Questions de société

"Grand emprunt": dossier de presse et communiqués (màj 18/12/09)

Publié le par Bérenger Boulay

À la suite du discours de N. Sarkozy du 14 décembre(http://www.elysee.fr/accueil/), résumé dans un article de Libération (http://www.liberation.fr/politiques/0101608463-sarkozy-nous-voulons-les-meilleures-universites-du-monde)

Quelques dépêches ou articles sur le "grand emprunt":

La montagne du grand emprunt accouche d'une souris universitaire - Laurent Bouvet, Blog d'Educpros, 16 décembre 2009

Derrière le grand emprunt, la privatisation de l'université - L'Humanité 15/12/09

Nicolas Sarkozy : le grand emprunt et l'innovation, par Sylvestre Huet, Sciences2, 15 décembre 2009.

"Le grand emprunt va créer des pôles de médiocrité"

Paul Quinio: Utilitarisme

Sauvons la recherche décrypte le grand emprunt

Grand emprunt: l'Unef demande à Sarkozy de "revoir sa copie"

Le grand emprunt va "creuser les inégalités" entre universités (syndicat)

Le grand emprunt va "ouvrir un nouvel âge d'or pour la recherche" (Pécresse)

Communiqués:

Communiqué de SLR sur le grand emprunt (14 décembre 2009)

Communiqué de presse du SNCS-FSU (14 décembre 2009)

Le « grand emprunt » Sarkozy : une nouvelle arme pour privatiser nos facs  (communiqué de la FSE)

Sur SLU:

La TAILLE critique : INTOX / DESINTOX (Nicolas Sarkozy, 14 décembre)

Ci-dessous:

- "Emprunt national : la grande illusion", par Henri Audier (Sud Ouest - lundi 14 Décembre 2009)

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Sud Ouest - lundi 14 Décembre 2009

"Emprunt national : la grande illusion"

Henri Audier, directeur de recherche émérite, « Sauvons la recherche »

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/economie/article/805556/mil/5483374.html 

«Investir pour l'avenir », tel est le titre durapport sur « le grand emprunt national » qui reconnaît ainsi, defacto, le retard pris par la France dans le financement de la rechercheet de l'enseignement supérieur. Ce rapport Juppé-Rocard propose unemprunt de 35 milliards dont 10 iraient à l'émergence de quelquescampus d'excellence, 6 pour favoriser la recherche « partenariale »public-privé et 10 d'aide au privé pour des technologies de demain.

Pourquoice scepticisme de nombre de scientifiques ? Alors que depuis 2002 legouvernement annonce chaque année des milliards de plus, en faitpostiches, la part de la recherche a fortement chuté depuis cetteépoque : à 2 % du PIB aujourd'hui, contre plus de 3 % pour les paysavancés. Une brillante quatorzième place mondiale.

C'est de 50% sur dix ans qu'il faudrait augmenter notre effort. Là est la grandeillusion : l'emprunt va permettre des dotations en capital pourl'investissement, mais qui ne rapporteront qu'un seul milliardutilisable par an. C'est un très modeste accroissement de 2 %, loin des50 % nécessaires.

On ne peut pas compenser huit ans de carencebudgétaire par un emprunt portant sur le seul investissement.L'enseignement supérieur, l'innovation, la recherche ont besoin d'uneffort continu et régulier, d'abord dans leur potentiel humain. Nous neformons que 10 000 docteurs par an, l'Allemagne 25 000. Nous commençonsà manquer d'ingénieurs, parfois de techniciens.

Pour faire faceaux ambitions affichées, il faudrait un effort considérabled'attraction des meilleurs étudiants vers les métiers de recherche :créer des débouchés répondant aux besoins, résorber la précarité, créerun plan pluriannuel de l'emploi scientifique, etc. Or, le gouvernementa bloqué les recrutements sur emplois statutaires, l'embauche baissedans le privé. On n'attire pas les meilleurs étudiants avec des CDD.

Cetteélévation nécessaire du niveau de connaissance et de qualification esten totale contradiction avec le seul financement de « cinq à dix campusd'excellence », laissant aux couches populaires l'accès à desuniversités pratiquement coupées de la recherche, répondant à unindicateur d'insertion à court terme par un enseignement appauvri. Nonqu'il soit fait trop pour nos « meilleurs établissements », maisélargir nos chances d'avoir plus de docteurs, d'ingénieurs, detechniciens passe par un accès plus grand (et un taux d'échec plusfaible) à la licence et donc par plus d'attention portée à toutes lesuniversités.

Prenant prétexte de l'indispensable mode dedéveloppement écologique ou de l'importance du numérique, l'empruntinscrit ces développements dans la démolition en cours de notre systèmede recherche : financement dominant sur projets à court terme,remplacement du rôle scientifique des organismes de recherche par des «agences » ou des « Alliances » dans les mains du pouvoir politique,incompréhension de l'importance du progrès des connaissances pour lefutur.

Le but est d'imposer à une large part de la recherchepublique de se mettre au service du privé, directement par contrat ouvia le financement d'une agence.

Ainsi, mettant en oeuvre cerapport, le « patron » de l'Alliance pour les sciences de la vieécrivait : « Demain, 20 à 30 % de la recherche privée se fera avec lepublic» (« La Tribune » du 16 novembre dernier.) Le même jour, « LeMonde » titrait « Sanofi-Aventis [pharmacie] parachève le nettoyage deson portefeuille de recherche » avec fermeture de nombreux centres.Faut-il un dessin ?

Henri Audier, directeur de recherche émérite, « Sauvons la recherche »