Essai
Nouvelle parution
Philippe Artières, Histoire(s) de René L., Hétérotopies contrariées

Philippe Artières, Histoire(s) de René L., Hétérotopies contrariées

Publié le par Université de Lausanne

C’est dans ces tas de papiers « à jeter », ces strates délaissées, que notre regard a buté, un jour de visite de bâtiments asilaires destinés à la destruction, à Picauville, dans la Manche. La grand salle fut pendant plus d’un siècle le dortoir collectif de ceux qu’on nommait « les agités ». La pièce, désormais quasiment vide, est devenue le réceptacle de quantité de cartons et d’objets. Ce sont les restes d’une histoire.

Là, contre un mur, nous trouvons d’épais rouleaux de papier. En déroulant ces feuilles, nous voyons apparaître des dizaines de dessins, les uns tracés seulement au crayon, les autres coloriés minutieusement. Bouleversante apparition ; rares sont les traces directes des patient.e.s dans les hôpitaux.

Nous des disposons sur le plancher vétuste : il y a plus d’une cinquantaine de grandes feuilles format raisin.

Que sont ces dessins ? Le résultat d’un atelier thérapeutique ? Des oeuvres d’art brut ? Des archives ? Seule certitude : ces signes énigmatique ont été laissés par un individu se nommant René L.

Quel récit composent ces dessins ?

Nous allons chercher René L. dans l’Histoire ; la grande, celle qui fait l’objet de traités, celle qui dessine les villes, qui détermine nos existences, mais nous chercherons également du côté du mineur, des faibles intensités, de l’infra-ordinaire.

C’est au croisement de ces récits multiples que nous supposons que René L. se tient.

Feuilleter le livre sur le site de l'éditeur…

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"L’ordre des dessins", par Sam Rachebœuf (en ligne le 3 août 2022)

Dans son dernier ouvrage, qui est aussi le catalogue d’une exposition venant de s’achever au Mucem, Philippe Artières propose une enquête sur les pas de René L., interné à l’hôpital de Picauville à la fin de sa vie, dont il a retrouvé une cinquantaine de dessins énigmatiques. Comme toujours chez Artières, le récit multiplie les formes et les dispositifs pour approcher l’individu, à la croisée de l’intime et du collectif : les histoire(s) de René L. rencontrent ainsi celle de la psychiatrie moderne et la mémoire de l’Algérie coloniale.