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Nouvelle parution
Critique, n° 900 :

Critique, n° 900 : "Riad Sattouf. L’étrangeté du monde réel"

Publié le par Marc Escola

C’est un divertissement d’ilotes, un passe-temps d’illettrés, un spectacle qui ne demande aucun effort » : ce célèbre et féroce jugement, que Georges Duhamel portait sur le cinéma en 1930, d’autres avant et après lui l’ont appliqué à la bande dessinée. Avec le même aveuglement. Car dans le monde de la culture et de l’art, la BD a obtenu elle aussi droit de cité. Non seulement elle représente aujourd’hui un des secteurs les plus dynamiques du marché de la librairie – en 2020, plus de 53 millions d’exemplaires vendus en France –, mais elle a obtenu une véritable reconnaissance critique, qui n’est plus inversement proportionnelle à sa popularité.

À cette vitalité, bien des explications. La bande dessinée est devenue adulte et s’est internationalisée en se diversifiant ; tout en renouvelant les conventions du fantastique, de l’aventure, de la science-fiction ou du roman noir, elle a investi de nouveaux domaines, comme l’autobiographie et le reportage ; elle a inventé de nouvelles formules éditoriales et chamboulé ses procédés graphiques ou narratifs – sans renoncer (en général) à son essentielle hybridité, c’est-à-dire à sa manière de marquer la solidarité du visible et du lisible. Son « inventeur » supposé, Rodolphe Töpffer, l’affirmait dès 1837 : « Les dessins, sans le texte, n’auraient qu’une signification obscure ; le texte, sans les dessins, ne signifierait rien. »

Parmi les auteurs actuels qui savent associer qualité, popularité et drôlerie, Riad Sattouf se signale par une aptitude particulière à débusquer l’étrangeté dans le réel ; il s’en explique dans l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder. Attentif aux qualités formelles du dessinateur, Yves Hersant rend compte ici de son dernier livre paru, Le Jeune Acteur 1, tandis que Thierry Hoquet interroge la « virilité » de Pascal Brutal, héros éponyme d’une série publiée entre 2006 et 2014 ; sociologue elle-même, Christine Détrez commente l’« imagination sociologique » de Riad Sattouf, telle qu’elle se révèle dans les réjouissants Cahiers d’Esther (qui en disent long sur la « culture jeune »). Il revenait à des spécialistes du monde arabe, François Pouillon et Mercedes Volait, de parcourir les cinq volumes publiés de L’Arabe du futur, récit d’enfance qui a « quelques leçons à donner aux ethnologues ».

Sommaire

Vignettes
Yves Hersant
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Esther, Anouk et la sociologue
Christine Détrez

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Choses vues dans le monde arabe
François Pouillon, Mercedes Volait

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Sous le signe du Taureau
La virilité du père dans l’œuvre de Riad Sattouf
Thierry Hoquet

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Entretien

Riad Sattouf
« Raconter le plus de sensations possible »
Propos recueillis le 21 février 2022 par Élie During, Yves Hersant, Thierry Hoquet

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Réécrire le cosmos
Déborah Bucchi

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L’Université a peur !
Laurent Jaffro

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Antisocial, vraiment ? Relire Fernand Deligny
Pierre-Henri Castel

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Mis en ligne sur Cairn.info le 05/05/2022.