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Intertextualité, interdiscursivité et intermédialité

Intertextualité, interdiscursivité et intermédialité

Publié le par Marielle Macé (Source : Louis Hébert)

COLLOQUE
Intertextualité, interdiscursivité et intermédialité
AVEC COMME INVITÉ DHONNEUR M. JEAN-MARIE KLINKENBERG


Xe COLLOQUE DE SÉMIOTIQUE DE LA FRANCOPHONIE
CONGRÈS DE LACFAS, 12 ET 13 MAI 2004, UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
Renseignements: louis_hebert@uqar.qc.ca , tél: (418) 723-1986 1503


SOUMISSION DUNE PROPOSITION DE COMMUNICATION


Les communications peuvent être dorientation théorique ou appliquée et toucher des productions sémiotiques de diverses natures (textes, images, sculptures, musiques, objets de design, concepts de marketing, rituels, films, pièces de théâtre, etc.).


Faites parvenir un projet de communication par courriel, le plus tôt possible et avant le 31 janvier 2004 à: M. Louis Hébert, professeur, Département de lettres, Université du Québec à Rimouski, louis_hebert@uqar.qc.ca. Ce projet doit respecter les contraintes suivantes: 25 lignes au maximum, sans notes ni bibliographie, avec indication d'éléments théoriques (théoriciens, théories, concepts, ouvrages) pertinents à l'objet de la communication. Indiquez votre statut (professeur, chargé de cours, maître de conférence, étudiant, etc.), votre institution de rattachement, votre adresse électronique et vos besoins en matériel audiovisuel (projecteur pour ordinateur, rétroprojecteur, projecteur à diapositives, magnétoscope (standard nord-américain seulement), etc.). Nous encourageons la participation des étudiants aux cycles supérieurs: la meilleure communication sera récompensée (si les conditions pour la tenue du concours sont remplies).


DIFFUSION ET PUBLICATION


Les résumés de communication parvenus sous forme électronique avant la date limite seront publiés en avril 2004 sur le site Web de l'ACFAS (www.acfas.ca). Les actes du colloque seront publiés en livre aux Presses de l'Université Laval (URL : http://www.ulaval.ca/pul/index.html) dans la toute nouvelle collection « Vie des signes » (dirigée par L. Guillemette, L. Hébert et F. Rastier). Une contribution en argent sera demandée aux auteurs afin de couvrir une partie des frais de publication.


INSCRIPTION ET HÉBERGEMENT


Toute personne dont la proposition de communication est retenue doit acquitter sur place des frais dinscription au colloque de 50 $ CA pour les professeurs et de 30 $ CA pour les étudiants. Il nous est malheureusement impossible de rembourser les frais de déplacement et de séjour; toutefois, les colloquants de létranger sont dispensés des frais dinscription (les frais d'adhésion à l'ACFAS restent toutefois à leur charge, comme pour les colloquants canadiens). Il est possible de réserver les lieux d'hébergement et de s'inscrire à l'ACFAS par le biais du site www.acfas.ca. Les personnes dont le projet de communication aura été retenu recevront des informations touristiques et pratiques complémentaires.


Le générique masculin est employé uniquement pour alléger le texte.


Organisation : Lucie Guillemette (UQTR), Louis Hébert (UQAR), Cynthia Lévesque (UQTR) et François Rioux (UQAR)


DESCRIPTIF


Intertextualité, interdiscursivité, intermédialité. L'évidence de l'existence lexicale et la familiarité relative des termes masquent la polysémie de leur signifié. Le premier objectif de notre colloque sera donc de spécifier les acceptions existantes et den proposer de nouvelles, sil y a lieu; le second sera de faire progresser le savoir sur l'objet de connaissance recouvert par chacun deux ou qui se crée à leur rencontre.


