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La dimension pragmatique dans l’enseignement de la traduction et de l’arabe langue étrangère

La dimension pragmatique dans l’enseignement de la traduction et de l’arabe langue étrangère

Publié le par Sabrina Roh (Source : Nejmeddine KHALFALLAH)

APPEL A COMMUNICATIONS

Colloque pluridisciplinaire international

La dimension pragmatique dans l’enseignement de la traduction et de l’arabe langue étrangère

 

4-5 mai 2016

Université Libanaise

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines

Centre de Langues et de Traduction

Beyrouth- Liban

 

Ce colloque constitue le troisième volet d’une série de rencontres scientifiques, dédiées à la didactique de l’arabe, à laquelle s’ajoutera celle de la traduction étant données les problématiques communes rencontrées en cours d’apprentissage et d’enseignement. La première rencontre, organisée à l’Université du Québec à Montréal en octobre 2014, a porté sur l’application du Cadre Européen Commun de Référence pour les langues (CECRL) à l’enseignement de l’arabe, en France et en Amérique du nord. Quant à la deuxième, tenue à l’Université de Mohamed V, à Rabat, en avril 2015, elle a examiné les enjeux de la compétence socioculturelle dans l’enseignement de l’arabe moderne. Cette nouvelle rencontre se propose d’explorer la dimension pragmatique dans l’enseignement de l’arabe et dans celui de la traduction impliquant la langue arabe à travers, entre autres, les questions relatives aux actes de parole, aux tâches communicatives et aux énoncés performatifs dans leurs rapports avec leurs utilisateurs.

Si Benveniste (1966, 1974) a introduit le concept de pragmatique énonciative dans les Problèmes de linguistique générale, en fondant la théorie énonciative qui établit des relations entre l’énoncé et ses utilisateurs, c’est Austin (1962), le précurseur de la pragmatique illocutoire, qui a posé l’acte de parole en acte performatif spécifique conduisant à accomplir, à travers l’énonciation, une action transformant le dire en faire.

Aujourd’hui, la pragmatique est intégrée à beaucoup de disciplines dont la didactique des langues, mais aussi la didactique de la traduction, et s’inscrit dans une dynamique cognitiviste. Ainsi, le CECRL met l’accent sur la compétence pragmatique et la primauté des actes de parole dans le processus d’enseignement/apprentissage des langues en les divisant en catégories. Toutefois, cette catégorisation est loin d’être appliquée à l’arabe, d’où la nécessité d’en proposer une nouvelle répartition. En outre, il s’agirait, dans la didactique de l’arabe, de mieux délimiter cette compétence, d’en proposer une progression didactique et d’identifier les difficultés et embûches liées à l’application des actes langagiers dans le cadre de l’enseignement de l’arabe, d’autant plus que la transmission, l’explication et l’acquisition de ces actes s’opèrent en une langue différente.

Par langue différente, nous faisons référence à la diglossie en arabe, état de fait qui pose des difficultés inextricables en traduction. Traduire vers l’arabe et pour le monde arabe présuppose l’existence d’un public « universel » possédant les mêmes compétences linguistiques de compréhension et d’expression, ce qui est loin d’être le cas. Si l’arabe standard ne pose généralement pas de problèmes majeurs pour le récepteur, il n’en est pas de même pour l’arabe dialectal lorsque son usage s’impose dans la traduction de certains textes, car la diglossie ici se conjugue en pluriglossie avec la variété des dialectes pratiqués dans les différentes régions du monde arabe. 

Dès lors, deux problématiques primordiales se posent :

La première est celle de la diglossie et la pluriglossie (Dichy, 2004), qui nous pose devant le dilemme de quel arabe enseigner et quelle traduction adopter. Car, d’un côté, la majorité des actes de parole quotidiens se produisent en arabe dialectal, et par la suite, l’acte performatif ne réussit que s’il est coulé en dialectal. Et, d’un autre côté, certains actes de parole sont formels et se produisent en littéral. Les discours qui mélangent les deux registres ont un autre fonctionnement qui mérite également d’être analysé, notamment les discours politiques et les productions médiatiques, diplomatiques et religieuses.

Quant à la seconde question, elle concerne les contenus didactiques à enseigner. Qu’il s’agisse de l’arabe langue étrangère, langue enseignée aux arabophones, ou de traduction vers l’arabe, il est légitime de s’interroger sur la nature des énoncés à transmettre et à traduire. A titre d’exemple, quelle est la pertinence d’enseigner un vocabulaire littéral relatif à l’ouverture d’un compte bancaire alors que dans la « réalité », cette action se produit en dialectal ou en langue étrangère ? Quel intérêt à faire traduire aux étudiants un registre oral, qui surgit dans un contexte linguistique standard, par un  registre standard commun alors que tout l’effet de sens réside dans cette oralité ?

