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Créations d'atelier. L'éditeur et la fabrique de l'oeuvre à la Renaissance

Créations d'atelier. L'éditeur et la fabrique de l'oeuvre à la Renaissance

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Anne Réach-Ngô)

« Créations d'atelier. L'éditeur et lafabrique de l'oeuvre à la Renaissance »

Colloque organisé par Anne Réach-Ngô(Atelier XVIe siècle de Paris-Sorbonne),

1er-2juin 2012, Paris

Le colloque « Créations d'atelier. L'éditeur etla fabrique de l'oeuvre à la Renaissance » s'inscrit dans la lignée des travauxcollectifs déjà menés dans le cadre de l'atelier XVIe siècle deMireille Huchon, dont l'un des axes de travail vise à interroger les pratiques éditorialesde la Renaissance (voir les actes des journées d'études et colloque : BrigitteOuvry-Vial, Anne Réach-Ngô (dir.), L'acteéditorial. Publier à la Renaissance et aujourd'hui, Paris, ClassiquesGarnier, 2010 et Anna Arzoumanov, Anne Réach-Ngô, Trung Tran (dir.), Le discours du livre. Mise en scène du texteet fabrique de l'oeuvre sous l'Ancien Régime, Paris, Classiques Garnier, actuellementsous presse). Jusqu'à présent, les réflexions ont pour l'essentiel porté sur dessituations éditoriales où l'imprimeur-libraire participe à l'incarnation desoeuvres « en belle forme de livre » et aux métamorphoses de l'objetune fois la mise en texte effectuée. Les hommes du livre ont alors puapparaître comme des « passeurs de textes » (voir le colloque « Passeursde textes : imprimeurs et libraires à l'âge de l'Humanisme » organisépar ChristineBénévent, Annie Charon, Isabelle Diu et Magali Vène en mars 2009), sechargeant de transmettre – en l'interprétant ‒ un écrit né du travail d'une autre instance, anonyme ou identifiée, qui apparaîtsous le titre d'« auteur » et dont l'autorité et la légitimitécommencent alors à se constituer.

Or certaines études récentes ‒ portant plus spécifiquement sur des auteurs, commeLouise Labé ou Helisenne de Crenne, sur des ateliers, comme ceux d'AntoineVérard ou de Jean de Tournes, sur des milieux, comme celui des imprimeurslyonnais ou parisiens des années 1530-1550, ou encore sur des procédéséditoriaux, allant de l'illustration à la catégorisation générique, comme dans le cas ducanzoniere, pour ne citer quequelques exemples ‒ de même que les recherches rattachéesplus directement à la question de l'auteur, d'un point de vue aussi bien historique,juridique que littéraire ‒ comme l'illustre le cas Marot quitémoigne du rôle de l'acte de publication dans l'établissement d'un ethos d'auteur ‒, tendentégalement à montrer que l'auteur, entendu comme une instance en voied'élaboration, est le résultat d'une construction, d'une« fabrication » (Marie-Pier Luneau et Josée Vincent (dir.), Lafabrication de l'auteur, Québec, Nota Bene, 2010) et que l'éditeur entretientavec la figure auctoriale, présente au coeur du dispositif communicationnel del'oeuvre en tant que rédacteur, traducteur ou compilateur, une relation complexe(Martine Furno (dir.), Qui écrit ?Figures de l'auteur et poids des co-élaborateurs du texte, de la fin dumanuscrit à la Révolution (XVe – XVIIIe siècles), Lyon, Presses de l'ENS-LSH, 2009).

Au-delà du simple rôle d'agent littéraire notamment misen valeur par les travaux de Brian Richardson, il peut donc paraître intéressantde s'intéresser aux fonctions et pratiques de l'éditeur de la Renaissance lorsqu'ilse situe à l'initiative de l'oeuvre, non pas seulement de sa mise en livre, maiségalement de sa conception. Ceci nous amènera dès lors à considérer les cas oùla genèse de l'oeuvre n'est pas nécessairement envisageable suivant deux étapesdistinctes qui différencieraient mise en texte et mise en livre, mais en ununique projet où les pratiques d'écriture se réalisent au moment même où seconçoit le livre imprimé. Certes, la situation décrite est loin de correspondreà la majorité des oeuvres publiées, loin de là ; toutefois, les quelquescas qui ont pu être mis en valeur pourraient être révélateurs de pratiquesd'atelier plus courantes qu'il n'y paraît à première vue.

Ce colloque voudrait donc réunir des études de cas oùl'on peut établir ou déduire que l'éditeur est intervenu en tant quecommanditaire de l'oeuvre, l'atelier apparaissant alors comme un lieu où s'inventel'oeuvre elle-même. On s'intéressera notamment aux situations éditoriales où l'éditeurfédère, orchestre ou avalise un projet d'édition, où l'oeuvre est le résultat detravaux d'écriture à plusieurs mains, de jeux littéraires destinés à lapublication, où la traduction est explicitement le résultat d'une commandeéditoriale, où les ouvrages s'écrivent pour répondre à une demande ponctuelle,à un contexte polémique ou à un effet de mode éditoriale. On soulignera égalementl'importance de certaines figures de la vie intellectuelle qui fréquentent lesmilieux éditoriaux, participent à la diffusion des idées et des écritsnouveaux, interviennent parfois silencieusement pour favoriser l'innovation etla créativité littéraire en envisageant notamment les pratiques d'écriturecollaborative ou ludique. On pourra enfin se demander quelles figuresauctoriales véhiculent ces ouvrages, selon quels procédés ils élaborent unereprésentation, fidèle ou fictive, de la création littéraire et dans quellemesure la réalité de l'atelier d'imprimerie et ses représentations, dans leurécart même, participe à la constitution d'une imaginaire de l'auteur, del'éditeur et du lecteur qui concourt au renouvellement, avec le développementd'une culture de l'imprimé, du mythe de la création littéraire à laRenaissance.

Les propositions de communication, d'une demi-page,assortie d'un titre provisoire et de l'adresse institutionnelle de leur auteur,sont à envoyer par voie électronique avant le15 mai 2011 à Anne Réach-Ngô (anne.reachngo@yahoo.fr).