Journées d'étude « L'improvisation dans les arts de la scène : entre écriture et expérimentations transversales »
Improviser, c'est composer dans le moment de l'exécution. En arts, c'est souvent le moment où l'artiste s'affirme comme tel, s'extrayant de son état d'interprète, de vecteur, pour accéder à celui de créateur, érigeant son geste artistique au-dessus de toute élaboration préméditée. Acte qui se veut libre, forcément subversif car échappant à tout contrôle, acte qui balaie également toutes les frontières entre disciplines, l'improvisation est presque davantage un mythe qu'une pratique ; elle rejoint la composition du génie, elle aspire à la révolution et touche parfois à l'utopie. Si bien qu'on peut lire ici et là, faute de précision, que l'improvisation est omniprésente dans les arts vivants, ou au contraire que « l'improvisation n'existe pas ».
Alors qu'elle s’épanouit dans les milieux professionnels de la danse et de la musique, le théâtre la marginalise : sa place n'est pas sur scène, mais en répétition, ou dans la formations des acteurs. L'improvisation, dans sa majeure partie, ne se montre au public que sous des formes bien définies (match, catch, cabaret...) et dans des milieux amateurs. Bien sûr comme dans tous les arts vivants une part d'adaptation, ce qu'on appelle le jeu, est nécessaire, sans quoi la représentation risque la sclérose – et l'improvisation d'ailleurs n'est utilisée dans la formation des comédiens que pour les sensibiliser à cette petite variabilité. Il s'agirait donc de s'interroger sur le « pourquoi » de cette absence, tout en analysant le « comment » de ses occurrences. Il s'agirait également de bien caractériser l'improvisation théâtrale, qui met en jeu un dialogue entre différentes disciplines artistiques, et de la démarquer notamment de l'improvisation dramatique, qui ne concerne que des acteurs.
Cette journée d'étude, pendant laquelle nous souhaitons alterner analyses de fond et interventions artistiques, se concentre sur l'improvisation théâtrale quand elle est montrée à un public ; nous laisserons donc de côté les spectacles créés sur la base d'improvisations et qui l'abandonnent en représentation, et la formation de l'acteur, du danseur ou du musicien, quand celle-ci ne vise pas à entraîner des improvisateurs. Par ailleurs, tant il semble aujourd'hui que le théâtral ne puisse pas se réduire au dramatique, nous chercherons en quoi l'improvisation dépasse les clivages disciplinaires et travaille aux frontières des spécialités de chacun ; on pourra aborder l'improvisation dans d'autres arts que le théâtre, mais en tâchant de voir en quoi la notion même d'improvisation brouille les pistes entre disciplines. En particulier : comment mettre en rapport dramaturgie et improvisation ? Cette journée sera également l'occasion de s'interroger sur les différentes problématiques que la notion soulève, d'ordre esthétique, social ou idéologique.
Date limite de réponse pour cet appel à contribution : 10 janvier 2012