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Du travail de la langue à l'avènement d'une parole singulière (Énonciation et individu, IV)

Du travail de la langue à l'avènement d'une parole singulière (Énonciation et individu, IV)

Publié le par Marielle Macé

EXPERIMENTATIONS LANGAGIERES ET PAROLE INDIVIDUELLE
ÉNONCIATION ET INDIVIDU, IV – 12 JUIN 2006
École normale supérieure, Paris
APPEL A COMMUNICATIONS
Date limite de soumission : 10 mai 2006



Énonciation et individu :
du travail de la langue à l'avènement d'une parole singulière

Cécile Lignereux (AMN Paris IV) – Julien Piat (AMN Grenoble III)

Ce cycle de quatre demi-journées d'étude entend proposer un espace de réflexion autour de l'expression du moi, et en particulier, des détours stylistiques caractéristiques des écritures du for intérieur.
Quatre phénomènes nous semblent définir de puissants lieux d'analyse. Qu'il s'agisse du recours aux pratiques citationnelles et intertextuelles, aux discours rapportés – où se donnent à lire, par exemple, autant de rôles sociaux –, aux patrons formels de la généralisation, ou qu'il s'agisse encore de fonder une parole – au sens saussurien du terme – singulière à travers diverses expérimentations langagières, voilà en effet des entrées qui permettent de comprendre comment le sujet émerge, s'exprime et se donne à lire à travers ce qu'il dit – feint de dire ou ne dit pas.
Les enjeux d'un tel travail de la langue intéressent à la fois la théorie des genres, éclairée notamment par les apports de la pragmatique, et l'histoire littéraire qui, soucieuse de périodisation esthétique, se voit dès lors enrichie d'une indispensable perspective sociolittéraire.
On voudrait alors, dans une perspective pluridisciplinaire, creuser l'étude des contraintes multiformes pesant sur l'expression de la subjectivité (contraintes d'ordre autant générique que moral, éthique ou esthétique) mais aussi évaluer la lente émergence de la notion de sujet, tout comme l'évolution des mentalités et des sensibilités.

Quatre demi-journées d'étude, dont chacune fera l'objet d'un appel à communications ultérieur, sont d'ores et déjà programmées.

En privilégiant la réflexion et la confrontation diachroniques, chaque thème permettra une approche plurielle des formes et effets envisagés.
On souhaiterait, d'une part, offrir aux jeunes chercheurs la possibilité de présenter l'état actuel de leurs recherches – aussi bien à travers les objets abordés que par les méthodes utilisées – et, d'autre part, contribuer à dresser une cartographie des recherches actuelles en stylistique.

***

La dernière demi-journée de ce cycle aura lieu le 12 juin 2006, à l'École normale supérieure (45, rue d'Ulm, Paris 5e). Elle sera consacrée aux rapports entre parole individuelle et expérimentations langagières.

Deux axes majeurs pourront être creusés à cet effet – ce ne sont là que des orientations possibles.

En premier lieu, la question renvoie aux pouvoirs du langage. Le débat sur l'hétérogénéité fondamentale entre les mots et les choses n'est pas né de la coupure sémiotique conceptualisée par Saussure. Depuis toujours, des stratégies discursives ont cherché à pallier le(s) défaut(s) du langage. Dès lors, vouloir forger une autre langue pour mieux dire le réel peut être aussi envisagé comme une praxis fortement marquée – une revendication des pouvoirs de la parole individuelle.
En même temps, écrire cette autre langue, c'est sans doute aussi vouloir s'éloigner de l'« universel reportage » fustigé par Mallarmé. Mais pour quoi faire ? – Pour faire oeuvre de littérature, pouvons-nous répondre. Deleuze montre ainsi la voie, qui soutenait dans Critique et clinique que « la littérature présente […] deux aspects, dans la mesure où elle opère une déconstruction ou une destruction de la langue maternelle, mais aussi l'invention d'une nouvelle langue dans la langue, par création de syntaxe ».

Ce qui ressort de telles perspectives, c'est que l'expérimentation langagière peut à la fois être perçue comme un trait définitoire de la pratique littéraire, et comme un trait idiolectal fort. Faire oeuvre, c'est faire oeuvre personnelle et s'inscrire dans un moment particulier de la littérature. Faire résonner sa voix à travers un travail aux limites de la langue, c'est aussi poser la question de la littérarité.

Les propositions de communication devront être adressées à la fois à Cécile Lignereux (cecilelignereux@yahoo.fr ) et Julien Piat (julienpiat@yahoo.fr ) avant le 10 mai 2006.

NB : les actes seront publiés au plus tard à l'automne 2008.