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Colloque International « Représentations réciproques dans les discours francophones et lusophones »

Colloque International « Représentations réciproques dans les discours francophones et lusophones »

Publié le par Sophie Rabau (Source : Maria Cristina Batalha)

APPEL À COMMUNICATION

Colloque International « Représentations réciproques dans les discours francophones et lusophones »

Dates : 14, 15 et 16 septembre 2009.

Lieu : UERJ (UNIVERSITÉ DE L'ÉTAT DE RIO DE JANEIRO), Brésil.

Communications : organisées selon les axes thématiques proposés (durée : 20 minutes)

Résumés : nom et institution d'appartenance, titre, mots-clés, indication de l'axe thématique et un résumé de 3.000 caractères avec espaces max. (portugais et/ou français)

Date limite pour l'envoi des Résumés : 29/05/2009

Diffusion des résultats après analyse du comité scientifique : juillet/2009.

Envoi des résumés à : tcspereira@esp.puc-rio.br

REPRÉSENTATIONS RÉCIPROQUES DANS LES DISCOURS FRANCOPHONES ET LUSOPHONES

(textes linguistiques, littéraires, médiatiques)

En 2005, Année du Brésil en France, de nombreuses manifestations scientifiques, culturelles et artistiques ont vu le jour, orientées par un esprit de reconnaissance et de renforcement des liens de coopération et d'échange qui unissent les deux pays. Dans le même esprit de réciprocité, le Brésil s'engage à son tour à rendre pareillement hommage au pays partenaire, organisant pour l'année  2009, l'Année de la France au Brésil.

Ce colloque, « Représentations réciproques dans les discours francophones et lusophones », particulièrement important pour des chercheurs, professeurs d'université, étudiants, traducteurs et professeurs de FLE compte réunir un nombre représentatif de personnes qui réfléchissent sur les problèmes plus pertinents et actuels concernant le langage et le discours dans le cadre des langues nationales et étrangères, ainsi que les questions des rapports culturels entre le Brésil et les différents pays d'expression française. Cette proposition justifie donc le choix de la thématique générale de la rencontre, à savoir les représentations réciproques dans les discours lusophones et francophones.

Nous estimons que toutes les cultures s'interpénètrent et, avec la mondialisation, ce phénomène prend une envergure sans précédent. L'étude des regards croisés lusophonie-francophonie correspond à celle de l'exotisme entendu comme représentation de l'autre et de l'ailleurs : exotisme brésilien des Français ; exotisme français des Brésiliens. Les questions qui sont à l'origine de nos réflexions portent sur les enjeux que suppose tout processus de contact culturel, engendrant un certain nombre d'images qui se cristallisent, évoluent voire fantasmagorisent, modifiant le mode de vie et le point de vue de part et d'autre. Comme éléments de réflexion, on pourrait déceler des enjeux linguistiques, littéraires et socioculturels. Aussi, le contraste entre les deux littératures peut-il être présenté à partir de la différence et de la continuité avec l'Europe et singulièrement avec une certaine tradition du traitement narratif européen ?

Il nous intéresserait également de discuter quelle serait la place des rapports luso-francophones dans le cadre de la modernité et de la mondialisation. La francophonie peut-elle constituer un espace alternatif de référence, favorisant la préservation des identités culturelles/plurielles ? La remise en cause à l'heure actuelle du concept de francophonie et le refus de certains auteurs africains de langue portugaise d'accepter l'épithète de « lusophones » seraient autant de voies à parcourir. Tant la francophonie que la lusophonie sont entendues comme des espaces virtuels placés au carrefour de plusieurs chemins entrecroisés : linguistique, anthropologique, politico-économique, littéraire, culturel. On cherchera également à prendre en considération les différentes expressions culturelles dans les deux langues. Nous sommes persuadés qu'il existe un rapport intrinsèque entre l'écriture et la réappropriation des référentiels linguistiques et culturels, ce qui explique les tensions que l'on peut déceler dans les différents systèmes discursifs retenus. Ce rapport sera donc examiné ici afin de susciter d'autres réflexions à même de conforter, revisiter voire relativiser les concepts d'influence, de dépendance et de identité/altérité.