À titre heuristique, énonçons ces quelques propositions. Chacun de ces termes désigne à la fois une relation et une (des) théorie(s). Chacun mériterait un colloque entier. Toutefois, ils apparaissent fortement interreliés si ce n'est interdéfinis, ce qui justifie une approche conjointe. En particulier, s'il faut en croire Méchoulan (dans la présentation de la revue Intermédialités), intertextualité, interdiscursivité et intermédialité correspondent chacun à une étape historique de la construction théorique des objets sémiotiques:


« Après l'intertextualité qui visait à sortir le texte de son autonomie supposée et lire en lui la mise en oeuvre d'autres textes préexistants, le restituant à une chaîne d'énoncés; après l'interdiscursivité qui saisissait que l'unité est constituée des multiples discours que ramasse et traverse le texte; voici l'intermédialité qui étudie comment textes et discours ne sont pas seulement des ordres de langage, mais aussi des supports, des modes de transmission, des apprentissages de codes, des leçons de choses. Autrement dit, ces matérialités de la communication font partie du travail de signification et de référence[;] de même que les productions symboliques, les Idées ne flottent pas dans un éther insondable ou ne sont pas seulement des constructions spirituelles étrangères à leurs composantes concrètes. »


Deux remarques. Dabord, Méchoulan considère que les trois phénomènes décrivent le mode dêtre au monde même des productions sémiotiques : il ne sagirait pas de propriétés possibles, contingentes mais de propriétés essentielles, dattributs. Ensuite, le concept dintermédialité est sous-tendu ici par une thèse répandue sujette à débats et à raffinements qui veut que le « sensible » (signifiants, médias, forme, etc.) détermine fortement, voire totalement (« Le médium, cest le message », dit McLuhan), l« intelligible » (signifiés, messages, fond, etc.). Cette thèse est souvent appliquée aux NTIC : certes celles-ci appellent, génèrent de nouveaux contenus, de nouvelles textualités, mais il ne faut pas pour autant occulter la part traditionnelle (et même rituelle) à loeuvre dans linvestissement pragmatique et artistique de tout nouveau média (par exemple, du papyrus au livre imprimé, puis au livre électronique). Mais quest-ce quun média? Comme le note Pavis,


« La notion est des plus mal cernées. Le média semble se définir essentiellement par une somme de caractéristiques (possibilités et potentialités) techniques, par la manière technologique dont il est à la fois produit, transmis et reçu, dont il est reproductible à linfini. Le média nest donc pas lié à un contenu ou à une thématique donnés, mais à un appareil et à un état présent de la technologie. Et pourtant, cette technologie de la reproduction mécanique et de la production de luvre dart implique une certaine esthétique, elle nest utile que lorsquelle est concrétisée dans une uvre particulière et singulière, ou appréciée dans un jugement esthétique ou éthique. »


Dans lintermédialité, au moins deux formes relevant de médias distincts sont rendues coprésentes; cette coprésence connaît divers degrés dintensité et diverses natures, allant de la forte coprésence syncrétique (multimédia) à lemprunt limité (un éclairage cinématographique implanté au théâtre), de la coprésence factuelle (un film projeté durant un pièce de théâtre) à la coprésence par transposition (le « montage » cinématographique dun roman). Lintermédialité peut se réaliser non seulement dans une production sémiotique donnée mais au sein même de linstance de réception (évidemment, cela nexclut pas une relation intermédiale qui sétablit entre le produit et sa réception) : cest ce que suggère Pavis en parlant du corps et de lesprit de lhomme moderne modelés par les nouveaux médias. La numérisation de lécrit, du son et de limage permet aujourdhui « une nouvelle forme dintégration de tous les médias traditionnels sur une seule plate-forme, connue sous le nom de multimédia » (Michon et Saint-Jacques). Lintermédialité, phénomène a priori transhistorique, apparaît donc aussi dactualité.


Mais revenons au premier terme de la triade. Lintertextualité peut être comprise dans un sens plus ou moins restreint. Ainsi pour Piégay-Gros, elle implique une production cible écrite et littéraire (donc un texte, au sens fort), même si les productions sources peuvent, tout en étant nécessairement écrites, être non littéraires (par exemple, Le paysan de Paris, roman dAragon, cite un menu). Cependant, ces restrictions, à notre avis, ne doivent pas être aprioriques mais méthodologiques. Pour les fins de ce colloque, « texte » pourra donc être entendu au sens (large) de « production sémiotique », indépendamment des média et des supports en cause (texte oral ou écrit, image, objet de design, concept de marketing, etc.). Distinguons trois grandes sortes de relations où le texte est pris pour relatum :


(1) lintratextualité (incluant lautotextualité): un texte renvoie à lui-même;
(2) lintertextualité : un texte renvoie à un ou des textes;
(3) larchitextualité: un texte-occurrence renvoie à son type (ou à ses types), cest-à-dire à son genre ou, plus généralement, au discours dont il relève (par exemple, la littérature) ou à ce qui constitue l« essence » de ce discours (par exemple, la littérarité).


