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Esthétique et philosophie de l’art. Temporalités culturelles : art, culture, histoire (Summer School Université de Lausanne)

Esthétique et philosophie de l’art. Temporalités culturelles : art, culture, histoire (Summer School Université de Lausanne)

Publié le par Université de Lausanne

L’école d’été explore cette année un problème méthodologique et philosophique qui se pose à tout chercheur qui travaille sur l’art et plus généralement sur les phénomènes culturels, à savoir leur historicité : quelle est leur temporalité propre ? Comment s’articulent leurs temporalités différentes ? Y a-t-il une spécificité de l’art et de l’histoire de l’art par rapport aux autres temporalités culturelles ? Quels « régimes d’historicité » (F. Hartog) sont-ils impliqués ou disqualifiés ?

Il n’est pas sûr que la logique de l’histoire telle qu’elle est pensée par la philosophie de l’histoire (depuis Kant et Herder jusqu’à Koselleck en passant par Hegel ou Marx) soit opératoire pour penser les productions d’art, leur création et réception. Et, lorsqu’on cherche à dégager la logique du cours de l’art, reste à savoir si l’on parle de l’histoire des formes, du style, de la vision, de l’histoire des artistes, de l’évolution des contenus ou de celle des techniques. Ou encore : « les formes du temps » propres à l’art sont-elles celles des choses (George Kubler dans The Shape of Time. Remarks on the History of Things, 1962) ?

L’enjeu est épistémologique, puisqu’il s’agit de penser une cohérence des artefacts en un tout historique (par exemple sous forme de « périodes », voir E. Panofsky) ou au contraire leur structurel désordre anachronique (C. Einstein, A. Warburg, W. Benjamin). L’enjeu est esthétique en engageant une définition de l’art (son essence est-elle historique ? ou plutôt inactuelle comme le suggère F. Nietzsche ?) et une détermination de ses fonctions. De telles questions ne concernent pas le seul théoricien : la question de savoir si le devenir de l’art peut être pensé sur un modèle biologique (croissance, floraison, mort) a par exemple intéressé aussi bien les penseurs de l’art (de Vasari à Focillon) que des artistes (Robert Smithson lisant G. Kubler). L’enjeu de la réflexion, enfin, est aussi politique, car l’historisation des objets culturels engage la façon dont nous construisons un passé, avec la dimension idéologique que cela entraîne, comme le suggèrent les concepts de primitivisme, d’archaïsme et d’enfance de l’humanité.

Sont attendues des propositions issues de différents horizons philosophiques ou à l’intersection entre philosophie, KunstwissenschaftBildwissenschaft, anthropologie, théorie des médias, théorie des arts et de la littérature. Le corpus est large : du XVIIIe siècle, moment de naissance de l’esthétique (avec Baumgarten, Kant) et d’une certaine histoire de l’art (avec Winckelmann) jusqu’à la contemporanéité. Dans les propositions soumises, l’accent peut être mis sur l’analyse conceptuelle dans des traditions variées (idéalisme, formalisme, structuralisme) ou encore sur la façon dont des artistes pensent et pratiquent une certaine conception de l’historicité dans leurs œuvres plastiques ou dans leurs écrits (manifestes d’avant-garde, etc.). Aucune sphère géographique n’est a priori exclue, les problèmes traités pouvant aussi bien être déclinés dans un contexte européen qu’extra-européen, la prise en compte des arts asiatiques, africains, océaniens ou américains ayant précisément conduit à déplacer la conception de l’art en pénétrant le musée imaginaire occidental (Malraux).

Public cible : 

Cette école s’adresse principalement à des doctorant·es et quelques masterant·es qui visent les métiers de la recherche, issu·es des domaines d’études suivants : philosophie, histoire de l’art, anthropologie, musicologie, études théâtrales, études cinématographiques, études germaniques, lettres.

Intervenant·e·s : 

Carole Maigné, Université de Lausanne

Carole Maigné est professeure ordinaire de philosophie générale et systématique à l’Université de Lausanne. Ses recherches portent sur les philosophies allemande et autrichienne des 19e et 20e siècles. Elle s’intéresse tout particulièrement à la philosophie de la culture (Warburg, Kracauer, Cassirer), à l’esthétique de la photographie et à la philosophie de l’art (formalisme esthétique, école viennoise d’histoire de l’art, Wölfflin, Klein). Elle a publié récemment : Philosophie de la cultureTextes clés (avec Matthieu Amat, Vrin, 2022)dirigé les dossiers « Austrian Herbartism », Meinong Studien / Studies (2021) et « Philosophie de la photographie », Archives de Philosophie (2022) et co-dirigé (avec Enno Rudolph et Magnus Schlette) le dossier « Logos », Zeitschrift für Kulturphilosophie (2020).

Audrey Rieber, École normale supérieure de Lyon

Audrey Rieber est Maîtresse de Conférences en philosophie à l’ENS de Lyon et membre du laboratoire de recherche IHRIM UMR 5317. Ses recherches portent sur l’esthétique et la philosophie de l’art, notamment sur les questions de forme, d’image, de symbole et d’historicité. Cette réflexion philosophique se nourrit des apports théoriques et méthodologiques d’autres champs qui ont connu un développement original dans le domaine germanophone : histoire de l’art, science de l’art (Kunstwissenschaft), science de l’image (Bildwissenschaft), science de la culture (Kulturwissenschaft), science des médias (Medienwissenschaft). Liste des publications disponible sur : http://ihrim.ens-lyon.fr/auteur/rieber-audrey

Maud Hagelstein (FNRS, Université de Liège)

Chercheuse FNRS en philosophie et enseignante à l’Université de Liège, Maud Hagelstein travaille dans le champ de l’esthétique contemporaine et de la théorie de l’image. Elle a publié un ouvrage monographique (« Origine et survivances des symboles. Warburg, Cassirer, Panofsky », OLMS 2014), édité plusieurs ouvrages collectifs, et une trentaine d’articles. Elle est également membre du comité scientifique et artistique du musée TrinkHall.

Giovanna Targia (Kunsthistoriches Institut in Florenz / Universität Zürich).

Giovanna Targia est membre du projet d’édition des œuvres complètes de Heinrich Wölfflin à l’Université de Zurich et chercheuse associée au Kunsthistorisches Institut de Florence – Max-Planck-Institut. Ses recherches portent sur l’esthétique et l’historiographie artistique des 19e et 20esiècles – avec un intérêt particulier pour le langage de l’histoire de l’art allemand et des auteurs tels que Aby Warburg, Heinrich Wölfflin, Edgar Wind – ainsi que sur les théories et pratiques de la traduction. Elle est membre du comité éditorial du journal Art in Translation.

Prix : 50CHF. Inscription (sur dossier) et renseignements plus détaillés sur le site de l'événement. 

Crédits photo : J.-Ph. Girault de Prangey, Vase, Santa Cecilia in Trastevere, Rome, daguerréotype, The Horace W. Goldsmith Foundation Fund, The Met.