Essai
Nouvelle parution
N. Muchnik, Les prisons de la foi. L'enfermement des minorités (XVIe-XVIIIIe s.)

N. Muchnik, Les prisons de la foi. L'enfermement des minorités (XVIe-XVIIIIe s.)

Publié le par Université de Lausanne

Les prisons de la foi

L’enfermement des minorités (XVIe -XVIIIe siècle)

Natalia Muchnik

 

Presses Universitaires de France

Date de parution: 28/08/2019

Nombre de pages: 360

ISBN: 978-2-13-081514-3

 

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les prisons ont été des espaces d’autonomie, voire de liberté, pour les minorités religieuses clandestines des XVIe-XVIIIe siècles. Récusants catholiques dans l’Angleterre protestante, crypto-protestants français après la révocation de l’édit de Nantes, morisques et marranes qui pratiquaient l’islam ou le judaïsme dans l’Espagne inquisitoriale, en ont fait des lieux de résistance, de culte et de sociabilité. Ils y ont laissé des graffiti, rédigé des lettres ou des livres, propagé des rumeurs et dissimulé des objets. L’expérience de l’incarcération et la figure du détenu ont alors acquis une fonction centrale dans la construction de ces communautés, dont la résistance à la répression passait par le sentiment du sacré et l’usage du secret.

Natalia Muchnik propose à travers cette exploration vivante des prisons d’Ancien Régime, et du sort des minorités religieuses en leur sein, une étude novatrice des lieux d’enfermement.

Sommaire

Introduction

Chapitre I – Les portes ne sont jamais fermées…
Les espaces carcéraux : spécificités et diversité
La multiplicité des lieux de réclusion
Pénitence et mise à l’écart
Un isolement relatif

Chapitre II – Des hommes de toutes conditions
Les minorités recluses
Reproduction des inégalités sociales…
…ou recomposition des rôles sociaux ?

Chapitre III – Entre maintien de l’ordre et conversion…
Les geôliers, proximité et distance
Magistrats et avocats
Les convertisseurs

Chapitre IV – Les minorités enfermées
« Résister »
La langue du secret
La formation de communautés liturgiques

Chapitre V – Les prisons, lieux du sacré
Inscrire sa présence
Sacraliser l’espace
La discordance des temps

Chapitre VI – La douleur de la foi
Sublimer la souffrance
Carnets de prison
Partager

Chapitre VII – Les prisons dans la ville
Des espaces non-clos ?
Du « périmètre sensible » ou l’effacement de la frontière
La prison hors-les-murs
De la cellule à l’échaffaud

Chapitre VIII. – L’expérience carcérale dans les diasporas modernes
Les prisons, pôles du territoire communautaire
La circulation de l’information
La contagion
Le front de la « vraie » foi

Conclusion
Sources  Bibliographie  Index des noms propres  Remerciements  Table

Natalia Muchnik, directrice d’études à l’EHESS, a travaillé sur la diaspora séfarade et l’Inquisition, et mené une étude comparée des diasporas modernes. Elle est notamment l’auteur de De paroles et de gestes. Constructions marranes en terre d’Inquisition (Ehess, 2014) et de L’Europe des diasporas – XVIe-XVIIIe siècle (Puf, 2019).

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"La possible prison", par Vincent Milliot (en ligne le 3 décembre 2019)

La prison sous l’Ancien Régime existe-t-elle ? Longtemps, elle n’a pas été considérée comme un véritable objet historique pour les périodes précédant le XIXe siècle, et les recherches se faisaient rares, du moins en France. Lieu de passage, dépôt pour les prévenus en attente de jugement ou d’exécution de leur peine, elle semblait absente – à tort – de l’arsenal des peines. Avant le triomphe du réformisme judiciaire et de l’utilitarisme pénal des Lumières, consacrés par la Révolution française, l’enfermement n’aurait suscité que peu de réflexions dans la société. Une nouvelle génération de travaux, en histoire médiévale et plus récemment en histoire moderne, vient bousculer ces vues. C’est le cas des livres de Sophie Abdela, La prison parisienne au XVIIIe siècle, et de Natalia Muchnik, Les prisons de la foi.