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La civilisation des mœurs au Moyen Âge 

La civilisation des mœurs au Moyen Âge

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En 1939 paraissait en Suisse, sans rencontrer de réels échos, Sur le processus de civilisation, un ouvrage signé par juif allemand réfugié en Angleterre, un docteur en philosophie n’ayant pas pu soutenir son habilitation de sociologie sur la cour à l’époque de Louis XIV, un soutier de l’université, où il ne trouvera de poste stable qu’à… 57 ans. Norbert Elias ne connaîtra la gloire qu'à l'âge de la retraite: son maître-livre est réédité en Allemagne en 1969, puis traduit en français et en anglais, mais au prix de quelques coupes, dont le sacrifice d'un chapitre entier qui prenait place au centre du diptyque formé par La Civilisation des mœurs et La Dynamique de l'Occident comme de l'histoire que le sociologue voulait retracer, puisqu'il traitait du Moyen Âge. C'est ce chapitre inédit qui est aujourd'hui rendu aux lecteurs français par les soins de A.-M. Pailhès et E. Anheim sous le titre Moyen Âge et procès de civilisation. Sa lecture permet d’éclairer la pensée du sociologue allemand sur la place du Moyen Âge dans la genèse de la civilisation européenne : N. Elias y développe l’idée d’un "grand" Moyen Âge, qui irait du XIIe au XVIIIe siècle et se caractérisait par une institution, la cour. Ce texte est également un témoignage très précieux sur les méthodes de travail d’Elias, sur l’histoire des sciences sociales et la fécondité de la rencontre entre sociologie et histoire.

Rappelons la publication en 2016 aux mêmes éditions EHESS d'un autre essai inédit de N. Elias, Humana conditio, rédigé en marge de la conférence prononcée le 8 mai 1985 à Bielefeld pour célébrer le quarantième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, occasion d'une réflexion d'une grande lucidité sur les périodiques retours à la barbarie.