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Par le trou d'une aiguille. Photographie sténopé : histoire, pratiques et esthétique

Par le trou d'une aiguille. Photographie sténopé : histoire, pratiques et esthétique

Publié le par Julia Peslier (Source : Mathieu Harel-Vivier)

Université Rennes 2
    Campus Villejean
    Bâtiment E, amphi E2, entrée libre 

Journée d'études
Jeudi 24 mars 2011

Par le trou d'une aiguille.
photographie sténopé : histoire, pratiques et esthétique

À l'origine de la projection d'une image de l'extérieur vers un intérieur plongé dans l'obscurité, le sténopé désigne à la fois le trou, l'ensemble du dispositif permettant de produire une photographie autant que la pratique qu'il engendre. À ce titre, il est souvent rapproché de la camera obscura.

Cette journée d'études s'inscrit dans le cadre de la manifestation Sténopé, un procédé photographique. Le monde par le trou d'une aiguille organisée à Rennes et sa métropole qui se déroule de mars à juin 2011 et réunit plusieurs expositions, interventions dans l'espace public et ateliers de pratique. Par les discours croisés d'historiens, de théoriciens et d'artistes, elle a pour ambition de replacer le sténopé dans une histoire de la photographie et de ses enjeux esthétiques, des premières expérimentations au XIXe siècle jusqu'aux pratiques contemporaines.

Distinction entre sténopé et camera obscura, recherche de simplicité technique et vocabulaire de la pauvreté, esthétique de la trace et de l'imperfection, usage du sténopé à l'heure du numérique, seront autant d'aspects que les différentes communications auront pour but d'analyser, des pratiques singulières de Paolo Gioli à celles de Rudolf Steiner, en passant par celles de Jeff Guess et Gabor Ösz ou bien encore d'Abelardo Morell et Marja Pirilä.

  Coordination    Nathalie Boulouch et Mathieu Harel-Vivier
Equipe d'accueil     Histoire et critique des arts (EA 1279) et
                              Arts : pratiques et poétiques (EA 3208) laboratoire : Arts plastiques
        UFR     Arts Lettres Communication

Programme

9h30 > 10h00
Accueil, Introduction : Nathalie Boulouch et Mathieu Harel-Vivier
Modération de la matinée : Nathalie Boulouch


10h00 > 10h30
Martine Bubb
est plasticienne, diplômée des Beaux-Arts de Saint-Etienne. Docteure en philosophie de l'Université de Paris VIII, elle est actuellement chercheuse à la Maison des Sciences Humaines de Paris-Nord et théoricienne invitée aux Beaux-arts de Nantes. Sa thèse La camera obscura. Philosophie d'un appareil vient de paraître chez L'Harmattan.


Sténopé et camera obscura
En guise d'introduction, on reviendra sur la définition du sténopé en posant un certain nombre de références liées à cet objet, pour comprendre en quoi il se distingue de la camera obscura, l'un s'apparentant plutôt à un dispositif et l'autre à un appareil. La spécificité de la camera obscura résidant dans la possibilité de voir l'image à l'intérieur même de la boîte noire, l'expérience ̶ autant spatiale que temporelle ̶ est à l'origine d'une nouvelle forme de sensibilité. Quant au sténopé, c'est son utilisation photographique de l'ordre de la trace, de l'empreinte, qui se révèle déterminante.


10h30 > 11h00
Jean Daubas
est auteur-photographe et partage son activité entre pratique artistique et interventions dans le champs de l'éducation à l'image (photographie : théorie, histoire, technique). Il pratique depuis 20 ans la photographie au sténopé et les procédés alternatifs. Il est l'un des huit fondateurs de la Journée Mondiale de la Photographie au sténopé.


D'un côté, de l'autre… Artistes de l'entre-deux !
D'un côté, le monde, de l'autre côté l'image du monde ! Magique et troublant entre-deux, le sténopé, ce trou minuscule est le lieu de tous les passages : celui du flux lumineux, bien sûr, mais aussi ceux du réel, du temps et de l'espace. À partir de leurs travaux, nous verrons comment les artistes contemporains explorent les innombrables enjeux de cette traversée sténopique : certains utilisent la photographie conventionnelle pour interroger la nature de l'image formée dans la camera obscura, d'autres produisent des photographies directement à l'aide du sténopé pour pouvoir capturer et conserver quelques traces de ces fragiles passages de temps /espaces.


