Connu pour Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle (1958) et L’Assassinat de Paris (1977), Louis Chevalier est aussi l'auteur d'un essai sur Montmartre du plaisir et du crime, auquel les éditions La Fabrique viennent d'offrir une nouvelle jeunesse. Sous le déguisement d'un ouvrage savant signé par un professeur du Collège de France, on retrouvera une féerie que traversent des personnages fabuleux, Salis au Chat Noir, Bruant au Mirliton, Lautrec au Moulin Rouge avec la Goulue et Valentin, et Yvette Guilbert, Damia, Frehel… De belles courtisanes aussi : Liane de Pougy, la belle Otero, Émilienne d’Alençon, qui côtoient Barrès et Mac Orlan, Carco et Zola ; Gervaise dans son lavoir de la rue des Islettes, et Nana… Les lieux parcourus sont ceux du crime et ceux du plaisir : il faut accepter de se perdre entre Barbès et Clichy, pour se laisser aller à un plaisir non défendu, l’enchantement de l’écriture et d’une impeccable érudition. Rappelons à cette occasion l'essai de D. Kalifa : Les Bas-fonds. Histoire d’un imaginaire (Seuil), dont V. Platini a rendu compte pour Acta fabula (À la lumière des bas-fonds) ; mais aussi l'anthologie Un joli monde. Romans de la prostitution, établie par D. Grojnowski et M. Dottin-Orsini (R. Laffont, coll. "Bouquins"), qui réunit les héroïnes de Maupassant, Jean Lorrain, Charles-Louis Philippe, J.-K.Huysmans ou Léon Bloy, et de quelques romanciers oubliés : Paul Adam (Chair molle) ou Eugène Montfort (La Turque). (Illustr. : Toulouse-Lautrec)