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"Sade et la politique". Conf. de S. Genand dans le cadre de l'exposition "Giacometti:Sade, Cruels objets du désir" (Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : stephanie.genand@u-bourgogne.fr)

Dans le cadre de l'exposition "Giacometti / Sade, Cruels objets du désir", Stéphanie Genand pose la question de la politique dans l'univers sadien lors d'une conférence le 30 janvier 2020 au Giacometti LAB. 

La question politique occupe une place prépondérante dans l’univers sadien : pourrait-il en être autrement pour un auteur né sous le règne de Louis XV, mais à qui sa longue existence vaut de traverser la Révolution, puis l’Empire, avant d’assister aux prémices de la Restauration en 1814 ? Rarement un parcours aura de fait autant rencontré l’histoire politique particulièrement tourmentée de cette période. 

Sade, en outre, ne se contente pas d’être le contemporain de cette suite de nouveaux régimes : il en est également l’acteur, puisqu’il s’engage activement au service de la Révolution en 1791, mais aussi la victime puisque chacune des autorités qui se succèdent alors – la monarchie, puis la Terreur et enfin l’Empereur Napoléon – voit en lui un dangereux ennemi qu’il faut à tout prix enfermer.

Cette longue réclusion ouvre alors le second volet de la politique dans l’univers sadien : après avoir été une expérience, elle devient matière à réflexion et l’œuvre de Sade apparaît, dans cette perspective, comme un passionnant laboratoire de l’exercice du pouvoir. Despotisme, républicanisme dans le célèbre pamphlet « Français, encore un effort » inséré dans La Philosophie dans le boudoir en 1795, micro-sociétés échafaudant leurs propres lois en marge de la sphère publique, pas un modèle de la vie collective n’échappe à son examen lucide et nourri par les plus grandes pensées politiques des Lumières, à commencer par celle de Montesquieu.

Plus encore, les situations fictives favorisent, sous sa plume, l’exploration des ressorts passionnels et psychiques qui déterminent, pour Sade, le goût du pouvoir et les conditions de son exercice. Sade, curieusement, se montre alors adepte de la modération : à rebours des légendes noires qui l’ont longtemps figé dans la posture d’un aristocrate fanatique, ou d’un sanglant réactionnaire, la lecture de son corpus révèle un Sade soucieux de tempérer les passions qui menacent structurellement l’exercice de la liberté.

Pourquoi enfin la postérité, et notamment le XXe siècle, ont-ils toujours associé Sade aux régimes les plus tyranniques ? Tel est l’ultime volet de la question politique chez Sade : le malentendu qui l’a longtemps voilée témoigne de la difficulté d’aborder sereinement sa pensée en la matière. Quelle est donc la réalité de la pensée et de la position sadiennes ? Comment Sade analyse-t-il la politique ? Et en quoi ses réflexions peuvent-elles peut-être encore éclairer notre présent ?
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Stéphanie Genand est professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l’université de Bourgogne.
Ses travaux portent sur la dimension anthropologique de la littérature et sur les relations entre Lumières et passions, politique et morale, fiction et savoir, identité et altérité. Elle s’est notamment intéressée à l’œuvre de Sade, dont elle vient de publier une biographie chez Gallimard (Folio biographie, 2018) et à celle de Germaine de Staël, auquel elle a consacré un récent essai (La Chambre noire. G. de Staël et la pensée du négatif, Droz, 2017) et dont elle vient de coéditer les deux derniers tomes de la Correspondance générale. Elle est aussi, depuis 2015, présidente de la Société des études staëliennes.

Informations pratiques : 

Conférence gratuite : Jeudi 30 janvier à 18h30 

Adresse : Giacometti LAB, 9 rue Victor Schoelcher - Paris 14

Réservation : rsvp@fondation-giacometti.fr