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Lire et produire des bandes dessinées à l'Ecole

Lire et produire des bandes dessinées à l'Ecole

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Cécile Lançon)

Lire et produire des bandes dessinées à l'Ecole

30 années se sont écoulées depuis le premier colloque international consacré aux liens entre bande dessinée et enseignement. Celui-ci s'était tenu en 1979 à La Roque d'Anthéron et avait donné lieu aux Actes Histoire et bande dessinée publiés la même année. De fait c'est principalement dans le champ disciplinaire de l'histoire que la réflexion pédagogique s'est poursuivie, à travers l'ouvrage collectif dirigé par Pascal Ory, Histoire par la bande, bande dessinée, histoire et pédagogie publié chez Syros en 1993. Les liens entre bande dessinée, pédagogie et littérature n'ont quant à eux jamais fait l'objet d'un colloque spécifique. Le tout premier colloque consacré à la bande dessinée et l'enseignement du français s'est tenu en avril 2008 à l'UQAR (campus de Lévis), mais son orientation visait moins la didactique de la littérature en elle-même que l'usage prétexte de la bande dessinée dans une perspective croisant la linguistique et les sciences de l'éducation.

Les deux dernières décennies ont pourtant vu un renouvellement complet des problématiques littéraires liées à l'usage scolaire du médium.

Tout d'abord les études en sociologie de la lecture, dans le courant des années 80, ont montré que face à l'évolution et aux mutations du public scolaire, il était nécessaire de repartir des pratiques réelles des élèves et de leurs intérêts, afin d'éviter les effets d'exclusion à l'égard de la culture écrite.[1]

Dans le courant des années 90, les recherches sur la paralittérature et la littérature populaire[2] ont conduit à repenser l'approche du champ littéraire : celui-ci s'est élargi à la notion de « culture médiatique », pour reconnaître aux fictions de masse la capacité de cristalliser les représentations collectives et la sensibilité historique d'une époque, autant que peut le faire la production restreinte de la littérature légitimée. Il apparaît alors que les stéréotypes dont peut user la bande dessinée ne sont pas la dégénérescence de motifs originaux inventés par la littérature d'avant-garde. Ce sont des codes sociaux que la fiction de masse ne fait qu'arranger et manier selon un axe de plus grande communicabilité.

Dans le courant des années 2000, la théorisation sur le fonctionnement du médium a franchi un pas décisif à travers l'approche néo-sémiotique de Thierry Groensteen (Système de la bande dessinée, PUF, 1999), suivi de l'essai théorique de Harry Morgan (Principe des littératures dessinées, éditions de l'An 2, 2003), qui ont conduit à inscrire pleinement la bande dessinée dans le champ des « littératures dessinées ». Depuis 2002, en France, la BD a du reste fait l'objet d'une reconnaissance officielle comme littérature légitime de la part du Ministère de l'Education nationale. Inscrite parmi les « six catégories » de la « liste de référence des oeuvres de littérature de jeunesse pour le cycle 3 », elle est fortement présente également dans les listes des ouvrages recommandés par le livret d'accompagnement pour chacun des cycles du collège.

Cette revalorisation officielle ne produit pas pour autant un parfait consensus à son égard, en particulier parce que l'on méconnaît souvent les théories critiques qui la légitiment. Si la bande dessinée est entrée peu à peu dans les bibliothèques scolaires, les manuels et les cours, plutôt de français que d'arts plastiques, elle est utilisée le plus souvent pour enseigner autre chose qu'elle-même : elle habille les exercices de grammaire de nouveaux atours, ou sert d'illustration pour telle ou telle notion de narratologie. Dans les classes, force est de constater qu'on n'étudie pas encore d'album de BD comme oeuvre intégrale.

Le retard en l'occurrence provient surtout de la réflexion pédagogique et didactique, qui ne s'est pas véritablement saisie d'un objet littéraire encore perçu comme secondaire et marginal. Il manque en particulier une modélisation des difficultés qu'implique l'étude du médium, tant du point de vue de la socialisation du livre en classe, des compétences de lecture spécifiques mobilisées par le récit séquentiel en images, de la production d'écrit à caractère scénaristique, que des critères d'évaluation des productions d'élèves.

Les théories littéraires de la réception, qui soulignent le rôle actif du lecteur en tant que sujet producteur du sens[3], ont certes renouvelé la didactique de la littérature à l'Ecole : les travaux de Catherine Tauveron, en particulier, en mettant l'accent sur le texte littéraire comme ère de jeu programmant ses propres difficultés de compréhension et d'interprétation, ont profondément renouvelé la pratique scolaire de l'album pour enfant et du roman jeunesse, pour solliciter la participation active des élèves face à des textes « réticents » ou « proliférants ».[4] Mais tout se passe comme si ces différentes avancées s'arrêtaient au seuil de la bande dessinée, qui n'est presque jamais pris comme exemple de support.

