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HDR F. Heulot-Petit:

HDR F. Heulot-Petit: "Figurations d’une présence" (Rennes)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Françoise Heulot-Petit)

Françoise Heulot-Petits soutiendra son Habilitation à Diriger des Recherches,

le mercredi 5 décembre 2018 à 14h, à l’Université Rennes 2,

Bâtiment « La Présidence », 7ème étage, Salle des Thèses,

 

devant un jury composé de :

Marie Bernanoce (Professeur émérite, Université Grenoble-Alpes) Rapporteur

Joseph Danan (Professeur émérite, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) Examinateur

Pierre Longuenesse (Maître de conférences HDR, Université d’Artois) Examinateur

Mireille Losco-Léna (Professeur, ENSATT, Lyon) Rapporteur

Francis Marcoin (Professeur émérite, Université d’Artois) Rapporteur

Christiane Page (Professeur, Université Rennes 2) Garant du dossier d’HDR

 

Le dossier d’habilitation est constitué des volumes suivants :

1. Figurations d’une présence. Synthèse de l’activité scientifique (162 pages).

2. Présences écrites. Sélection de travaux publiés (391 pages).

3. Dramaturgies de la guerre pour le jeune public. Vers une résilience espérée. Ouvrage inédit (448 pages).


Résumé de l’ouvrage inédit

Les dramaturgies de la guerre pour le jeune public n’explicitent pas la complexité des relations sociales ou économiques, mais optent pour une épure qui radicalise le conflit. Face à la violence du rapport au réel, les auteurs cherchent la juste distance. La dramaturgie s’inscrit alors dans une intermittence : l’avant et l’après de l’action, le passé et le présent, l’hésitation et l’engagement, les moments de doute de l’enfant face à l’action imposée. Ces dramaturgies de l’intermittence s’appuient sur des capacités de l’enfance, des postures de contournement, comme le jeu ou l’imaginaire du rêve. Le personnage de l’enfant-survivant réanime le conflit au présent dans un écho constant, produisant un vacillement temporel propre à une dramaturgie du sensible. Il devient résilient en grandissant tout au long d’un voyage initiatique, parcourant des territoires d’apprentissage.

Si le drame joue du détour ou de la rêverie qui va souvent vers une fin positive, la ludicité des langages de la scène travaille l’ancrage physique de motifs structurants ou d’objets symboles. Ces plus petits territoires intimes, débris d’un monde perdu et quitté, font encore tenir debout, une fois retrouvés. Les échos du souvenir sont prégnants parce que la dramaturgie du témoignage mobilise le monologue ou le monodrame. Nous y retrouvons une tendance du théâtre contemporain à faire reposer la dimension documentaire sur l’introspection individuelle où le personnage de l’enfant-témoin a toute sa place. Toutefois, l’écriture se creuse bien souvent d’une faille qui traduit l’impossibilité pour l’enfant de tout comprendre : il bute sur les mots comme il bute sur le réel. La faille devient source d’écart dans la réinvention d’un langage verbal et scénique, dans lequel le corps est fortement mobilisé. Ainsi, cet ouvrage interroge la possibilité d’une présence qui s’inscrit dans le présent de l’énonciation scénique et le présent de la matérialité, entre surgissement et effacement, irruption et disparition des signes de la guerre et d’une présence au monde. Cependant, il ne faudrait pas considérer cette poétique du sensible comme une douce parenthèse pour parler du plus sombre vécu des enfants d’aujourd’hui. Parce que les enfants qui meurent dans la guerre sont bien les victimes d’adultes irresponsables, les espaces dramatiques ludiques proposés aux jeunes lecteurs-spectateurs sont des moments d’immersion et d’interrogation du monde qui les entoure. Les pièces étudiées mettent en scène des collectifs qui tiennent, des communautés qui reconstruisent, et qui trouvent d’abord un lieu dans le langage. Pour l’auteur de théâtre, ce langage est le lieu refuge et le lieu arme pour affronter l’intolérance. Les cahiers et les livres portés par ces personnages d’enfants sont les deux faces d’une page ouverte pour écrire l’Histoire à venir.