Questions de société
Les épreuves des concours de recrutement des enseignants (communiqué CD-IUFM, 3/10/8).

Les épreuves des concours de recrutement des enseignants (communiqué CD-IUFM, 3/10/8).

Publié le par Marc Escola

Communiqué de presse CD-IUFM
Vendredi 3 octobre 2008



Les épreuves des concours de recrutement des enseignants


La réforme annoncée du recrutement et de la formation des enseignants remet en
chantier les épreuves des concours.

Désormais, tous les professeurs seront recrutés au niveau master. Une formation
de niveau master se caractérise par son adossement à la recherche. Les études pendant
le master permettent une première prise de contact des étudiants avec les résultats de la
recherche mais aussi avec les méthodes de recherche. Les épreuves de concours doivent
faire écho à cela si l'on ne veut pas voir les masters visant les professions enseignantes
dévalués, car réduits à la révision des programmes de licence en préparation des
épreuves du concours.

La nature même de ces épreuves détermine bien plus qu'on pourrait le penser au
premier abord la future pratique professionnelle des enseignants recrutés. Ce qui est
demandé aux candidats aux concours - travailler d'arrache pied dans le cadre de la
formation qui prépare aux épreuves - aura tendance à s'imposer comme référence, voire
comme modèle, tout au long de leur carrière.

Ainsi il est institué une épreuve de « culture disciplinaire ». On doit entendre par
culture disciplinaire d'une part les savoirs de la discipline et d'autre part la manière dont
ces savoirs ont été produits (épistémologie), les méthodes de recherche dans la discipline
concernée, les enjeux sociaux et la manière dont on se sert de ces savoirs disciplinaires
dans la  société contemporaine... 
Il y a tout lieu d'espérer que le futur enseignant prendra en compte toutes ces
dimensions dans son enseignement permettant ainsi aux élèves de donner plus de sens à
leur activité scolaire, plutôt que n'enseigner que des résultats et à n'exiger de ses élèves
qu'une restitution de savoirs.
Pour que le professeur puisse répondre à l'interrogation des élèves « A quoi ça
sert (d'étudier telle ou telle discipline) ? » il faut qu'il se soit déjà posé ce type de
question, au cours de sa formation professionnelle et que l'épreuve du concours consacre
une part significative à ce genre de questionnement.

Une épreuve nouvelle est annoncée : de « connaissance du système éducatif ».
Elle ne doit pas se réduire à la récitation de connaissances factuelles mais inviter
explicitement à la réflexion. Certes, il est souhaitable que tout futur enseignant puisse
avoir une connaissance précise du fonctionnement de l'institution dans laquelle il va
travailler. Mais plus encore, une connaissance de l'histoire de cette institution, des
problèmes qui se sont présentés à elle, des enjeux qui la traversent aujourd'hui, des
missions qui lui sont assignées, des différences avec d'autres systèmes éducatifs
européens... apparaissent indispensables pour que le futur enseignant puisse pleinement
agir dans le système éducatif français. Cette épreuve gagnerait à inviter explicitement le
candidat au questionnement et à la réflexion sans se restreindre à la vérification de
connaissances acquises.

La troisième épreuve porte sur « l'organisation et la planification d'un
enseignement ». Comment vérifier une telle compétence ? On peut a priori s'imaginer
qu'il suffit d'organiser une épreuve pratique dans laquelle le candidat fait cours, ce qu'il
est convenu d'appeler une « leçon », pour vérifier la maîtrise de cette compétence. Mais
« faire cours » n'est pas « faire classe », il y manque d'authentiques élèves. La leçon,
même modèle, que le jury voit se dérouler peut résulter de mises en oeuvre routinières,
de répétitions mécaniques - voire mimétiques - d'un enseignement, pas toujours
nécessairement réfléchies. 
Bien plus intéressante est l'épreuve qui demande au candidat de présenter,
d'expliquer, de justifier et d'argumenter - au nom de la rationalité et de l'éthique - les
choix professionnels qui seraient les siens pour enseigner tel contenu dans telle classe
particulière. Pour plus de pertinence on peut appuyer cette présentation sur les
expériences d'enseignement que le candidat a du avoir tout au long de sa formation,
sous la forme de stages dans les établissements scolaires.
Un métier qui recrute à Bac + 5 ne saurait être un métier de l'exécution et de la
répétition. Le métier d'enseignant est un métier de création. L'enseignant est un
« ingénieur » en matière éducative : c'est ce que signifie la « liberté pédagogique » qui
lui est reconnue. 
Dans cette épreuve aussi la réflexion sur la démarche est plus importante que le
résultat auquel elle parvient.

Pour conclure, il faut insister sur la nécessité de mettre la réflexion au centre de
toutes les épreuves de tous les concours de recrutement des enseignants.
C'est à ce prix que la formation universitaire des enseignants, les masters,
pourront jouer pleinement leur rôle, mais c'est aussi à ce prix que la réflexion pourra
s'installer au coeur des pratiques professionnelles des futurs enseignants.
Nous savons que le système éducatif est en permanente évolution, en réponse
aux mutations de la société française. Une formation et un recrutement qui privilégient la
réflexion plus que la restitution et la répétition donneront aux futurs enseignants les
atouts qui leur permettront de s'adapter aux changements que le système éducatif
français ne manquera pas de connaître. 


Contacts  presse   

Conférence des directeurs d'IUFM 

Sandra VIÉ 
Chargée de communication
Tél. 01 44 32 92 47
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