Dans le prolongement du colloque « bande dessinée et enseignement du français » qui s'est tenu à l'UQAR (campus de Lévis) en avril 2008, le colloque international organisé par le CEDILIT vise à ouvrir le champ de la réflexion pédagogique et didactique sur l'usage scolaire du médium dans le cadre plus particulier de la classe de littérature. Les cycles d'enseignement privilégiés seront ceux de l'école primaire, du collège et du lycée, mais une ouverture sera faite aux expériences pédagogiques menées à l'Université.


[1] Voir Galland Olivier, Les Jeunes, Paris, La découverte, coll. « Repères », 1985 et  Singly François (de), Lire à 12 ans, Paris, Nathan, 1989.

[2] Voir Daniel Couégnas, Introduction à la paralittérature, Paris, Seuil, 1992, coll. « Poétique ».

[3] Voir W. Iser, L'acte de lecture. Théorie de l'effet esthétique, Bruxelles, Mardaga, 1985 et J-L. Dufays, L. Gemenne, D. Ledur, Pour une lecture littéraire, vol. 1, Bruxelles, De Boeck Duculot, 1996.

[4] Voir Catherine Tauveron (dir.), Lire la littérature à l'école, Paris, Hatier, 2002.


Lire et produire des bandes dessinées à L'Ecole

18-20 mai

Maison des langues et des cultures – Université Stendhal Grenoble3

Mardi 18 mai 2010


8h30 : Accueil des participants

9h 00 : Ouverture 

Lise DUMASY, Présidente de l'Université Stendhal

Chantal MASSOL, Directrice de Traverses 19-21 (EA 37 48)

Nicolas ROUVIERE (MCF didactique de la littérature, Grenoble 1, IUFM)


Etat des lieux sur les pratiques scolaires.

De la BD-prétexte à l'étude du médium pour lui-même : quels enjeux culturels, quels obstacles didactiques ?

Matin : 

9h30 : Harry MORGAN (théoricien de la BD, auteur) : De l'amélioration de la presse enfantine à la production de bandes dessinées en classe (1949-2009).

10h00 : Bernard TABUCE (Université Montpellier 3) : Une urgence iconologique qui dure : l'enseignement de la BD au collège. Rahan peut-il espérer dégraisser le mammouth ?

11h00 : Jean-Maurice ROSIER (Université libre de Bruxelles, Belgique) : Leurre pédagogique ou pratique de retrait : la BD à l'école.

11h30 : Laurence CORROY (Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle)

Marie-Christine LIPANI-VAISSADE (Université Bordeaux 3) : Des bulles au tableau noir : pour une éducation à la bande dessinée.


Après-midi:

14h00 : Marianna MISSIOU (Université de l'Egée, Rhodes, Grèce) : Enjeux éducatifs contemporains et bandes dessinées.  

14h30 : Jean-François BOUTIN (Université du Québec à Rimouski ) 

Michaël GREGOIRE (Université du Québec à Rimouski ) : L'apport de la recherche-développement dans l'exploitation de la bande dessinée en contexte scolaire : un aperçu de la démarche de recherche et des activités pratiques pour la classe de français.

15h30 : Jean-Pierre THOMAS (Université York, Toronto, Canada) : Enseigner la bande dessinée en Amérique du nord : l'album ou le graphic novel ?

16h00 : Mohamed BAHI (Université de Beni-Mellal, Maroc) : La bande dessinée entre lecture récréative et support didactique : le cas du Maroc.

16h30 : Matteo STEFANELLI (Université de Milan, Italie) : Ordre et désordre. Pour une pédagogie de la BD au-delà de la dialectique textes- images


Mercredi 19 mai 2010


La bande dessinée en classe de français : quelle didactique pour une approche littéraire et plastique du médium ?

Matin :

L'adaptation d'oeuvres littéraires en BD

9h00 Jean-Paul MEYER (Université de Strasbourg) : A propos des albums de BD adaptées de romans : de la transposition littéraire à la transposition didactique.

9h30 : Brigitte LOUICHON (Université Bordeaux 4, IUFM d'Aquitaine) : Fables en BD- La contrainte du texte.

10h00 : Guillaume PERRIER (Université Grenoble 1, IUFM de Chambéry) : Lire Proust en BD

L'étude de la BD en oeuvre intégrale

11h00 : Nicolas ROUVIERE (Université Grenoble 1, IUFM de Grenoble) : Etudier un album BD en oeuvre intégrale au cycle 3 : quelles spécificités didactiques ?

11h30 : Evelyne BEDOIN ( Université de Picardie, IUFM d'Amiens): Comment des enseignants de cycle 3 tentent de concilier approche formelle de la bande dessinée et lecture littéraire : l'exemple du Paradis des cailloux.

Après-midi:

Auteurs et éditeurs pour enfants : quel projet éducatif ?

14h00: Christiane CONNAN-PINTADO (Université de Bordeaux 4, IUFM d'Aquitaine) Instruire et plaire : le projet éducatif et culturel d'Yvan Pommaux.  

14h30 : Marie LALLOUET (rédactrice en chef de J'aime lire et Dlire) : La bande dessinée comme elle se fait.

15h30 : Catherine BRASSELET (Université de Valenciennes) : De l'influence de la bande dessinée sur l'album pour enfants.