11h00 > 11h30
Daniel Challe
est artiste et enseigne la photographie à l'Ecole supérieure d'Art de Lorient. Depuis, 1993, il poursuit la réalisation d'un journal photographique publié régulièrement : Le cercle, Filigranes, 2005, Fuga, Filigranes, 2007, Baby Box, Diaphane, 2009. Depuis quelques années, il utilise régulièrement des caméra-jouets pour explorer et renouveler sa poétique photographique.


Chronique de l'île : le sténopé, l'image anachronique et l'étendue rêveuse
À travers son projet Chronique de l'île, Daniel Challe abordera des réflexions liées à l'image sténopé. En contestant l'emprise de la technique sur la fabrication des images, l'image sténopé développe une anachronie ̶ voire une uchronie ̶ créatrice de contre-espaces. Tels sont le jardin et l'île : espaces charnels, espaces de la lumière et du corps, espaces de résistance politique qui réactualisent dans la genèse de l'étendue rêveuse du lieu, la préhistoire de la photographie, son enfance.

11h30 > 12h00
Mathieu Harel-Vivier est artiste, doctorant et A.T.E.R. en arts plastiques à l'université Rennes 2. Ses recherches portent sur les principes d'équivalences entre représentation et abstraction dans les pratiques photographiques contemporaines. En 2007, il a soutenu un mémoire de master en arts plastiques Figure de l'absence, une pratique du sténopé.


Retour sur la constitution d'une histoire des usages du sténopé : le « Pinhole Journal »

Loin d'évoluer dans un contexte de diffusion de l'image aussi impressionnant qu'à l'heure actuelle avec Internet, les 66 numéros du Pinhole Journal édités de 1985 à 2006 par Eric Renner et Nancy Spencer aux Etats-unis pourraient révéler ce besoin d'échange d'expériences inhérent à l'élaboration d'une pratique au sténopé. À partir d'une sélection d'un corpus textuel et iconographique du journal, cette intervention a pour ambition d'étudier le rôle de cette initiative dans les usages du sténopé.  Il s'agira également d'analyser les choix éditoriaux, de mise en pages, la place des pratiques et la parole des artistes tels que (Gottfried Jäger, David Lebe, Dominique Stroobant…)


12h00 > 14h30

Discussion, Pause déjeuner
Modération de l'après-midi : Mathieu Harel-Vivier


14h30 > 15h00
Philippe Dubois
est professeur de théorie des formes visuelles à l'université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle, où il dirige le master en Etudes cinématographiques et audiovisuelles et le CRECI (Centre de Recherche en Esthétique du Cinéma et des Images). Il a publié divers ouvrages de théorie sur la photographie, le cinéma et la vidéo. Il a dirigé des revues (Revue Belge du Cinéma) et des collections d'ouvrages «Arts et cinéma» chez De Boeck. En 2011 sortira son livre : Entre Cinéma et Art contemporain : Expériences Vidéo (Yellow Now).


Propositions pour une esthétique de l'image sténopéïque
Paolo Gioli, cinéaste et photographe, n'a cessé de proposer tout au long de son oeuvre, une reprise inventive de dispositifs primitifs. Le sténopé est l'un de ces objets de prédilection, qui lui permet en photographie mais aussi, de façon très originale, au cinéma (avec sa «caméra sténopé» et son Film Stenopeico, 1973-1989), de renouer poétiquement avec une sorte de pensée sauvage de l'image. À partir de son travail et de celui de quelques autres artistes (Jeff Guess, Michel Lamothe, etc.), on essayera, au delà des formes du bricolage et du procédé, de dégager ce qui pourrait être une esthétique de l'image sténopéïque : l'hapticité d'une image sensation, le flou d'être, la tache de lumière, l'absence de cadre, la disparition du photogramme, le tremblement vertical, etc.