Nous concevons donc cette rencontre comme un espace où seraient redéfinis et réexaminés les divers aspects de la relation entre les cultures : leur capacité de dialogue, de résistance et d'équilibre, aussi bien que le besoin impérieux de préservation de la pluralité linguistique et culturelle dans le respect de l'Autre. 

La participation de chercheurs renommés dans les domaines de la Littérature et de la Linguistique des deux pays est prévue pour ce colloque qui compte réunir les universités françaises de Nanterre-Paris X, Université de Lyon II, Université d'Aix-Marseille, Université de Paris VIII ; et, pour le Brésil, outre les quatre universités organisatrices de l'événement, l'Université PUC-São Paulo, Unicamp, USP, UNB et UFMG.

La présence d'écrivains et de traducteurs francophones et lusophones est également assurée grâce à la collaboration du Bureau du Livre à Rio de Janeiro. Le choix des dates pour ce colloque a d'ailleurs été orienté en fonction de la Biennale du Livre qui se tiendra à Rio de Janeiro le même mois et à laquelle la France est l'invitée d'honneur.

Axes thématiques proposés:

1- La francophonie et la lusophonie

La francophonie et la lusophonie sont deux concepts qui nous renvoient à deux ensembles politiques et linguistiques issus de la mondialisation. Il s'agirait dans cette rencontre de discuter de leur cohérence respective, de leur caractère commun et de leurs points de rencontre possibles.

Comme conséquence des nombreuses fonctions symboliques de la langue, le concept de francophonie est à l'heure actuelle remis en cause et place à l'ordre du jour le débat autour du Manifeste pour une Littérature-Monde en français (signé par 44 écrivains en mars 2006)  contre l'idée de francophonie (qui surgit à la faveur de la décolonisation, dans les années soixante, dans la bouche des politiciens du Tiers Monde). Dès lors, pourrait-on se demander : la francophonie, « dernier avatar du colonialisme », selon Tahar Ben Jelloun ? ou bien « moteur de décolonisation », selon Daniel Maximin ? Car, le français imposé en tant que langue universelle, durant l'histoire coloniale est relativisé par la différence des Autres qui l'utilisent, par adoption ou par imposition. En effet, on assiste à l'heure actuelle à un processus de déconstruction de la norme et de revalorisation des variantes et de leur rôle identitaire.

D'autre part, pour ce qui est de la lusophonie, l'idée d'un centre semble nettement moins tranchée. Il serait aussi à noter le refus de certains auteurs africains de langue portugaise d'accepter l'épithète de lusophones. Si l'importance du Brésil est indéniable sur les plans démographique, économique et politique, par exemple, pourrait-on affirmer que l'ex-colonie a renversé les rapports de domination réels et/ou symboliques ?  Les témoignages littéraires de la décolonisation portugaise sont-ils les mêmes partout ? Dans quelle mesure francophonie et lusophonie se joignent-elles dans le cadre d'un  projet plus large de résistance contre une mondialisation toujours croissante ?

2- Les regards croisés : du mythe à la désacralisation

Depuis les premiers contacts entre colonisateurs et colonisés, se met en jeu un processus de transposition culturelle. Il s'agirait donc de revisiter les images que la colonisation, la décolonisation et l'indépendance ont engendrées.  Les regards sur le rôle de la France vont du mythe à la satire parodique, du modèle d'émulation au XIXe siècle aux tendances fin de siècle ; pourrait-on parler de « rupture moderniste » pour le cas du Brésil? Il conviendrait donc de réfléchir sur les rapports luso-francophones à la lumière de l'intertextualité propre à la postmodernité ( parodie/ regards critiques/ regards croisés). Quels seraient les différents espaces de sociabilité discursive créés à partir de ces rapports ? Nous rappelons que si les études comparatistes sont pertinentes dans la dynamique de ce colloque, les analyses des problématiques spécifiques de chaque contexte s'avèrent aussi importantes dans la mesure où celles-ci posent les principes et les paramètres des relations établies internement dans chacun de ces ensembles discursifs.