16h00  : Mireille BAURENS (Université de Lyon 1, IUFM de Lyon)

Fanny LIGNON (Université de Lyon 1, IUFM de Lyon) : Lanfeust de Troy : la BD au service d'une égalité de « genre ».

Atelier 1

Présentation d'expériences pédagogiques sur la BD à l'école primaire

14h00 : Nathalie LEMIEUX (Université du Québec à Rimouski, Canada) : L'enseignement explicite de stratégies de compréhension à partir de la lecture de bande dessinée auprès de garçons à risques : problématique, méthodologie et résultats préliminaires. 4h30 : Angélique PERRONET (Ecole Jules Ferry, Grenoble) : Etudier un album de BD au CM1 : l'exemple de Petit vampire va à l'école.

15h30 : Patrice GENTILHOMME (Ecole d'application, Tours) : Témoignage pédagogique : une classe littérature-BD au cycle 3.

16h00 : Marianne BERISSI (Université de Provence,IUFM Aix-Marseille) : Etudier la BD sans texte : Là où vont nos pères, une initiation complexité narrative.

Atelier 2 :

Lire et produire des bandes dessinées au collège

14h00 :Liliane CHEILAN(Institut international Charles Perrault, Eaubonne) : Les rapports texte-images dans deux adaptations en bande dessinée de Frankenstein de Mary Shelley : quelles pistes de découvertes ?

14h30 : Claire SIMON (CIBDI, Angoulême) : Un projet annuel dans une classe de 4e « ambition réussite » : l'adaptation d'oeuvres littéraires en bande dessinée. Quels gains pour les apprentissages ?

15h30 : Marie RESTOIN (CIBDI, Angoulême) : Les 99 exercices de style de Matt Madden, ou comment initier les élèves de collège à l'art de la BD.

16h00 : Alain DEMARCO (Université de Nice, IUFM) : Comment intégrer l'étude et la fabrication de planches dans le cours de lettres, une préoccupation d'enseignant et de formateur.

Atelier 3 :

Etudier la BD au Lycée

14h00 : Daniel SALLES (Collège de l'Europe, Bourg de Péage) Perrine DOMAINE DEVEVEY(Collège La Mandallaz, Sillingy) : Bande dessinée et éducation aux médias.  

14h30 : Bernard SPEE (Collège Saint-Hadelin à Visé, Belgique) : Analyser et produire une séquence onirique en bande dessinée : l'exemple du rêve du capitaine Haddock dans Tintin au Tibet.

15h30: Judith ROSENFELD (Lycée professionnel André Cuzin de Caluire) : Etude d'une oeuvre complète / Lecture d'image / oeuvre à double voix Les quatre fleuves, policier Fred Vargas, Baudoin, éditions Viviane Hamy, collection chemins nocturnes, France, 2000.

16h00 : Vincent MARIE (Lycée Philippe Lamour de Nîmes) : Enseigner la souffrance et la mort à partir de C'était la guerre des tranchées, de Tardi.

Jeudi 20 mai 2010

La bande dessinée au service d'autres apprentissages.

Matin :

Bande dessinée et histoire

9h00 : Philippe MARION  (Université de Louvain-la-Neuve, Belgique)  Les "14-18" de Jacques Tardi. Constantes graphiques et diversités des sensibilités historiques.

9h30 : Joël MAK DIT MACK (Lycée professionnel de Thizy, Rhône) : Histoire culturelle et bande dessinée : pistes méthodologiques et propositions pédagogiques pour l'étude d'oeuvres complètes en classe.

10h30 : Sylvie Dardaillon (Université Orléans-Tours, IUFM)

Christophe Meunier ( Université Orléans-Tours, IUFM) : Dire l'indicible : la Shoah dans la Bande Dessinée. Approches historiographique, littéraire et didactique.

11h00 : Thierry CREPIN (Lycée Guy Mollet, Arras) : Histoire et bande dessinée. La propagande dans la bande dessinée sous l'occupation : de la recherche à l'exploitation pédagogique.

11h30 : Julie GALLEGO (Université de Pau et des Pays de l'Adour) : La bande dessinée historique dans l'enseignement supérieur.

Après-midi :

Langue, culture et civilisation


14h00 : Marianne JACQUET (Université de Colombie Britannique)

Isabelle CÔTE (Université de Colombie Britannique) : Le rôle de la BD dans la formation des maîtres en contexte culturel et langagier minoritaire en Colombie-Britannique.

14h30 : Tatiana BLANCO CORDON (Université de Clermont-Ferrand ) : Eléments de réflexion pour l'exploitation du récit de bande dessinée dans la pratique de l'espagnol langue étrangère.

15h30 : Marc BLANCHER (Université Eberhard-Karl de Tübingen) : Enseigner la bande dessinée (francophone) dans le monde germanophone : moyens, méthodes, apports et perspectives.

16h00 : Sylvie MARTIN-MERCIER (Université Grenoble 3) : La bande dessinée à l'université : exemples d'exploitation de la BD en filière italien LCE (Université Stendhal).

16h30 : Youmna TOHME (Centre international d'études pédagogiques) : L'exploitation de la bande dessinée en cours de langue et civilisation françaises.

17h00 : Conclusion et clôture du colloque

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