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Le portrait photographique d'écrivain

Le portrait photographique d'écrivain

Publié le par Natalie Maroun (Source : Denis Saint-Amand)

Selon Pierre Sorlin, 4/5e des clichés photographiques du XIXe siècle seraient des portraits (Les Fils de Nadar, Nathan, 1997). Bourgeois et artistes, écrivains et comédiens, gens d’église et gens de science, Versaillais et Communards, nul n’échappe, quoi qu’il en dise, au rapt photographique ni ne résiste longtemps, s’il s’en défie, à la construction photographique de sa propre représentation. En 1856, le dessinateur Marcelin, en confrontant, dans Le Journal amusant, l’image peinte de quelques célébrités de la vie des lettres et des arts tels que Delacroix, Ingres ou Dumas à leur portrait photographique, afin de faire valoir la supériorité du dessin sur le cliché dans la saisie de la personnalité intime d’un artiste, en faisait la preuve par le contraire : entre 1840 et 1880, l’essor du portrait photographique tient d’une révolution esthétique et culturelle, grosse de puissants effets sur la représentation et la réception de l’écrivain, vu à la fois comme acteur de la vie littéraire, comme personnage social et comme effigie symbolique.

L’omniprésence du portrait photographique et son poids croissant sur les représentations collectives de l’écrivain au fil du XIXe siècle n’ont pourtant guère encore été étudiés de façon approfondie et systématique. L’une des raisons en est, sans doute, que, dans un espace scientifique très compartimenté, la photographie d’écrivain émarge à différentes disciplines qui n’ont que très rarement l’occasion d’entrer en dialogue fécond, telles que la sémiotique, l’histoire de l’art, l’esthétique, la sociologie, l’histoire littéraire ou encore l’histoire culturelle. Une autre raison en serait que le médium photographique colonise, au fil du siècle, des supports et des modes de diffusion de plus en plus divers, qu’ils relèvent du portrait carte, de la presse, du livre ou bien encore de l’image et de l’affiche publicitaires.

Les deux journées d’études interdisciplinaires du 6 et 7 juin, organisées en collaboration entre Paris IV et l’Université de Liège, entendent contribuer à combler cette lacune et éclairer sous différents aspects, avec l’apport de plusieurs méthodes, l’histoire des formes et des usages du portrait photographique d’écrivain de 1839 à l’époque contemporaine, quel qu’en soit le support de diffusion. Ce sera aussi l’occasion d’envisager les rapports qu’il entretient non seulement avec d’autres formes de représentation (tableau, dessin, gravure, caricature, etc.), mais aussi, de façon seconde et redoublée, avec la représentation ou l’usage littéraire que l’écrivain lui-même en fait dans son œuvre, tous genres confondus (fiction, chroniques, pamphlets, correspondance, légendages ou dédicaces de photos, détournements parodiques, etc.).

Programme

Jeudi 6 juin

8h45 Accueil des participants par Martine Lavaud, Jean-Pierre Bertrand et Pascal Durand

9h Maria Giulia Dondero (FNRS, ULg), « Les approches sémiotiques du portrait photographique entre “air” et identité »

10h Marc-Emmanuel Mélon (ULg), « Portrait de l'écrivain absorbé : mise en scène photographique d'une posture picturale »

11h Martine Lavaud (Paris IV), « Envisager le texte : le portrait photographique dans les histoires littéraires (de Nadar à Gisèle Freund) »

Déjeuner

14h Pascal Durand (ULg), « “Et, moi, je paraphe” : hexis corporelle et représentation photographique »

15h Jean-Pierre Bertrand (ULg), « Propositions de typologie du portrait »

16h Adeline Wrona (Paris IV), « Le portrait-carte, de la photographie au journal : le marché périodique du portrait d'écrivain »

Vendredi 7 juin

9h Hélène Védrine (Paris IV), « Masques et tombeaux : le portrait photographique d'écrivain dans le livre illustré (1850-1930) »

10h Fanny Lorent (ULg), « Portrait et imaginaire photographique. Cliché et anti-cliché du Nouveau Roman »

11h François Provenzano (ULg), « Portrait photographique d’écrivain et newsmagazine : l’événementialité du littéraire »

Déjeuner

14h Bernard Vouilloux (Paris IV), « Une collection d’unica : les livres à portraits d’Edmond de Goncourt. Éléments d’analyse »

15h Jérôme Meizoz (Lausanne), « Portrait photographique et postures d’écrivain (Cendrars, Houellebecq ) »

16h Analyse en atelier collectif d’un même cliché, avec l’ensemble des participants, chacun disposant de 10 minutes pour exposer son mode de lecture dudit portrait

17h Martine Lavaud, Pascal Durand, Jean-Pierre Bertrand, Conclusions générales et perspectives 2014.