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Practices of World Building. Fans, Industries, Media Fields.

Practices of World Building. Fans, Industries, Media Fields.

Publié le par Marielle Macé (Source : Marta Boni (Concordia University))

Practices of World Building. Fans, Industries, Media Fields.
Mel Hoppenheim School of Cinema, 6 et 7 juin 2013.


Comité scientifique : Marta Boni (Concordia), Francesco Casetti (Yale), Martin Lefebvre (Concordia), Viva Paci (UQAM), Eric Prince (Concordia), Marc Steinberg (Concordia).

Aujourd'hui, les spectateurs ont la possibilité de consommer les produits audiovisuels sous la forme de fragments, dans tous les lieux et à tout moment de la journée. L'expérience de la salle de cinéma est « relocalisée » (Casetti 2008) par une pluralité d'écrans, points d'interaction avec des mondes. Les producteurs ne se limitent plus à créer des histoires ou des personnages, mais ils fabriquent des mondes (des mondes fictionnels, des mondes de personnages, des mondes alternatifs...) et décident d'en diffuser l'expérience par le biais de différent supports, donnant lieu à des expériences transmédiales (Jenkins 2006), comparables à des écosystèmes. Dans cette situation, que l'on décrit souvent comme celle d'une « convergence » numérique (on en parlait même aux tout débuts de l'ère d'internet, cf. De Sola Pool 1984, Negroponte 1995), l'expérience des spectateurs n'est pas limitée à la seule notion de consommation. Les spectateurs deviennent des explorateurs et, à leur tour, des constructeurs de mondes. Les mondes sont dilatés par les fans qui, online et off line, les partagent via les réseaux sociaux, les réécrivent, les parodient et leur rendent hommage. Ces activités de « braconnage » (Michel de Certeau 1990; Henry Jenkins 1992) contribuent à la réécriture des valeurs et du sens des mondes fictionnels, tout en retravaillant la culture des mondes d'appartenance de leurs auteurs. Ainsi, la notion de monde peut être entendue comme un point de départ unique et original pour repenser la théorie des médias, au-delà des notions traditionnelles de communication.
La liste des présentateurs comprend Jim Collins (Notre Dame), Florence Goyet (Université de Grenoble), Dru Jeffries (Concordia), Matt Hills (Aberystwyth University), Jean-Marc Leveratto (Université de Lorraine), Giovanni Macchia (Western Ontario), Bernard Perron (Udem), Guglielmo Pescatore (Bologna), Constance Penley (UCSB), Marie-Laure Ryan (independent scholar), Mark J.P. Wolf (Concordia Wisconsin), Alexander Zahlten (Harvard).
Les chercheurs invités ont des profils différents. Chacun d'entre eux apportera sa contribution spécifique, contribuant au développement d'une théorie de la construction des mondes, un thème essentiel dans le recherches sur les médias. Dans ce contexte, les notion de « monde » et de « remix » seront étudiées conjointement. D'un côté, la recherche sur la complexité (Edgar Morin) et sur l'« épique » en littérature (Franco Moretti 1996) fourniront un cadre original pour l'exploration des productions contemporaines, notamment les récits transmédia (Jenkins 2006). Une approche historique est nécessaire pour étudier la construction des mondes non seulement comme un produit de la convergence numérique, mais également comme un thème récurrent dans la littérature et dans l'oralité depuis l'âge classique. Le colloque bénéficiera aussi de contributions provenant des études narratologiques et des théories des mondes fictionnels, questionnant également la pertinence d'une approche liée à la notion de médium. Par ailleurs, les pratiques contemporaines des producteurs et des fans de cinéma et de télévision soulèveront des questions théoriques et méthodologiques concernant les usages des mondes créés par les conglomérats de médias, leur rôle dans les rites d'interaction (Erving Goffman 1959) et dans la construction des valeurs et des significations de la société contemporaine. Étudier les pratiques de construction des mondes à travers la culture du remix (les spectateurs empruntent et transforment les matériaux provenant des médias officiels) fera émerger le caractère ouvert des mondes, qui sont capables d'accueillir plusieurs réécritures lui offrant de nouveaux sens et des dilatations. L'approche des études culturelles pourra éclairer ces phénomènes, bénéficiant également d'une confrontation avec une perspective anthropologique qui contribuera à montrer qu'un monde peut être persistent dans la vie d'un consommateur, du moment où les personnages deviennent des modèles de conduite et leurs valeurs pouvant être adoptés par les spectateurs dans la vie de tous les jours. La perspective des Gender Studies apportera sa précise contribution, permettant de mettre en évidence que les mondes narratifs sont des conglomérats hétérogènes aux seins desquels on trouve des rapports complexes de pouvoir, y compris au plan du « gender ». La notion de monde soulève également des interrogatifs concernant le rôle du chercheur, qu'une perspective sociologique pourra éclairer. La question de l'expertise, qui touche de près les préoccupations épistémologiques de l'axe de recherche 2 d'ARTHEMIS sera également traitée: comment changent les modalités de production de connaissance autour d'un « univers étendu »?
Les deux journées seront filmées et toutes les communications seront diffusée en streaming sur le site d'ARTHEMIS. Pendant l'événement, un groupe d'étudiants des cycles supérieurs assureront un « live tweet » qui permettra aux utilisateurs de suivre en ligne les présentations et d'interagir avec les participants : vous êtes d'ores et déjà encouragés à participer aux discussions avec le hashtag #PWBconference.
La page internet d'ARTHEMIS hébergera des comptes-rendus de l'événement et une page « Storify » archivera toutes les interactions pertinentes ayant eu lieu en ligne pendant et après le colloque.

Pour tout complément d'information écrire à boni[.]marta[at]yahoo[.]com

L'équipe de recherche ARTHEMIS, fondée et dirigée par Martin Lefebvre depuis 2007, réunit un groupe de chercheurs qui examinent les facteurs principaux, les points de vue et les pratiques qui ont contribué à l'émergence, au développement et à la consolidation des études sur le cinéma et les images en mouvement comme discours savant et comme champ de recherche universitaire, dans une optique historique et comparative. Les recherches d'ARTHEMIS visent aussi, à travers des enquêtes épistémologiques, à étudier la nature des concepts élaborés par les Etudes du cinéma et des images en mouvement (ECIM), à étudier la rationalité discursive de ce domaine en fonction de ses différentes visées épistémiques. L'objectif d'ARTHEMIS est également de mettre au jour la constitution et les enjeux propres à une « culture » des ECIM à travers ses différentes traditions.