15h00 > 15h30
Marc Lenot
est doctorant à l'université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, et prépare une thèse sur la photographie expérimentale contemporaine sous la direction de Michel Poivert. En 2009, il a soutenu un mémoire de master en théorie et pratiques du langage des arts intitulé Invention et retrait de l'artiste, l'exemple du photographe tchèque Miroslav Tichy. Polytechnicien et ancien élève du M.I.T., il  est l'auteur du blog Lunettes Rouges sous l'égide du Monde.


Sténopé et performance ? La présence du corps de l'artiste dans le sténopé

Photographier n'est pas un acte performatif : un photographe n'effectue, avec un appareil ou un sténopé, que des gestes techniques élémentaires. Son corps, hors autoportrait, est absent. Mais, avec le sténopé, l'artiste peut engager son corps dans l'acte photographique de manière performative. Il peut ainsi inscrire son corps dans l'espace même du sténopé (Mandayam, Takeda), transformer une cavité corporelle en chambre obscure (Guess, Hamilton, Seers, Gioli), ou encore activer la prise de vue par une action corporelle violente (Lecourt, Steiner). Ombre, chambre ou déclencheur, le corps de l'artiste devient alors l'acteur d'une performance sténopique. 

15h30 > 16h00
Pause

16h 00 > 16h30
Yannick Vigouroux
est photographe, critique d'art et historien de la photographie. Diplômé de l'Ecole Nationale de la Photographie (Arles), il a été curateur de nombreuses expositions pour Patrimoine photographique (Ministère de la Culture, France). Fondateur en 2005 du collectif d'artiste Foto Povera, il a publié avec Jean-Marie Baldner Les Pratiques pauvres, du sténopé au téléphone mobile (2005). Il utilise principalement des appareils-jouets dont, depuis 1996 une box 6 x 9 (série « Littoralités », consacrée aux bords de mer et zones portuaires), et depuis peu, un sténopé numérique.


Le sténopé dans la photographie contemporaine : une nouvelle pratique ancienne ?
Le principe du sténopé est connu depuis l'Antiquité. Avant l'invention de la photographie, la camera obscura, était couramment utilisée par les peintres. En tant que procédé alternatif, le sténopé, qui fut beaucoup pratiqué par les pictorialistes, allant à rebours d'une utopie techniciste dominante, connaît à nouveau depuis les années 1980 sinon les années 1970, un vif regain d'intérêt chez les artistes, et donne lieu à nombre d'ateliers pédagoqiques.


16h 30 > 17h00
Marie-Noëlle Leroy
est photographe, auteur d'un mémoire de DEA sur Les Frères Bisson et la photographie d'architecture (université Paris-VIII, 1996) et sténopiste assidue depuis une dizaine d'années. Elle propose régulièrement des ateliers autour du sténopé et organise, depuis 2007, les seules expositions internationales de photographie au sténopé en France. Elle compte à son actif une trentaine d'expositions solo et collectives, de nombreux articles, publications et conférences.

La richesse d'une pratique dite pauvre
La pratique sténopique actuelle est-elle vraiment si simple et pauvre qu'on veut bien le dire ? Ces vocables négatifs ont longtemps empêché une juste appréciation des images obtenues. À travers les productions actuelles, on observera quelles imperfections, quelles traces, quelles esthétiques sont recherchées. Ces images mettent à contribution des moyens qui n'appartenaient pas à la photographie traditionnelle, en particulier dans le mode de création. Grâce aux outils numériques, des images d'un genre nouveau déferlent sur nos écrans d'ordinateurs, s'accrochent petit à petit sur les cimaises. La photographie au sténopé possède en effet deux atouts incomparables : sa magie et son humanité.

17h00 > 17h30
Discussion et fin de la journée d'études

18h00
Vernissage
Intérieur fixe à La Chambre claire,
(bâtiment de la présidence)

Contacts :
Nelly Brégeault (secrétariat recherche)
nelly.bregeault@univ-rennes2.fr
N. Boulouch : nathalie.boulouch@uni-rennes2.fr
M. Harel-Vivier : mathieu.harel-vivier@univ-rennes2.fr
Université Rennes 2, Campus Villejean
Bâtiment E, Amphi E2, entrée libre
Place du Recteur Henri Le Moal - 35000 Rennes
Metro Villejean Université