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Facéties féminines, de la Renaissance à l'Âge classique (Séminaire E. Doudet & M. Escola, Lausanne)

Facéties féminines, de la Renaissance à l'Âge classique (Séminaire E. Doudet & M. Escola, Lausanne)

Publié le par Université de Lausanne

Facéties féminines de la Renaissance à l’âge classique

Séminaire de Master d'Estelle Doudet & Marc Escola

Université de Lausanne, Faculté des Lettres, Bâtiment Anthropole, salle 3059

Semestre de printemps 2020, les mercredis 14h-16h, du 19 février au 27 mai

 

Les récits facétieux et autres contes gaillards ont connu une floraison exceptionnelle de la Renaissance à l’âge classique. Or le succès de ces textes, longtemps considérés par la critique comme de « petits genres » plaisantant sur les relations entre sexes, soulève aujourd’hui un certain nombre de problèmes.

Dans leur mode de composition d’abord : s’ils se revendiquent presque toujours comme nouveaux et piquants, les textes facétieux sont pourtant le plus souvent des adaptations d’œuvres antérieures, qu’il s’agisse de traductions, en particulier de l’italien au français, ou de modernisations, La Fontaine récrivant aussi bien Boccace que Marguerite de Navarre. Comment comprendre ces multiples récritures, peu compatibles a priori avec la gauloiserie bien française qu’on a voulu y lire ?

Dans les représentations sexuées qu’ils véhiculent ensuite : leurs personnages principaux sont souvent des rusées pleines d’esprit menant époux, amants et lecteurs par le bout du nez. Mais de quoi ces contes font-ils rire, du renversement des dominations sexuelles ou de stéréotypes misogynes ?

Dans leur réception enfin : les récits facétieux s’adressent explicitement à des communautés mixtes de rieurs/ses, hommes et femmes de cour supposé·es partager la même connivence amusée face à ces plaisanteries fort éloignées de la galanterie. Comment interpréter par exemple le goût d’une femme du monde comme Mme de Sévigné pour les vers lestes de La Fontaine ? Que sait-on des lecteurs et des lectrices des œuvres renaissantes dont il s’est inspiré, des Cent nouvelles nouvelles aux Nouvelles recreations de Bonaventure des Périers ? Dans la mesure où ces contes facétieux montrent généralement les ruses des hommes et femmes pour parvenir à assouvir leur(s) désir(s), peut-on déceler dans la lettre des textes comme un jeu de rôles proposé au double lectorat, masculin et féminin ?

Le séminaire sera consacré à l’exploration de cette littérature longtemps jugée mineure mais qui est aujourd’hui l’objet de nouvelles études, mais aussi, de façon plus prospective, à la difficile question de la sexuation de la lecture — qui doit peut-être se formuler à plusieurs voix (au moins deux).

Invitée : Marie-Claire Thomine, "La facétie au XVIe siècle", le 26 février.

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Bibliographie :

La Fontaine, Contes et nouvelles (Folio Classiques)

Des extraits des textes suivants seront proposés à l’étude (accessibles sur Moodle) : Boccace, Le Décaméron ; Le Pogge, Les Facéties (traduction de Guillaume Tardif, 1492) ; Martial d’Auvergne, Les Arrêts d’amour ; Les Cent nouvelles nouvelles ; Bonaventure des Périers, Les Recréations et joyeux devis ; Marguerite de Navarre, L’Heptaméron