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De l’oeuvre à l’archive : de l’archive à l’oeuvre

De l’oeuvre à l’archive : de l’archive à l’oeuvre

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Laboratoire ALEF, Université de Rennes 2)

Laboratoire ALEF
Université de Rennes 2

 

Séminaire interdisciplinaire : De l’oeuvre à l’archive : de l’archive à l’oeuvre
 

Mars › décembre 2012.
Premier jeudi de chaque mois 14h-16h
Salle espace recherche ALC

 

ALEF (Art-Littérature-Echange-Frontières) est un laboratoire interdisciplinaire jeunes chercheurs né de la rencontre des doctorants du CELLAM (Centre d’Etudes des Langues et Littératures Anciennes et Modernes) et d’APP (Art : Pratiques et Poétiques). Il a pour vocation de réunir autour d’un objet commun les étudiants des deux équipes. Il est également ouvert aux docteurs ayant récemment soutenu dont les objets d’études recoupent les axes de recherche du laboratoire.  Le projet a pour objectif de mener une recherche interdisciplinaire, exigeant la confrontation de méthodologies et de bases bibliographiques différentes. A partir d’une notion transdisciplinaire commune, il s’agira d’observer des glissements méthodologiques et théoriques entre les différentes disciplines qui composent ALEF : arts plastiques, cinéma, danse, littérature, musique, théâtre.

 

De l’oeuvre à l’archive : de l’archive à l’oeuvre

 

L’archive est un objet qui s’est imposé par son double intérêt méthodologique et théorique. D’un point de vue méthodologique, l’archive est un outil privilégié de la recherche scientifique, auquel tout chercheur se confronte quel que soit son champ disciplinaire. Mais l’archive revêt également un intérêt théorique prononcé.
Dans son essai Mal d’Archive paru en 1995, Jacques Derrida rappelle l’étymon grec arkhé, qui situe l’archive au croisement du commencement et du commandement. L’archive institue dès lors un double principe issu à la fois d’un commencement historique, physique ou ontologique et d’un ordonnancement, d’une compétence qui témoigne d’un pouvoir de consignation, de rassemblement et de fixation de l’archive. Elle est donc moyen d’instituer et de conserver la mémoire.
Faisant écho à ce schéma derridien, il semble en effet exister dans les oeuvres d’arts contemporaines une tension dans leur recours à l’archive. L’archive est dans le même temps medium de la production artistique (dans les arts plastiques, au cinéma, au théâtre, en littérature) et visée potentielle de cette production. En confrontant, en déplaçant ou en associant l’archive à l’oeuvre, on déploie donc un faisceau de questionnements qui traversent l’acte de création artistique, son rapport à la mémoire, à l’institution, à la visibilité ou encore à la totalité.
Mais, l’archive a paradoxalement affaire à l’oubli, menace inhérente à sa propre existence tant l’institution d’une archive produit nécessairement un choix mémoriel qui conserve une histoire pour en délaisser d’autres. Au vu du développement exponentiel des nouvelles technologies, ce risque intrinsèque à l’archive se déploie sous de nouvelles modalités. En effet, l’archive à l’ère numérique tend à se démultiplier puisqu’elle ne procède plus nécessairement d’une institution et d’une décision archivistiques. Et devant ce « trop d’archive », le risque de l’oubli réapparaît sous la forme de la dilution et de l’indifférenciation.
L’arkheîon grec ou l’archivium latin sont d’ailleurs comme le mentionne Derrida le lieu où sont à la fois recueillis et interprétés les documents officiels, mais aussi le passage du privé au public, « au croisement (…) du lieu et de la loi, du support et de l’autorité » . Il sera donc possible de questionner ces lieux de mémoire, appelés « les Archives », à l’heure de la dématérialisation des données et de l’apparition de nouvelles formes d’archives telles que les « archives ouvertes ».  A la fois mouvement de rassemblement et de dissociation, l’archive ne semble plus en mesure de garantir les limites du privé et du public, du secret et du visible, de la totalité et du fragment. Ces différents couples antinomiques doivent dès lors être observés par le prisme de la production artistique qui renégocie et institue sa propre conception de l’archive, en archivant ses propres oeuvres, en la faisant oeuvrer ou en la faisant oeuvre. Nos sociétés imposent en effet un rapport au temps toujours davantage centré sur le présent et nourrissent un imaginaire de l’ici et du maintenant. La question du rapport aux archives se pose alors comme un enjeu contemporain majeur : archives comme traces matérielles du passé mais surtout preuves qu’un présent se fait jour à chaque instant. Qu’est-ce qui fait archive et qui fait l’archive ? Où se situent les frontières entre l’oeuvre et l’archive ? Comment parvenir à une totalité de l’archive sans risquer de la faire disparaître ?
Si ces questionnements restent les axes principaux de notre recherche, plusieurs pistes de réflexion se démarquent dès à présent. Outre des approches historiques et philosophiques nécessaires et préalables à une définition contextualisée de l’archive, il apparaît intéressant d’interroger le statut de « l’archivistique », le rapport de l’archive à l’Institution, la falsification de l’archive voire son détournement ou encore la notion d’archive vivante. Au coeur du processus double de réception et de création, l’archive semble donc se perdre, se renouveler et s’actualiser sans cesse au contact de la production artistique.
Programme


