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Le Moyen Âge, fabrique de stéréotypes ?

Le Moyen Âge, fabrique de stéréotypes ?

Publié le par Marc Escola (Source : Laura Baldacchino)

Dans son acception la plus courante, le stéréotype est défini comme « une idée, une opinion toute faite, acceptée sans réflexion et répétée sans avoir été soumise à un examen critique, par une personne ou un groupe, et qui détermine, à un degré plus ou moins élevé, ses manières de penser, de sentir et d’agir » [Trésor informatisé de la langue française]. Malgré son apparente simplicité, cette définition véhicule de nombreuses ambivalences et nuances au sujet de la notion de stéréotype. En effet, si celui-ci peut être propre à chaque individu, l’énonciation d’un stéréotype permet en général de se faire une idée des représentations collectives figées qui circulent dans un groupe. Le stéréotype, en tant qu’idée reçue sur un groupe qui représente l’altérité, participe de la projection de soi autant que de la représentation de l’autre. En définitive, étudier les stéréotypes d’une société permet de se rendre compte des processus évolutifs de construction des identités collectives. Le stéréotype procède par simplification et généralisation pour définir l’Autre, et constitue une véritable source de connaissance pour comprendre le rapport des sociétés à leur passé et leurs contemporains.

Communément, on pense le stéréotype comme une idée figée, ayant traversé le temps sans évolution : le barbare comme une brute poilue, le chevalier courtois ou le vieillard lubrique. Ces journées ont pour objectif au contraire de questionner sur le temps long les processus de fixation de ces représentations, mais aussi leur évolution, leurs reconstructions et les reformulations au gré des contingences politiques, sociales, religieuses par exemple. Nous nous proposons d’étudier à la fois les représentations que les médiévaux forgèrent d’eux-mêmes et de ceux qui les avaient précédées et celles que l’époque moderne et contemporaine construisit et ne cesse de reconstruire sur la période. Cette approche nécessite de croiser des sources iconographiques et textuelles médiévales et des documents plus hybrides de notre temps (séries, réseaux sociaux, jeux vidéo), véritables conservatoires de nos perceptions du Moyen Âge. Partant, le médiévalisme apparaît comme la porte d’entrée pour une étude des représentations stéréotypées du Moyen Âge. Depuis une décennie, les études sur le sujet ne cessent de se développer et montrent tout l’intérêt qu’il y a pour le médiéviste à se pencher sur ces œuvres de la pop-culture dont l’univers est éminemment médiévaliste (Le Seigneur des Anneaux, Game of Thrones). Ces usages publics de l’histoire médiévale ne sont toutefois pas un phénomène récent et invitent à s’interroger sur l’arrière-plan politique et culturel de ces phénomènes de réappropriation du Moyen Âge, ou du moins d’un certain Moyen Âge.

Sessions

- Session 1 : La réception de l'Antiquité
- Sesion 2 : Que faire des enluminures ? La fabrique visuelle des stéréotypes
- Session 3 : Le stéréotype au service de la critique sociale
- Session 4 : Un Moyen Âge animé
- Session 5 : Fantastique Moyen Âge
- Session 6 : Les stéréotypes au service du pouvoir

Les sessions seront précédées d'une conférence inaugurale par Florian Besson intitulée Utilisations et réinventions du Moyen Âge sur Twitter.

Elles se clôtureront avec une table ronde entre Bruno Dumézil, Laurent di Filippo et Romain Vincent.

Modalités de participation à l'événement

Hybride. Afin de participer à distance et d'obtenir le lien de connexion, nous vous invitons à nous envoyer un mail à l'adresse suivante : cihamjournees@gmail.com