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Comment (re)penser l'enseignement du théâtre dans les différents contextes d'éducation ? (Grenoble)

Comment (re)penser l'enseignement du théâtre dans les différents contextes d'éducation ? (Grenoble)

Publié le par Marc Escola (Source : corinne frassetti pecques)

Comment (re)penser l'enseignement du théâtre dans les différents contextes d'éducation ?

Alors que des évolutions majeures ont eu lieu depuis les années 1970 tant dans le domaine des pratiques d’enseignement que dans le domaine de l’esthétique théâtrale, alors que la relation qu’entretient l’école avec les territoires et les collectivités sont là aussi en pleins changements, il paraît nécessaire de se questionner aujourd’hui, dans un monde globalisé marqué par les effets de la grande révolution numérique en cours (Morin, Serres, Meirieu et Stiegler), sur la place que peut/doit avoir l’enseignement du théâtre dans l’école et dans les sociétés, en France et dans d’autres pays, en confrontant les points de vue et les modèles issus de différentes cultures.

Les bouleversements des années 1970 reposaient sur des mouvements d’idées et d’actions de nature politique, idéologique et humaniste (Freire). C’était changer l’école pour changer le monde, c’était changer l’école par le théâtre. La réalité du théâtre, dans le même mouvement, posait des idéaux éthiques et politiques au coeur de la créativité théâtrale. Ont suivi des évolutions majeures en France, au Québec, au Brésil et ailleurs, revendiquant la place du théâtre dans l’enseignement, du primaire au secondaire, mais dans des formes d’écartèlement entre les vertus pédagogiques et sociales du théâtre et ses nécessités plus directement artistiques. Faut-il aujourd’hui, et comment, différencier éducation artistique, enseignement artistique et éducation culturelle (Ardouin; Carasso)? Cette question sera une des problématiques traitées dans ce colloque à travers les différents axes proposés. Une autre concernera la place à accorder à l’historicisation et aux liens du théâtre des siècles passés au théâtre contemporain. Quelles relations entre les pratiques d’enseignement du théâtre et les nouvelles formes scéniques ? Quelle esthétique théâtrale dans ce contexte, y compris en liens avec la science (Surbézy), quelles relations entre théâtre enseigné, théâtre professionnel et théâtre amateur (Bordeaux, Caune et Mervant-Roux) ?

Le monde structuré par des idéologies fortes s’est en grande partie dissous. Pour autant, en ce début de XXIème siècle, émergent des formes nouvelles de théâtre engagé (Hamidi-Kim, Neveux, Plana) dépassant la difficulté du théâtre occidental, durant la seconde moitié du XXème siècle, à faire de l’art après Auschwitz, suivant la réflexion d’Adorno (Naugrette). Le développement du secteur jeunesse et jeune public au sein du monde théâtral et scolaire s’inscrit sans nul doute dans cette émergence (Beauchamp, Bernanoce, Faure, Heulot-Petit et Le Pors, Lallias, Lansman, Lebeau, Lesourd). Parallèlement, nos sociétés semblent vouloir interroger, non sans danger, l’efficacité de leur système d’enseignement, ses financements, ses liens avec la collectivité et les territoires, en particulier dans le domaine des pratiques artistiques (Bordeaux et Deschamps, Collin, Wallon).

À cela s’ajoutent les questionnements sociologiques, esthétiques et didactiques que pose la place de la littérature dans les pratiques scolaires et sociales, sur la base de relations complexes entre théâtre et littérature (Danan, Ryngaert, Vinaver). L’actuelle approche didactique par le « sujet lecteur » (Langlade et Rouxel) ouvre des voies de recherche, en particulier sur les liens intimes entre le théâtre, ses acteurs, ses lecteurs et ses spectateurs. L’autre question transversale que soulèvera ce colloque peut se formuler ainsi : quelle place peut-on donner à « l’agentivité » des oeuvres et aux « intensités » de la réception (Citton, Macé) alors que les besoins d’ordre et de repères semblent revenir sur le devant de la scène sociale? Comment penser la créativité théâtrale en tenant compte de l’actuelle « insécurité interprétative » née d’une « fatigue d’être » (Chanfraut-Duchet, Ehrenberg)? Comment penser ensemble théâtre et citoyenneté, théâtre et valeurs (Heinig, Nussbaum) tant du côté de l’enseignement que de celui de la médiation?

Plus que jamais mais de façon renouvelée, il paraît opportun de s’interroger sur la nécessité éducative des pratiques théâtrales dans leur grande diversité (entre lecture et plateau, jeu et écriture, réception et création, en passant par la dramaturgie) afin d’explorer et théoriser des pistes innovantes ou reconfigurées, dans un contexte international.
Le colloque initiant ce projet s’ouvrira en dressant un état des lieux des relations institutionnelles entre le théâtre, l’école, les collectivités et la société dans différents pays (principalement France et territoires d’outre-mer , Canada-Québec, Brésil, Colombie, Italie, Grande-Bretagne, Suisse, Tunisie) : il s’agira de percevoir la manière dont sont apportées des réponses à la question de l’écartèlement entre les vertus pédagogiques et les exigences artistiques du théâtre, sans oublier celle de la formation du citoyen (vivre ensemble et citoyenneté) et celle qui est liée au développement personnel et social ou à la construction identitaire (intégration et francisation). Quelle histoire et quelles conceptions, en particulier quelle place pour le partenariat artiste/enseignant? Quels dispositifs, quels textes officiels? Pour cela, différentes tables rondes réuniront des spécialistes autour de schémas et panoramas permettant de comprendre l’évolution et l’état actuel des dispositifs institutionnels des différents pays concernés.

Ce colloque est la première étape d’un projet plus vaste. Les participants qui le souhaiteront pourront poursuivre les échanges et la réflexion au-delà du colloque lui-même, et selon les axes définis. Cela permettra aussi de penser les liens entre les groupes de recherches concernés et la poursuite d’actions concertées, sur la base des enjeux et questions définies à l’issue du colloque de Grenoble.

Ce colloque sera suivi de deux journées de colloque à Paris (25 et 26 février 2020) et d’un symposium à Montréal (automne 2020), dont les dates précises sont à définir.

L’ensemble est construit en partenariat avec des institutions, des professionnels du théâtre, sans oublier le secteur associatif dont l’ANRAT, partenaire actif de ce projet.

 

Organisation

UMR LITT&ARTS, composante LITEXTRA, Université Grenoble-Alpes.

Contact : marie.bernanoce@univgrenoble-alpes.fr

GRET, Université du Québec à Montréal.

Contact : lepage.chantale@uqam.ca

ANRAT, Montreuil.

Contact : anrat.coordination@gmail.com

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Le programme détaillé du colloque est consultable en ligne…