Il est évidemment possible de distinguer entre différentes statuts donnés à lintertextualité dune théorie à lautre et entre différentes sous-catégories qui larticulent au sein dune même théorie. Nous avons évoqué plus haut deux grands statuts possibles de lintertextualité, comme propriété nécessaire ou contingente. La version forte de la thèse intertextuelle est de considérer que tout texte renvoie à un nombre indéfini et élevé de textes (« tout texte se construit comme mosaïque de citations », selon Kristeva), voire à tout texte (antérieur). Par ailleurs, cette relation peut être considérée comme directe ou indirecte; par exemple, Fontanille place un « schéma intersémiotique » commun (qui peut correspondre à une « forme de vie » (Wittgenstein)) comme élément médiateur entre intertextes. Quelques mots sur les sous-catégories. Des théories opposent les intertextualités restreinte (entre textes dun même auteur) et générale (entre textes dauteurs différents) (Ricardou); aléatoire (sollicitée au gré du désir et des connaissances du lecteur) et obligatoire (nécessaire pour actualiser des contenus prescrits) (Riffaterre). Par ailleurs, nous plaçant dans une perspective métathéorique, nous avons plus haut défini lintertextualité dans un sens plus large que ne le fait Genette et avons englobé ce quil appelle lintertextualité (au sens restreint : citation, plagiat, allusion), la métatextualité (relation de commentaire dun texte par un autre) et lhyper/hypotextualité (lorsquun texte se greffe sur un texte antérieur quil ne commente pas mais transforme (parodie, travestissement, transposition) ou imite (pastiche, faux, etc.), celui-là est lhypertexte et celui-ci lhypotexte). Quant aux éléments dits paratextuels, ils participeront, selon le statut quon leur accorde, dune relation intertextuelle si on les considère comme externes au texte, dune relation intratextuelle si on les considère comme internes au texte, ou dune relation proprement paratextuelle. Le débat sur le caractère intra ou extratextuel du titre illustre bien ces trois possibilités typologiques.


Maintenant, le second terme de la triade. « Discours » est, on le sait, un terme fortement polysémique; il ne peut quen aller de même pour « interdiscursivité ». Les typologies discursives prennent notamment appui sur :


(1) les champs de lactivité humaine (discours littéraire, romanesque, journalistique, scientifique, philosophique, sportif, etc.);
(2) les positions dans un champ discursif (discours bourgeois, prolétaire, communiste, surréaliste (selon Maingueneau), etc.);
(3) les catégories de locuteurs (discours des infirmières, des mères de famille, etc.);
(4) les fonctions du langage (discours polémique, prescriptif, etc.).


Quoi quil en soit, lintertextualité et linterdiscursivité se distingueraient et se compléteraient ainsi : la première est une relation de coprésence entre occurrences, entre tel et tel textes; la seconde, entre types dont relèvent des occurrences (mais il existe aussi des acceptions occurrentielles de « discours », par exemple chez Foucault et Fontanille). Nous avons proposé plus haut un élargissement de la notion de texte; est-il nécessaire ou seulement possible den proposer un également pour la notion de discours? La nature du substrat discursif reste à préciser. En particulier, sagit-il dune forme nécessairement linguistique (par exemple, le discours de la peinture est celui que lon trouve dans les textes de critique dart), éventuellement transposée (le discours de la critique dart tel quil est inscrit plus ou moins obliquement dans les tableaux), ou dune forme plus généralement sémiotique (le discours de la peinture dans les tableaux et le discours linguistique sur la peinture manifesteraient, de manière plus ou moins différenciée, un seul et même discours)?


Texte : Louis Hébert (UQAR), Lucie Guillemette (UQTR) et André Gervais (UQAR)