
Peut-on dissocier l'œuvre de l'auteur ?, c'est la question que (re)pose Gisèle Sapiro. Car la question resurgit avec force depuis quelques années : du Nobel attribué à Peter Handke aux César offerts à Roman Polanski, sans parler du prix Renaudot remis à Gabriel Matzneff, le débat fait rage. De même, le passé nazi de grands penseurs du XXe siècle, à commencer par Heidegger, trouble notre appréciation de leur legs, tandis que l’inscription d’un Céline ou d’un Maurras au livre des commémorations nationales a suscité une âpre querelle. Faut-il considérer que la morale des œuvres est inextricablement liée à celle de leurs auteurs ? Et bannir les œuvres lorsque leur auteur a fauté ? Loin de l’invective, ce court essai entend mettre en perspective, historique, philosophique et sociologique, cette question, en analysant les prises de position dans ces "affaires".
Paraît également dans quelques jours aux mêmes éditions du Seuil un autre essai de Gisèle Sapiro, qui formera diptyque : Des mots qui tuent. La responsabilité de l'intellectuel en temps de crise (1944-1945). "Il y a des mots aussi meurtriers qu’une chambre à gaz », écrit Simone de Beauvoir pour expliquer son refus de soutenir le recours en grâce de Brasillach, condamné à mort et exécuté en 1945. Peut-on tout dire ? Et à quel prix ?