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Du côté de chez Swann et son siècle de lectures (2)

Du côté de chez Swann et son siècle de lectures (2)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Nathalie Mauriac Dyer)

Séminaire de l'ITEM-CNRS « Du côté de chez Swann et son siècle de lectures (2) », 2013-2014

École normale supérieure, 45 rue d’Ulm, le lundi de 10h à 13h, en salle Beckett (attention, changement de salle),
sauf le 18 novembre en salle des Actes et le 10 février en salle des Conférences (46 rue d’Ulm).

On prend prétexte à nouveau cette année du centenaire de Du côté de chez Swann – dont les célébrations urbi et orbi se poursuivront jusqu'en décembre au moins – pour retraverser, en compagnonnage avec quelques grandes figures ou formes critiques, des lectures marquantes de la Recherche.

Les séances sont ouvertes à tous.

21 octobre,

Christophe Pradeau : « Thibaudet et l’hypothèse d’un paradigme proustien »

L'hypothèse a été faite, dès le début des années 1920, avant même la mort de l'écrivain, de la possibilité de reconfigurer les scénarios de l'histoire littéraire autour de l'oeuvre proustienne. Thibaudet est l'un de ceux, avec Ernst Robert Curtius par exemple, qui ont envisagé cette hypothèse du statut cardinal d'une oeuvre dès lors envisagée moins en elle-même que pour sa capacité à « faire constellation », à « faire noyau », à faire lien, ou, pour le dire en un mot, à « faire littérature ». C'est la vertu agrégative de la Recherche, sa capacité à reconfigurer l'histoire littéraire, « la mémoire des oeuvres », qui retient en premier lieu Thibaudet, Proust excitant en lui moins « l'attention à l'unique » qu'« un certain sens social de la République des lettres ». C. P.

18 novembre (salle des Actes)

Journée spéciale « Cent ans de Swann, cent ans d’édition proustienne »
Dialogue entre Charles Méla, Jean-Yves Tadié et Nathalie Mauriac Dyer autour des Premières épreuves corrigées de Du côté de chez Swann, « Combray » (Gallimard, 2013) et des Cahiers 1 à  75 de la Bibliothèque nationale de France (Brepols-BnF, 2008-). Table ronde autour de numéros récents du Bulletin d'Informations proustiennes, d'Europe, de Genesis, de La Nouvelle Revue française et de la Revue des Deux Mondes

9 décembre, 

Jean-Marc Quaranta : « Marcel Proust, cent ans pour écrire sa vie »

Voici environ cent ans que la critique s’emploie à écrire la vie de Marcel Proust. Cette tâche est rendue doublement difficile, d’abord par le fait que le roman et son héros entretiennent avec la personnalité de l’auteur et sa vie des liens très forts et difficiles à démêler, ensuite par la découverte du Contre Sainte-Beuve qui dénie à la critique biographique toute capacité d’accès à l’œuvre d’art et à son auteur et s’est imposé comme un texte fondateur de la modernité critique. Cette communication envisagera quels ont étés et quels sont aujourd’hui les enjeux de la critique littéraire quand il s’agit de raconter la vie de marcel Proust. Elle commence par aborder l’articulation entre la vie et l’œuvre dans le travail et la réflexion de Proust, pour ensuite se pencher sur les manières successives que la critique a eues d’approcher la vie de l’écrivain et de la raconter, pour proposer enfin deux exemples de regards sur la vie de Proust. L’un à partir de L’Histoire de la sexualité de Foucault, l’autre en pratiquant une méthodologie biographique qui croise toutes les données disponibles pour reconstituer, au jour le jour, les travaux et les plaisirs de l’écrivain. J.-M. Q.

