Questions de société

"Les recalés de l'agrégation saisissent le Conseil d'État" (Rue89)

Publié le par Arnauld Welfringer

Par Hélène Decommer | Etudiante en journalisme | 30/04/2009 | 19H12

"Les candidats recalés au concours del'agrégation en raison de leur retard, dû à une panne SNCF en gare duNord, ont saisi ce jeudi matin le Conseil d'Etat. Ils y ont déposé unrecours au fond et une une requête en référé de suspension.

Ils sont une trentaine, soutenus par leur avocate Corinne Lepage, à saisir la justice comme dernier espoir pour débloquer leur situation.

Jeudi 2 avril, vers 6 h 30, black-out completà la gare du Nord : le trafic est totalement arrêté sur les lignes desRER B et D. Parmi les voyageurs bloqués, des dizaines de candidats auconcours de l'agrégation qui se déroule le jour même à 9 heures, à laMaison des examens d'Arcueil.

Commence alors une course effrénée pourune soixantaine de candidats qui tentent de rejoindre le centred'examen. La plupart arrive entre 9 h 01 heures et 9 h 15, ils trouventles portes fermées. Interdiction de rentrer après l'heure de début desépreuves, ils restent sur le trottoir avec le sentiment d'avoir perduune année de travail.

Rupture d'égalité

Pour ces jeunes gens recalés, il y a eurupture d'égalité entre les candidats. Pas pour le ministère del'Education nationale. Au lendemain de l'incident, Xavier Darcos,ministre de l'Education, décide qu'aucune solution de rattrapage n'est possible pour les candidats retardataires.

Le 15 avril, une délégation représentantl'ensemble des candidats recalés est reçue par la direction desaffaires juridiques du ministère de l'Education. Cette dernièreconfirme la décision du ministre, arguant qu'il n'y a pas eu de cas deforce majeur, qui aurait pu entraîner un retard du début de l'épreuve.

Philippe Nken Ndjeng fait partie des recalés qui ont saisi la justice ce jeudi matin :

« Le recours au Conseild'Etat est notre ultime chance. Depuis le 15 avril, nous n'avons aucunenouvelle du ministère ni du médiateur de l'Education nationale, à quij'ai pourtant adressé plusieurs courriels. Le Conseil d'Etat estmaintenant la seule instance à être compétente pour régler notre sort. »

« Les organisateurs du centre d'examen ont été prévenus »

Les étudiants retardataires ont déposéun recours au fond, tendant à faire annuler la décision de XavierDarcos de ne pas réorganiser d'épreuve, et un référé suspension, afinque l'affaire soit jugée plus rapidement, normalement sous troissemaines. Corinne Lepage, avocate des candidats recalés :

« Nous nous appuyons sur lerèglement du concours, qui n'interdit pas l'entrée quand les portessont fermées mais quand les enveloppes contenant les sujets sontouvertes. Or de nombreux candidats sont arrivés avant l'ouverture desenveloppes.

« D'autre part, lesorganisateurs du centre d'examen ont été prévenus très tôt de la pannepar la SNCF, avec qui ils sont en contact permanent. Des informationserronées ont également été transmises aux candidats par la SNCF,notamment qu'il n'y aurait pas de train avant midi alors qu'il y en aeu. »

Philippe Nken Ndjeng passait l'agrégation d'histoire pour la seconde fois. Il explique :

« Nous voulons juste avoir le droit de composer. Je suis boursier etpour obtenir une bourse l'année prochaine, je dois prouver monadmissibilité au concours. Inutile de dire que pour moi, l'enjeu estplus que décisif. »

Le référé suspension permet normalementun examen immédiat du dossier par le Conseil d'Etat. Les candidatsmalheureux espèrent obtenir une réponse juridique avant la publicationdes résultats du concours, à la fin du mois de mai."