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Data-Littérature et Digital History. Ecriture et Histoire à l’heure du numérique

Data-Littérature et Digital History. Ecriture et Histoire à l’heure du numérique

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Dominique Dupart)

 

Data-Littérature et Digital History. Ecriture et Histoire à l'heure du numérique
 
Séminaire Créer l’/Histoire. Université de Lille III. 17H00-19H00. Dominique Dupart et Mélanie Traversier/

Répondant: Andrea Del Lungo, Professeur en Littérature française, Université de Lille III

Salle irhis, 17:30-19:30/ salle A1 152 (anciennement A3 101)

Contact : dominiquedupart@hotmail.com


Secrétaire de séance : Sébastien Debeire, Master 2
 

Olivier Cadiot et Xavier De La Porte, France culture : « Presse à bras et logiciels »
Résumé : Un designer d'interface, un programmeur, et un observateur des nouvelles technologies, c'est l'attelage bizarroïde qu'a réuni autour de lui Olivier Cadiot, sur la base d'un principe simple : fabriquer des outils informatiques pour jouir des textes. Tous les quatre déçus par ce qu'offrent les écrans en termes d'expérience de lecture, mais convaincus des possibilités en germe, ils cherchent à résoudre des questions modestes : que faire de la note en bas de page ? qu'est-ce qu'une couverture ? comment faire apparaître le multilingue ? etc. Des questions que le livre avait résolues, qui s'ouvrent à nouveau et dont les réponses sont, comme elles le furent il y a 6 siècles, à la fois bêtement techniques et profondément littéraires. Au-delà, c'est l'envie de déplier des textes qui étaient rentrés de force dans les livres, de profiter des écrans pour en donner une lecture, mais aussi, pour des écrivains, de réinterroger leurs pratiques.

Xavier de La Porte anime sur France Culture l'émission « Place de la toile », consacrée aux cultures numériques.

Olivier Cadiot est écrivain. Son dernier ouvrage,Un mage en été, est paru, comme les précédents, aux éditions POL. Il a co-dirigé avec Pierre Alferi laRevue de Littérature Générale.

Alexandre Gefen, Centre d'Étude de la Langue et de la Littérature Française, UMR 8599 du CNRS et de l'Université Paris Sorbonne ; Équipe de recherche Fabula :  « Brève apologie des humanités numériques »

Résumé : Les affinités entre les explorations esthétiques et communicationnelles de la littérature et Internet sont si fortes qu'il est parfois difficile de dire si celui-ci est une généralisation du modèle hypertextuel des Essais de Montaigne, la mise en oeuvre du programme mallarméen du Livre, un monde virtuel échappé d'un rêve de Borges, une extension du cabinet de curiosités de Breton, un calcul poétique de Queneau, Calvino ou Ted Nelson, ou bien plutôt, si le réseau n'est qu'une réalisation technique produisant, par reconstruction rétrospective, une modernité littéraire dont les jeux formalistes et la cybernétique poétique, la prime donnée à la fiction, le goût du commentaire et de l'entretien infini, la liberté générique seraient les valeurs.

La littérature en réseau place devant nos yeux des formes de resocialisation de la littérature et participe à littérarisation des relations sociales, mutations qui interviennent pour modifier profondément nos catégories critiques et même l'idée même que nous faisons de la littérature. Parallèlement, du côté de la critique, l'émergence d'internet participe d'un profond changement de nos méthodes de compréhension et d'enseignement des textes, qu'il s'agisse de découvrir un accès à un savoir empirique à travers le modèle du big data, d'imaginer dans les éditions hypertextuelles une forme de philologie numérique ou de réfléchir à la façon dont les catégories informatiques et cybernétiques (les idées de programme, de logiciel, de monde virtuel, etc.) tendent à constituer des outils d'analyse critique des textes littéraires « traditionnels ».

Ce sont ces transformations sur lesquelles je voudrais revenir en les confrontant à la longue durée à l'histoire des valeurs, des poétiques et des pratiques littéraires dans le cadre d'un champ nouveau : les humanités numériques.
http://www.implications-philosophiques.org/actualite/une/le-devenir-numerique-de-la-litterature-francaise/

Alexandre Gefen est chercheur au Centre d'Étude de la Langue et de la Littérature Française (UMR 8599 du CNRS et de l'Université Paris Sorbonne). Fondateur de Fabula.org <http://Fabula.org> , il participe à la coordination du consortium "Cahier" et du Labex "OBVIL" de Paris Université. Auteur de travaux portant sur théorie littérature, les humanités numériques et la littérature contemporaine, il a publié dans la NRFLittérature, la RSHL'HerneEuropeModernitésCritique, et collabore régulièrement au Magazine littéraire. Il s'intéresse au devenir contemporain de la littérature à l'heure des réseaux et aux renouveaux de nos méthodes critiques, notamment au sein du projet ANR "Pouvoirs des arts".


Gil Bartholeyns, spécialiste des visual studies  : « Digitalisation de l'histoire visuelle et écriture scientifique»

Je peux faire le point sur les changements que le régime numérique avait entraînés. Deux directions. Recherche : notamment l’accès à des fonds mondiaux (l’image étant plus topologique que le texte) et donc à de nouvelles formes d’analyse (comme l’analyse sérielle) et donc de récit. Écriture : l’écriture légitime de l’histoire n’étant plus seulement textuelle, l’image (cinématographique) et la diffusion numériques (y compris audio) entérinent un changement à mon avis majeur. Car si la manière de faire l’histoire bouge selon les écoles et les rigueurs, le medium dans lequel le passé se raconte scientifiquement n’avait pas encore bougé.

Sur la question du livre comme support ou disons du texte, je ne suis pas certain d’avoir une expertise très fine. Il est certain que la mondialisation du savoir par la mise à disposition non seulement des ouvrages anciens et des travaux actuels, a changé la donne, les résultats comme nos pratiques, surtout en sciences humaines. Le bureau contre la bibliothèque. Du point de vue de l’expérience littéraire – si jamais cet aspect intéresse la rencontre – je peux faire part de l’étrange écriture d’Image et transgression (PUF 2008) à trois, à distance. Un livre que nous n’avons pu réaliser que grâce aux outils numériques de changements, de corrections, de suivis, de commentaires, finalement d’abolition de l’auteur, soit parce qu’une idée de l’un de nous était rédigée par un autre, soit parce que le texte écrit par l’un était repris encore et encore par les autres, mois après mois, par une sorte d’archéologie à l’envers. Des documents visuellement dignes d’un manuscrit de Flaubert, un défi amusant pour une nouvelle génétique.

Je serai en tout cas heureux de répondre du mieux possible au thème pour l’enrichir en présentant, peut-être, une série d’aspects autour de la digitalisation de l’histoire visuelle et de l’écriture scientifique.

Gil Bartholeyns est historien, titulaire de la chaire d'étude visuelle à l'Université Lille 3. Il a publié notamment Image et transgression au Moyen Âge (avec Pierre-Oliver Dittmar et Vincent Jolivet, PUF, 2008) ; Adam et l'astragale. Essais d'anthropologie et d'histoire sur les limites de l'humain (Ed. de la MSH, 2009) ; La Performance des images (avec Thomas Golsenne, Bruxelles, 2010) ; Cultures matérielles. Anthologie raisonnée (Ed. de la MSH, 2011) ; Les apparences de l'homme (Civilisations, 2011). Il collabore à la rédaction de culturevisuelle.org<http://culturevisuelle.org/>  et editionspapiers.org <http://editionspapiers.org/>