Pour étudier cette compétence pragmatique dans le cadre de la didactique de l’arabe et de la traduction vers l’arabe, nous distinguons trois domaines privilégiés d’actes langagiers et nous espérons en analyser les contenus, les difficultés et les approches pédagogiques :

1. Les actes de parole appartenant au domaine formel (la diplomatie comme échantillon) qui s’illustrent par des déclarations, communiqués et manifestes. Au-delà de leur nature linguistique, ces productions remplissent des fonctions politiques et changent la réalité dans le sens où elles agissent sur le réel et ses représentations.

2. Les actes de parole produits dans un cadre informel (la vie quotidienne comme échantillon). D’innombrables tâches sont à réaliser par les interlocutaires et à analyser par les didacticiens : salutations, excuses, remerciements, prise de nouvelles, etc. Ces actes se manifestent aussi en traduction dans le domaine de l’interprétation, ceux du sous-titrage, de la publicité et dans le domaine de la traduction littéraire.

3. Les actes de parole verdictifs, liés à la sphère juridique et officielle renfermant plusieurs énoncés qui remplissent des fonctions d’ordre juridique (décrets, jugements, sentences, etc.). 

Le volet cognitif et les associations mentales qui résultent des énoncés font partie intégrante du tissu pragmatique. Ce sont ces charges et idées qui conduisent à agir sur la réalité. Plus que jamais les énoncés politiques ou religieux ont cette capacité singulière à façonner le monde et à y agir.

Enfin, l’étude de ces questions nous permettrait de développer une anthropologie des actes de langage propre à l’arabe où les discours agissent dans un cadre d’une ethnographie de communication régie par les symboliques, codes et contraintes culturelles des sociétés arabes dans leurs riches diversités. En nous référant aux travaux de Tambiah (1968, 1984, 1996), nous pourrons évoquer enfin les rites de l’échange, gestuelle, incantation, sermons et les effets des huṭba notamment dans les contextes religieux.  

Cette rencontre pluridisciplinaire est donc une invitation adressée aux enseignants, chercheurs, praticiens et étudiants pour explorer les différentes facettes de la dimension pragmatique dans l’enseignement de l’arabe moderne et de la traduction vers l’arabe, à l’heure où l’ouverture médiatique et le développement des réseaux sociaux refaçonnent la langue et changent sans cesse les paramètres du processus enseignement/ apprentissage.

Les propositions, de 4 000 signes au plus, devront être adressées sous format électronique, avant le 15 décembre 2015, à l’adresse suivante : clt.colloque@gmail.com

 

Elles devront répondre aux normes suivantes :

 - Nom, prénom du ou des auteurs

 - Institution(s) de rattachement

- Adresse(s) de messagerie

- Titre de la communication proposée

- Axe dans lequel elle s’inscrit

- Résumé de la proposition de 4 000 signes au plus.

- Mots-clés

Les auteurs des propositions retenues par le comité scientifique seront informés mi-février 2016 au plus tard.

Les communications peuvent être présentées en arabe, français ou anglais. Elles seront de 20 minutes chacune, suivies de 10 minutes de débat.

 

Calendrier 

Date limite de soumission des propositions :   31 janvier 2016

Notification d’acceptation de la proposition : fin février 2016

Tenue du colloque : 4 et 5 mai 2016

 

 

Comité d’organisation : 

Zeina Tohme Adaime (Université Libanaise-CLT)

Hoda Moukannas (Université Libanaise-CLT)

Nejmeddine Khalfallah (Université de Lorraine)

Chirine Chamsine (Université de Montréal)

Gisèle Riachi (Université Libanaise-CLT)

Layal Merhi (Université Libanaise-CLT)

Georgette Franjieh (Université Libanaise-CLT)

Bahia Zahran (Université Libanaise-CLT)

Nadine Farra (Université Libanaise-CLT)

 

 

Comité scientifique :

Georges Bastin (Université de Montréal)

Samia Bazzi (Université Libanaise-CLT)

Chirine Chamsine (Université de Montréal)

Christine Durieux (Université de Caen)

Georgette Frangieh (Université Libanaise-CLT)

Juan Carlos Godenzzi (Université de Montréal)

Mathieu Guidère (Université de Toulouse 2)

Faisal Kenanah (Université de Caen Basse-Normandie)

Nejmeddine Khalfallah (Université de Lorraine)

Rima Labban (Université Paris 8)

Rita Mazen (Université de Bordeaux 3)

Layal Merhi (Université Libanaise-CLT)

Hoda Moukannas (Université Libanaise-CLT)

Gisèle Riachi (Université Libanaise-CLT)