1er MARS 2012 : Séance introductive, définitions historiques et philosophiques.

Séance coordonnée par Jeanne le Gallic

Alexandre Serres : De la trace à l'archive : quelques repères pour penser la question des traces à l'heure du numérique.
Maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, co-responsable URFIST Bretagne-Pays de la Loire.
Patrice Marcilloux : Archives, archive, archivistique : les mots et les choses aujourd'hui
Maître de conférences et conservateur du patrimoine, responsable de la licence professionnelle Traitement et gestion des archives et des bibliothèques et enseignant au sein du master 2 Archives et réseaux documentaires de l’université d’Angers.

 

12 AVRIL 2012 : L’Archive comme institution

Séance coordonnée par Jeanne Vauloup

Séance en partenariat avec Les Archives de la critique d’art. La séance aura lieu dans les locaux du centre d’archives. (www.archivesdelacritiquedart.org)

Jean-Marc Poinsot
Professeur à l’université Rennes 2, historien de l’art contemporain, il s’intéresse principalement à l'histoire des expositions et à la critique d'art depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Il est également directeur de l’École doctorale Arts Lettres Langues et Président des Archives de la critique d’art et dirige la revue de l'édition francophone en matière d'art contemporain Critique d'art.

 

3 MAI 2012 : L’Archive comme lieu de mémoire

Séance coordonnée par Jeanne Le Gallic

Sophie Lucet
Professeure en Études théâtrales à l’université Rennes 2, à l’origine du projet de création d’un centre de ressources pour les écritures scéniques contemporaines.

Séverine Leroy
Doctorante en Études théâtrales et ingénieur d’études à l’université Rennes 2.

 

14 JUIN 2012 : L’Archive et les nouvelles technologies

Séance coordonnée par Vincent Escalle

Nicolas Thély
Professeur en Art, Esthétique et Humanités numériques à l’université Rennes 2, directeur du séminaire « Best practices » dans le cadre du post-diplôme de l’école d’art d’Annecy.

Olivier Ertzscheid
Maître de Conférences en Sciences de l'information et de la communication, IUT de la Roche-sur-Yon.



Comité scientifique (ordre alphabétique)
Aurélien Bécue, Leszek Brogowski, Simon Daniellou, Joseph Delaplace, Vincent Escalle, Jeanne Le Gallic, Dimitri Kerdiles, Jean-Pierre Montier, Françoise Nicol, Laurence Perrigault, Jeanne Vauloup.