Le roman français contemporain face à l'Histoire. Thèmes et formes
Colloque international organisé par Gianfranco Rubino et Dominique Viart
Depuis une bonne trentaine d’années, nombre d’écrivains français ne cessent d’assumer l’Histoire comme sujet ou comme contexte de l’intrigue de leurs récits. Ce regard rétrospectif ne connaît pas de bornes. Il est adressé notamment vers le vingtième siècle, dont il explore les périodes cruciales et les événements saillants (mai ‘68 et années de la contestation, décolonisation, Occupation, seconde guerre mondiale, Shoah, Grande guerre), sans oublier les décennies encore plus proches de nos jours (années ’80 et ’90, voire fin et début de siècle). Mais la remontée temporelle va encore plus en arrière, vers d’autres siècles et d’autres périodes, voire jusqu’à la préhistoire, dans une interrogation des origines.
Qu’elle soit au centre ou en marge du récit, l’évocation historique n’embrasse pas seulement de grands événements politiques et des problèmes sociaux, mais peut s’étendre à l’ambiance culturelle de telle ou telle époque, dont elle interroge par exemple des personnages représentatifs par de multiples biais : il suffit de songer aux fictions biographiques.
Quels sont les modes de restitution de ce passé historique ? Plusieurs travaux collectifs et individuels ont déjà défriché ce terrain. Mais on peut encore se poser certaines questions :
D’abord, comment a-t-on traité le vingtième siècle, avec ses sous-périodes, et les siècles précédents ? Y-a-t-il des constellations de thèmes et de motifs que l’on puisse extraire de ces ouvrages, indépendamment ou en fonction des sujets envisagés ? Existe-t-il en d’autres termes des constantes et des variantes ?
De même, peut-on identifier des dispositifs récurrents qui véhiculent les itinéraires rétrospectifs, tant au niveau textuel qu’au niveau de l’intrigue ? Quelles sont les formes narratives qui permettent d’assurer le relais temporel et la perception d’une époque ?
Comment ces thèmes et ces choix formels permettent-ils de distinguer le roman contemporain ayant affaire à l’Histoire du roman historique “traditionnel ” ?
Quel est enfin le sujet que le roman ayant affaire à l’Histoire dessine et circonscrit ? Comment ce sujet, en tant qu’auteur et/ou personnage, vit-il ce régime de temporalité écartelé entre présent et passé ?
Ce sont-là des questions auxquelles les trois journées de colloque souhaitent apporter des réponses possibles grâce aux interventions de critiques, d’historiens, d’écrivains.
Programme
Giovedì 13 giugno 2013 - Ore 9.30
Apertura dei lavori: Gianfranco Rubino (Sapienza Università di Roma) - Dominique Viart (Université Lille 3, IUF)
La Littérature et l’Histoire
Judith Lyon-Caen (EHESS, Paris) – Barbey d’Aurevilly et les troubles du temps : roman historique et historiographie romanesque
Lucie Lagardère (Sapienza Università di Roma) – Événement révolutionnaire, fractures narratives et ruines ontologiques en contexte post-révolutionnaire
Vers d’autres siècles
Patrick Boucheron (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) – Dissiper l’aura des grands noms
Federico Corradi (Larc, Università G. Marconi, Roma) – Tromper la mélancolie par des assauts de passé : les fictions biographiques et le XVIIe siècle
Ore 15.30
Des modèles littéraires pour dire l’Histoire
Emmanuel Bouju (Université Rennes 2) – Force diagonale et compression du présent. Quelques propositions sur le roman « istorique » contemporain
Dominique Viart (Université Lille 3, IUF) – Globalisation & synchronie historiques : Patrick Deville, Histoires parallèles
Laurent Demanze (ENS, Lyon) – Vestiges du temps et restes de l’histoire selon Jean-Yves Jouannais
Jean-François Hamel (Université du Québec, Montréal) – L’insurrection qui revient. Les dispositifs d’action directe de Nathalie Quintaine et de Jean-Marie Gleize
Venerdì 14 giugno 2013 - Ore 9.30
À travers le XXe
Gianfranco Rubino (Sapienza Università di Roma) – Le court XXe siècle : traversées de l’Histoire
Anne-Marie Garat (scrittrice) – Petit éloge du biais
Flavia Conti (Larc, Roma) – Nos histoires : des générations en quête de leur passé
Guerre et Littérature
Pierre Schoentjes (Universiteit Gent) – Emblèmes romanesques de la Grande Guerre
Dialogo : Jean Rouaud (scrittore) e Stéphane Audoin-Rouzeau (EHESS, Paris) – Les champs d’honneur, et ce que les historiens de la Grande Guerre ne voyaient pas
Ore 15.30
Fiction et Décolonisation
Alexis Jenni (scrittore) – Par la fiction, les tensions les plus vives parfois s’abolissent
Valerio Cordiner (Sapienza Università di Roma) – Je et les autres. Le sujet français dans la guerre d’Algérie
Veronic Algeri (Larc, Università di Roma tre) – Mémoire coloniale et Immigration : comment raconter cette histoire ?
De l’Histoire au roman
Éric Vuillard (scrittore) dialoga con Pierre Schoentjes (Universiteit Gent)
Sabato 15 giugno 2013 - Ore 9.30
Histoires politiques
Silvia Disegni (Università di Napoli Federico II) – Raconter les histoires de l’Histoire : la Commune réinventée
Jean-Bernard Vray (Université Jean Monnet, Saint-Étienne) – Regards sur la Terreur et ses avatars
Paolo Tamassia (Università di Trento) – La révolution du désir et l’héritage de mai 68 : Houellebecq et Lacan via Zizek
Annalisa Bertoni (ESBA, Nîmes) – Paroles ouvrières, entre mémoire et témoignage
Discussione finale