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Les Troubadours et l'Italie : XIIIe-XVIe siècles

Les Troubadours et l'Italie : XIIIe-XVIe siècles

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Marco Grimaldi)

On peut parler de deux Italies : l’Italie nord-occidentale qui participe directement à l’âge d’or du trobar, à partir du troisième quart du XIIe siècle, l’époque de Bernart de Ventadorn, d’Arnaut Daniel et de Bertran de Born, et la Vénétie, qui invente au XIIIe siècle, par la compilation de ses chansonniers, une idée patrimoniale de la poésie occitane.

Ces deux attitudes peuvent nous aider à comprendre l’importance du trobar à l’origine de la littérature italienne : il s’agit d’un modèle d’une grande valeur pour une poésie en langue vernaculaire italienne encore non regulata comme le dira Dante dans le De Vulgari eloquentia.

Cependant le modèle saura féconder une tradition poétique autochtone qui restera longtemps très sensible à la leçon des troubadours.

Les deux traditions, la tradition occitane, mûre, en avance sur toutes les autres, l’autre, la tradition italienne, encore à ses débuts, s’opposent avec vivacité dans le contrasto bilingue de Raimbaut de Vaqueiras « Domna tant vos ai prejada » (1185). Au XIIIe, la réception des chansonniers et des appareils critiques constitués par les vidas et les razós, côtoie, dans la pratique poétique, une volonté de dialogue incessant entre la tradition occitane et la tradition italienne.

La dialectique du trobar « avec » les maîtres occitans, en particulier avec Arnaut Daniel et Bertran de Born, se perpétue dans la poésie italienne de Dante et de Pétrarque mais selon des modalités différentes. Dante met sur le même plan ses auctoritates antiques et modernes et accorde une grande importance aux troubadours dans ses Rime, le De Vulgari eloquentia et la Commedia. Pétrarque bien que, souvent présenté comme le dernier troubadour, a déjà une sensibilité tout autre pour les moderne carte.