3- L'étude de l'évolution des représentations réciproques sur les thématiques liées aux modes de vie / aux faits de société, reflétées dans leurs manifestations nouvelles (chanson, BD et autres), et à partir de la  perspective interculturelle.

Les cultures s'interpénètrent et, avec la mondialisation, le phénomène prend une envergure sans précédent. La diversité culturelle, d'une grande actualité, et qui a fait l'objet les dernières années de débats de politique internationale, est concrétisée par l'adoption de La Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (20/10/2005),  à Paris. En se gardant de donner une définition de ce qu'est la « culture », dans ce texte, on reconnaît plutôt les variétés d'expressions culturelles  (manifestations/création/diffusion/jouissance de cette culture), et on estime également qu'il faudrait créer des conditions permettant aux cultures de s'épanouir. On est donc passé de la notion d' « exception » culturelle  ( l'UNESCO : Déclaration universelle sur la diversité culturelle , de 2001)  à la notion de « diversité ».

Dans le cadre de la pluralité et de l'acceptation de la différence, d'une part, et d'une culture de plus en plus mondialisée, de l'autre, où pourrait bien s'inscrire la notion d'identité ? Il serait temps de revisiter les rapports que les Latino-américains, par exemple, entretiennent avec leurs propres « étrangers », ceux de l'intérieur, et non seulement ceux venus d'ailleurs.

Qu'en est-il de l'analyse des représentations et de la perspective interculturelle dans l'enseignement du FLE et du PLE, ainsi que de la didactique des langues et des cultures en général ?

4- Le rôle des représentations dans la traduction.

L´oeuvre traduite s´inscrit dans un contexte où viennent se joindre des déterminations diverses. De même que c´est la dynamique de la production, de la réception critique et de la circulation des oeuvres qui impose des choix, il revient également à la société réceptrice d´autoriser ce que doit écrire le traducteur. Néanmoins, les plages interlinguistiques – cet espace « entre » - deviennent le lieu de la création culturelle permettant d'exprimer le caractère inachevé et transitoire de toute identité. Ce « troisième espace » dont parle Homi Bhabha, se dresse dès lors comme un champ des possibles où les enjeux du pouvoir en place peuvent être ébranlés, frustrés, voire neutralisés. Par ailleurs, le potentiel de traductibilité – expression des différentes manières à travers lesquelles l´altérité se manifeste – crée une voie à double sens entre les cultures, étant donné que l´altérité n´est compréhensible que lorsque l´on prend sa propre culture comme point de repère. En plus, perçue comme une énonciation discursive, la traduction promeut nécessairement la désacralisation d´une oeuvre, dans la mesure où elle devient une forme privilégiée de critique – et il n´est pas rare que l´on trouve des essais critiques, des préfaces et notes explicatives qui bien souvent accompagnent la traduction d´un livre. Ces paratextes sont des mécanismes légitimateurs, certes, mais ils sont aussi les échos d´une interface culturelle et imaginaire commune qui, bien que sans existence autonome, produit « l´imprévisible » selon les mots d'Édouard Glissant.

Pour plus de renseignements, contactez, s.v.p., le comité organisateur :

Louis-Jean CALVET : louis-jean.calvet@wanadoo.fr (Université d'Aix-Marseille)

Françoise CHAMBEU : francoise.chambeu@maisondefrance.org.br (Consulat de France à Rio de Janeiro)

Maria Cristina BATALHA : cbatalh@gmail.com (Universidade do Estado do Rio de Janeiro – UERJ)

Telma PEREIRA : tcspereira@esp.puc-rio.br (Pontifícia Universidade Católica do Rio de Janeiro – PUC-Rio)