Agenda
Événements & colloques
Linguistique et littérature, quels rapports ? (Kairouan)

Linguistique et littérature, quels rapports ? (Kairouan)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Lobna Ghedira)

Journée d’études « Linguistique et littérature, quels rapports ? »

Mardi 03 mars 2020

En hommage à la mémoire de :

Ahmed Brahim                               

NébilRadhouane             

Abdelhamid Kammoun

 

Pendant des siècles, on a cru que ce qui relève de la littérature n’intéresse pas la linguistique (ni courants, ni genres, ni thématiques) et que tout ce qui appartient à la linguistique qui se veut un outil de description scientifique neutre du langage sous toutes ses formes (sémantique, lexicologique, phonologique, morphologique, syntaxique, etc.) est loin de servir à la littérature.

Mais comment peut-on, aujourd’hui, continuer à croire à ces frontières virtuelles mises en place par la tradition et l’institution ? Il serait illégitime de séparer deux disciplines qui s’ouvrent naturellement sur plusieurs autres domaines comme la sociologie, la neurologie, la psychologie, etc. Il suffit de citer la grammaire de Port Royal (XVIIe) qui s’est inspirée de la logique ou les travaux de Schleicher inspirés de la biologie ou ceux de Hjelmslev et Martinet qui font appel aux enchaînements mathématiques. Leibniz, lui, est parti du raisonnement philosophique alors que d’autres courants linguistiques comme le behaviorisme et le mentalisme se sont appuyés sur les lois de la physique et de la psychologie. Le naturalisme témoigne d’une grande recherche scientifique, il suffit d’examiner la série des Rougons-Macquart pour découvrir les détails des névroses génétiques. Candide de Voltaire véhicule un message philosophique et Alcools d’Apollinaire est une descente hypnotique dans les labyrinthes les plus sombres du subconscient humain…etc.

Si la linguistique et la littérature ont su interagir avec toutes ces disciplines qui ne leur sont pas apparentées, il serait incongru, dès lors, de concevoir un rapport de divergence entre ces deux disciplines dans la mesure où l’une offre les outils d’analyse théorique et l’autre la mise en œuvre et l’application de ces derniers (Barthes (1968), Maingueneau (2010)).

Aussi la littérature à laquelle on a souvent nié le statut scientifique rigoureux privilégiant ainsi le fond à la forme n’a-t-elle pas fini par se soumettre aux lois de la rhétorique, de la stylistique et de l’analyse du discours afin d’en déchiffrer le contenu. Grâce à ces mêmes branches, la linguistique a su se confirmer dans la mesure où, après avoir négligé le sens et le contexte pour des décennies, elle a fini par y trouver une réponse satisfaisante à un grand nombre d’interrogations. L’analyse du discours, la rhétorique et la sémiotique littéraire (Barthes (idem)) sont autant de cadres et de pistes creusés pour faciliter ces allers-retours (De Vogüé (1989 :1) entre la littérature et la linguistique.

Plusieurs colloques et travaux de recherche ont tenté de rapprocher les deux disciplines et de crier haut et fort que « La relation entre littérature et linguistique doit être pensée comme un aller-retour » (idem.).

Mais a-t-on vraiment réussi à brosser les contours de cette relation ? Les systèmes éducatifs ne continuent-ils pas à distinguer ces deux disciplines ? Ne parle-t-on pas aujourd’hui en termes de spécialités dans nos universités ?

Cette situation nous pousse à nous interroger sur les origines de cette résistance. Comment parvenir à une homogénéité de la recherche au-delà de cette fragmentation? Et comment envisager un cadre théorique qui combine littérature et linguistique ?

Les propositions de communications pourraient présenter des réflexionsen relation avec la thématique générale de la journée.

En effet, l’on pourrait aborder les axes suivants :

  • L’apport de la rhétorique comme discipline chargée de traiter des rapports de l'œuvre et du langage
  • L’apport de l’analyse du discours comme branche intermédiaire
  • La linguistique du corpus
  • L’interprétation du sensen contexte vs horscontexte
  • Le concept de « discours » comme moyen permettant de transcender les limites institutionnelles entre la littérature et la linguistique.
  • Apport de la notion de sémiotique littéraire au service de cette convergence disciplinaire.

*

Contact :

Les propositions de communication doivent être envoyées avant le 10 Février 2020 à l’adresse électronique de la journée : linglitte@gmail.com

*

Comité d’organisation et de coordination :

Radhouan BRIKI, Lazhar AYDI, Anissa ZRIGUE, Lobna GHEDIRA, Senda NAJJAR, Kais BEN SLAMA, Sameh GUIZANI, Roukayya LIWAN.

Lieu de la journée :

Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Kairouan

Langues:

Français, arabe et anglais.

Dates importantes

  • 10/02/2020 : dernier délai d’envoi des propositions (Nom et prénom, affiliation, statut, adresse électronique, titre de la communication, résumé de 300 mots et bibliographie)
  • 18/02/2020 : réponse du comité scientifique.
  • 20/02/2020 : confirmation de la participation.
  • 03/03/2020 : la tenue de la journée.

*

Bibliographie :

AUROUX Sylvain et alii. (1984), Matériaux pour une histoire des théories linguistiques. Lille : Presses Universitaires de Lille.

BARTHESRoland, (1968), « Linguistique et littérature »,in Langages, n°12, Linguistique et littérature, pp.3-8

De Vogüé, Sarah, (1989), Littérature et linguistique : la catégorie de l’histoirein Texte littéraire et référenciation Revue de sémio-linguistique des textes et dicours https://journals.openedition.org/semen/6713#text consulté le 15/12/2019

DUBOIS Jean et al. (2001), Dictionnaire de linguistique, Ed Larousse, Paris.

DUCROT Oswald, TODOROV Tzvetan (1972), Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Seuil, Paris.

DURKHEIM Emile (1894), Les règles de la méthode sociologique, Ed électronique 2002 à Chicoutimi,Québec.http://classiques.uqac.ca/classiques/Durkheim_emile/regles_methode/durkheim_regles_methode.pdf

MAINGUENEAU Dominique (2004), Le Discours littéraire. Paratopie et scène d’énonciation. Paris : Belin.

LALANDE André (2010), Vocabulaire technique et critique de la philosophie, PUF, Paris.

MALMBERG B (1983), Analyse du langage au XXe siècle. Théories et méthodes, PUF, Paris.

MARTIN R (2016), La linguistique de l’universel. Réflexions sur les universaux du langage, les concepts universels, la notion de langue universelle, AIBL, Paris.

SAUSSURE Ferdinand (1916), Cours de linguistique générale, Ed Payot 1995, Paris.

*

RESPONSABLES :

Département de français

Groupe de recherche : Interdisciplinaritéet « Pensée complexe ».

Cellule de promotion des pratiques pédagogiques de l’université de Kairouan

ADRESSE

Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Kairouan, Rakkada, Tunisie.