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La langue de la fiction dans la nouvelle historique et galante. Approche stylistique de la fiction à l'âge classique (1650-1700). Thèse E. Lombardero (dir. C. Badiou-Monferran, Sorbonne nouvelle, en ligne)

La langue de la fiction dans la nouvelle historique et galante. Approche stylistique de la fiction à l'âge classique (1650-1700). Thèse E. Lombardero (dir. C. Badiou-Monferran, Sorbonne nouvelle, en ligne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Emily Lombardero)

Emily Lombardero soutiendra sa thèse de doctorat, intitulée

La langue de la fiction dans la nouvelle historique et galante.

Approche stylistique de la fiction à l'âge classique (1650-1700).

Vendredi 13 novembre, 14h.

Maison de la Recherche de l'Université Sorbonne Nouvelle, 4, rue des Irlandais, 75005 Paris.

Lien vidéo conférence à solliciter auprès de : emily.lombardero@yahoo.fr.

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Le jury sera composé de

Claire Badiou-Monferran, professeure à l’Université Sorbonne Nouvelle

Delphine Denis, Professeure à Sorbonne-Université

Marc Escola, Professeur à l’Université de Lausanne 

Marc Hersant, Professeur à l’Université Sorbonne Nouvelle

Marie-Gabrielle Lallemand, Professeure à l’Université de Caen Normandie

Nicolas Laurent, Maître de conférence à l’ENS de Lyon

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Résumé

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, en France, la fiction littéraire change de visage. À la vogue des longs romans baroques qui avaient fait la gloire des Scudéry succède celle de la nouvelle historique et galante, genre narratif court qui prétend, mieux que son ancêtre, répondre à l’exigence nouvelle de la vraisemblance historique. Parce que les auteurs de fiction tirent leur matériau de l’Histoire, et travaillent à dissimuler l’artificialité du récit, une longue tradition littéraire – qui commence au XVIIe siècle – voit dans la nouvelle un genre né de l’imitation de l’Histoire, et partant, hybride, à la frontière du factuel et du fictionnel. De fait, les récits historiques en général – et la nouvelle historique et galante en particulier – sont souvent convoqués à l’appui d’une thèse qui domine aujourd’hui le champ des théories de la fiction, et qui décrit les récits fictionnels comme des imitations de récits non fictionnels. L’auteur d’un roman feindrait d’écrire une histoire véritable, entrant par degrés dans la fiction à mesure qu’il augmente l’univers représenté de personnages, de lieux, d’objets ou d’événements imaginaires. Toutefois, on peut penser autrement les rapports de la fiction et de l’Histoire, et envisager la fiction littéraire comme une forme de représentation autonome. Pour Käte Hamburger, Ann Banfield, S.-Y. Kuroda ou encore Dorrit Cohn, défenseurs d’un « propre » de la fiction, le récit fictionnel se distingue par nature du récit factuel, en dépit de sa capacité à représenter des choses vraies, et quel que soit le degré de vraisemblance auquel aspire son auteur.

Cette thèse suppose que la fiction soit moins affaire de discours que de langue, au sens où la fiction ne résiderait pas tant dans une attitude de locution non sérieuse que dans l’invention d’une langue singulière.
En faisant le choix de l’analyse stylistique, qui prend pour objet les rapports de la langue et du texte, nous proposons de soumettre un corpus de nouvelles historiques et galantes à une interrogation portant sur le propre de l’écriture fictionnelle. L’examen du style d’un genre littéraire fortement mimétique, et des rapports de différenciation que ce dernier entretient avec d’autres genres narratifs fictionnels (roman, conte) et non fictionnels (Histoire, mémoires), nous conduira à mettre au jour les outils linguistiques qui président, dans la nouvelle, à la construction du monde fictionnel, à la conduite de la narration ainsi qu’à la représentation du personnage.

Nous envisageons ce travail comme une double contribution, à l’Histoire littéraire et à la théorie de la fiction narrative : il s’agira d’une part d’affiner notre perception des frontières génériques entre Histoire, roman et nouvelle à la fin du XVIIe siècle, et d’autre part, d’éprouver la validité de théories modernes de la fiction à l’aune d’un corpus ancien. En élargissant une périodisation souvent adoptée par les défenseurs d’un « propre » de la fiction, nous tâcherons de montrer que, même au cœur du réalisme classique et bien avant le culte romantique de la singularisation stylistique, la fiction narrative a su se doter d’outils propres, parce qu’elle s’est vouée à faire vivre au lecteur des expériences radicalement distinctes de celles qu’implique le récit non fictionnel.