Revue
Nouvelle parution
Europe, n°1101-1102:

Europe, n°1101-1102: "Virginia Woolf/Jean-Paul Goux"

Publié le par Université de Lausanne

Europe, n°1101-1102 – janvier/février 2021

 "Virginia Woolf/Jean-Paul Goux"

*

ISBN 9782351501122

20 EUR

*

DESCRIPTION

Issue d’une famille de la bourgeoisie londonienne, ayant grandi dans un milieu cultivé et aisé, Virginia Woolf n’en a pas moins inlassablement critiqué les habitudes et coutumes de sa classe. Renversant la tradition si pressante du silence des femmes, elle s’est emparée de son privilège pour défendre la cause commune et celle des femmes. Sa vie durant, elle a vécu de sa plume — de ses articles, de ses essais et de ses romans. Financièrement comme éditorialement, elle ne dépendait que d’elle-même, ce dont elle était très fière : « Je suis la seule femme en Angleterre à pouvoir écrire ce qui me plaît. Les autres doivent se conformer aux exigences des collections & des éditeurs », écrivait-elle dans son journal. Dans tous ses livres, Virginia Woolf tente de donner à ressentir, sinon voir, « la chose qui est là et qui existe en dehors de nous ». Et comme le note ici même Annie Ernaux : « Elle le fait en des structures admirables, poignantes, qui matérialisent le gouffre du temps, de cette chose qui existe hors de nous et dans laquelle l’existence humaine apparaît seulement comme une suite d’instants. » « Prendre des notes sur la vie », comme l’écrit Woolf dans son dernier journal, signifie écrire l’être-au-monde comme si chaque infime détail comptait et pouvait soudain, par un renversement de valeur, réaménager le monde. Mais écrire l’existence signifie aussi, parfois, déchirer le voile du silence et exposer les tabous, les blessures secrètes. Virginia Woolf invente une écriture-activiste, une phrase dont la plasticité lui permet d’exprimer l’éprouvé de l’existence et les flux de la conscience, de mettre en lumière le refoulé et l’impensé, mais surtout de dérégler les présupposés en tissant des liens nouveaux.

Depuis une quarantaine d’années, Jean-Paul Goux déploie un univers romanesque dont l’originalité, la cohérence et l’émouvante beauté forcent l’attention. Si son écriture se situe dans une constellation où Julien Gracq et Claude Simon sont des étoiles proches, Jean-Paul Goux se distingue à la fois par la nature de sa prose lyrique, par la force philosophique et politique de sa méditation sur « l’acte d’habiter », ainsi que par sa réflexion sur la prose romanesque comme « fabrique du continu » contre la discontinuité de la vie.

Sommaire et préface...