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Machiner la poésie. Sur les lectures appareillées / Plotting Poetry. On Mechanically Enhanced Reading

Machiner la poésie. Sur les lectures appareillées / Plotting Poetry. On Mechanically Enhanced Reading

Publié le par Marc Escola (Source : Anne-Sophie Bories)

Colloque International

"Machiner la poésie. Sur les lectures appareillées. / Plotting Poetry. On Mechanically Enhanced Reading"


Conférences plénières: Franco Moretti (Stanford Literary Lab), Valérie Beaudouin (Télécom ParisTech)

Langues du colloque: anglais et français

 

En 1917, commentant l’essor des nouveaux media, Apollinaire exhortait à « machiner la poésie comme on a machiné le monde ». Cent ans plus tard, la riche métaphore de ce slogan revêt une acuité croissante au regard du surgissement des nouvelles technologies dans les études littéraires. Quel rôle les machines ont-elles pris dans la lecture des textes ? Que nous apprennent-elles sur la mécanique poétique ? Quelles machinations et quelles machineries développons-nous et avec quels résultats ?

Nous produisons des appareillages informatiques ou statistiques de toute sorte pour décrire et analyser mètre, style et poéticité. Nous leur confions une partie de nos recherches pour gagner en vitesse et/ou en puissance, échapper aux limites physiques de ce que notre esprit peut traiter, envisager différemment les questions habituelles et en faire émerger de nouvelles que les lectures traditionnelles ne permettaient pas. Les analyses statistiques, l’exploration de corpus numérisés, les recensements divers, éclairent la littérature et fournissent à l’interprétation des preuves matérielles dont elle a longtemps dû se passer, mais posent à leur tour des défis herméneutiques.

Appliquer des procédés mécaniques à la lecture des textes, c’est poser la question du poétique. Réside-t-il dans la somme mesurable de procédés ingénieusement agencés, ou bien échappe-t-il aux tentatives de normalisation ? Les machines à lire, en permettant une vision à distance, mesurent des phénomènes que la lecture naturelle ne permet pas de détecter, et interrogent le rôle des traits invisibles ainsi décelés dans notre perception de lecteurs. Quel contrôle le créateur exerce-t-il sur eux ? Ce que Jacobson appelle la fonction poétique a pour élément central des traits linguistiques objectivables, mais son efficacité est-elle pour autant réductible à celle d’une machine dont on peut démonter rouages et ressorts ?

Enfin, la machine représente une certaine déshumanisation des processus dans lesquels elle nous remplace, et symétriquement, nous en adoptons volontiers une perception anthropomorphique. Son emploi interroge l’utilité et la légitimité de procéder à des lectures « non-humaines » pour interroger un matériau par nature « humain ». Le spécialiste de littérature, dont l’objet n’est pas un phénomène naturel, est-il soumis à l’obligation de preuve, ou peut-il se contenter d’intuitions ? Comment articuler « lectures » appareillées et autres plus traditionnelles de la poésie.

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