Nos dirigeants seraient-ils à court d’arguments au point d'attaquer sous diverses formes des organisations qui ne font que défendre leurs droits ?

 Nous militant-e-s de l’intersyndicale de l’UPEM réaffirmons notre soutien à l’intersyndicale de l’UFC et aux 19 étudiant-e-s arbitrairement mis-e-s en cause et brutalisé-e-s

  • Adresse :
    université de Besançon