13 janvier,

Anne Simon : « L’épreuve de soi : Proust et les penseurs des années soixante/soixante-dix »

Les contre-voltes et les ruptures fracassantes de Sartre ; la lente puis obsédante possession de Barthes ; les projections, les déplacements et les suspens de Deleuze ; la coulée longue et régulière de Merleau-Ponty évoquent quatre investissements rythmiques de Proust hétérogènes. Dans tous les cas cependant, la relation d’un théoricien à cet alter ego qu’est le romancier est l’occasion d’une mise à l’épreuve de la pensée et de l’identité où se testent une propension à la résistance autant qu’une capacité à l’abandon ou un désir d’esquive. A. S.

10 février en salle des Conférences (46 rue d’Ulm)

Vincent Ferré : « De Ricoeur à Macherey : “Une signification philosophique infinie” »

Cette intervention évoquera les lectures de M. Nussbaum (commentées par J. Bouveresse) et Rorty (lui-même discuté par J. Rancière) après avoir rappelé l’historique des débats entre Paul Ricoeur, Vincent Descombes et Anne Henry au cours des années 1980. Jusqu’où peut aller la “renconstruction” du texte proustien par le lecteur-philosophe ? Jusqu’à la disparition du texte derrière la figure d’un “Proust” créé de toutes pièces ?”

17 mars,

Florian Pennanech : « Thématique de l'oeuvre et poétique de la critique (à partir de Jean-Pierre Richard) »

 

14 avril,

Matthieu Vernet : « Allégorie, mémoire, herméneutique. Jauss lecteur de la Recherche »

Jauss était spécialiste de Proust avant de devenir le théoricien de la réception que l'on connaît et l'herméneute avec lequel Paul De Man et Derrida ont longuement discuté. Sa thèse Zeit und Erinnerung in Marcel Prousts "À la recherche du temps perdu". Ein Beitrag zur Theorie des Romans est en effet une monographie dans laquelle se dessine une théorie du roman et se donne à lire la préfiguration de son herméneutique littéraire. Nous retracerons à grands traits l'histoire de la réception de Proust en Allemagne, arrière-plan intellectuel et culturel décisif pour comprendre le parcours du critique allemand.
Nous nous intéressons ainsi au Proust de Jauss que l'on connaît mal en France, non seulement parce que sa thèse n'a jamais été traduite mais aussi parce que les passages de son Äesthetische Erfahrung und literarische Hermeneutik qui concernent Proust n'ont pas été retenus dans la sélection qu'en propose la traduction française dans la "Bibliothèque des idées". Nous verrons ainsi que la théorie du roman que définit Jauss et qu'il développera plus tard dans son questionnement sur l'allégorie trouve ses fondements dans la représentation de la mémoire proustienne et dans le sectionnement et la superposition des temps que celle-ci implique.

Marion Schmid donnera une conférence l’après-midi à 14h30 : « Tout le monde est un théâtre: Nina Companeez adapte À la recherche du temps perdu »

Proust peut-il être adapté, et de surcroît pour la télévision? L'alliance entre un texte qui reste associé à une culture d'élite et un médium de masse par excellence à priori pourrait sembler paradoxale. L'adaptation de Nina Companeez, réalisée pour France 2 en 2011, nous permet de revenir sur les controverses entourant les adaptations proustiennes dans le cadre conceptuel plus vaste de la rivalité, mais aussi des synergies et hybridations possibles entre littérature et cinéma. Qu'en est-il du caractère cinématographique, et a fortiori, intermédial du texte proustien et comment celui-ci peut-il être traduit dans un système de signification autre? L'adaptation peut-elle jouer le rôle noble de médiateur de la littérature que lui attribuait André Bazin? Quelles sont les différences ontologiques entre film et littérature et comment sont-elles négociées par cette réalisatrice qui ne se considère pas comme une « auteure » ? Voici quelques-unes des questions que nous nous proposons d'aborder dans cette communication

19 mai,

Maya Lavault : « De l'autre côté du siècle : lectures possibilistes de Proust »

 

Coordination : Nathalie.Mauriac@ens.fr, Philippe.Chardin@univ-tours.fr