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Courbes optimales. La notion d’« efficience » au XVIIIe siècle (sciences, littérature, esthétique) REPORTÉ

Courbes optimales. La notion d’« efficience » au XVIIIe siècle (sciences, littérature, esthétique) REPORTÉ

Publié le par Université de Lausanne (Source : Adrien Paschoud)

COLLOQUE REPORTÉ À L'AUTOMNE 2020 — (date prochainement diffusée sur Fabula)

Courbes optimales. La notion d’« efficience » au XVIIIe siècle (sciences, littérature, esthétique)

Université de Bâle. Missionstrasse 21

5-6 mars 2020

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Derrière le « meilleur des mondes possibles » de Leibniz se cache une réflexion théologique, morale et mathématique doublée d’une idée fort neuve au XVIIIe siècle : l’efficience. Dieu aurait en effet créé le monde en sorte que s’y trouve « la plus grande variété, avec le plus grand ordre » (Principes de la grâce). En un mot, Dieu a créé et administre l’univers en suivant une raison économique que matérialise entre autres l’idée géométrique de courbes optimales.

Cette idée essaime en France et en Europe. Elle alimente les débats théologiques, et contribue à affermir les courants déistes. Mais elle trouve des résonances dans d’autres domaines : la conception de Montesquieu selon laquelle le gouvernement « le plus parfait est celui qui va à son but à moins de frais » (Lettres persanes), ne subordonne-t-elle pas la politique à un calcul des dépenses ? La jurisprudence de Beccaria ne vise-t-elle pas à indexer la « vraie mesure de la peine » sur le « dommage causé à la société » (Des délits et des peines), fondant ainsi un optimum pénal ? L’émergence de l’économie politique est-elle dissociable de la conception d’un ordre naturel conceptualisé pour la première fois par Boisguilbert et perfectionné par Quesnay en un gouvernement économique visant « la plus grande augmentation possible de jouissance, par la plus grande diminution possible de dépense » (Physiocratie) ?

De tous ces savoirs, la littérature n’est pas exclue ; elle résiste cependant à une interprétation trop étroitement économique de l’optimum. Certes : « Personne n’imite notre Seigneur mieux que l’inventeur d’un beau roman » (lettre à Ulrich), écrit Leibniz. Mais de Lesage à Diderot, quels optima met-elle en scène ? Relèvent-ils bien d’une économie des pertes et profits ? N’englobent-ils pas la dépense, le détour, l’inachèvement même comme des possibilités de l’existence ? Dans une perspective esthétique, la courbe optimale ne s’apparente-t-elle pas à la « ligne serpentine » ou « ligne de beauté » d’Hogarth ? Le plaisir ne mélange-t-il pas l’ordre et la surprise, notamment dans la description du « verger de Julie » dans la Nouvelle Héloïse, où « les sinuosités […] sont mélangées avec art » ?

Quels sont alors les types d’optima conçus dans les différents domaines du savoir ? Et surtout, considérés à travers le prisme de la littérature, quelles mises en question, collaborations ou parallèles tirer entre ces types d’efficacité?

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PROGRAMME :

Jeudi 5 mars

9.00

Ouverture du colloque (Sarah Brämer, Adrien Paschoud et Slaven Waelti)

9.45

Claire Fauvergue (Collège international de philosophie, Paris) : 

L’optimum comme paradigme savant dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert

10.15

Discussion

11.00

Muriel Brot (CNRS, Université Paris-Sorbonne) : Optimum économique et efficience philosophique dans l’Histoire des deux Indes de Diderot-Raynal

11.30

Carole Dornier (Université de Caen) : Méthode des calculs et optimum de la décision politique dans les projets de l’abbé de Saint-Pierre

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14.00

Sarah Brämer (Université de Bâle) : La meilleure écriture possible : la notion d’optimum chez Warburton

14.30

Colas Duflo (Université Paris-Nanterre) : Les Lettres persanes de Montesquieu, l’efficience et le gâchis

15.00

Discussion

16.00

Marilina Gianico (Université de Mulhouse) : Le pathétique et le roman : vers un optimum de la sensibilité ?

16.30

Discussion

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Vendredi 6 mars 

09.00

Philippe Audegean (Université de Nice) : Massima felicità. Utilité optimale et normes de justice chez Beccaria

09.30

Claire Pignol (Université Paris I-Panthéon Sorbonne) : Usage sage des richesses ou jouissance extravagante : l’optimalité est-elle déraisonnable ?

10.00

Discussion

11.00

Florence Magnot-Ogilvy (Université de Rennes) : Équilibre et déséquilibre : 

les courbes narratives des contes de Voltaire et la notion de rééquilibrage

11.30

Véronique Le Ru (Université de Reims) :  La recherche du bon principe d’économie

12.00

Discussion